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Les enjeux de l’opération Serval au Mali

L’art de la guerre français

Écrit par Ivo Paulovic, Epoch Times
14.02.2013
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  • Un officier français discute avec le chef d’état-major de l’armée de l’air nigérienne, le colonel Boulama Zana Issa, le 22 janvier dernier lors d’une visite à un camp d’entraînement à Ouallam au Niger. Huit pays ouest-africains – le Nigeria, le Togo, le Bénin, le Sénégal, le Niger, la Guinée, le Ghana et le Burkina Faso ainsi que le Tchad – ont annoncé leur contribution à une force africaine visant à aider le Mali à reprendre la partie nord contrôlée par les islamistes. (AFP PHOTO/Boureima Hama)

4.000 soldats français se sont engagés, il y a un mois, dans la guerre contre les islamistes radicaux au Mali. En quinze jours, plus de 10.000 tonnes de matériel de guerre ont été acheminées dans la région subsaharienne, soit plus qu’en un an de retrait de l’Afghanistan. Positionnée en libératrice, la France entend bien faire régner l’ordre dans l’une de ses anciennes colonies. Derrière sa stratégie de soutien aux troupes locales, se cache une volonté de maintenir ses intérêts économiques historiques et actuels dans la région de l’ancienne Afrique occidentale française. La France démontre encore une fois sa grandeur militaire, basée historiquement sur un empire diplomatique et militaire fort de plus de mille ans d’existence, et actuellement appuyée par un budget de la Défense au cinquième rang mondial.

Un art de la guerre millénaire ou un savoir-faire guerrier

Le territoire français a, depuis toujours, tenu une place dominante dans la géopolitique européenne et ceci, dès l’opposition courageuse de Vercingétorix face à l’empire romain, l’établissement d’un empire chrétien par Clovis et les extensions du territoire franc par Charlemagne et son armée d’hommes libres. C’est Louis XIV au XVIIe siècle qui marque un tournant dans l’art de la guerre en occident. Sur 72 ans de règne, 40 ont été consacrés à la guerre et les démarches militaires et diplomatiques du royaume le plus prospère de l’histoire de France ont établi le prestige du pays à travers le monde.

C’est à cette époque qu’apparaît la notion de «faire la guerre pour installer la paix». De nombreux traités ont été signés par imposition, selon la stratégie voulue par Louis XIV d’une «guerre qui ne tue pas». À peine cent ans plus tard, Napoléon Ier donne à la France sa taille maximale. Ses avancées militaires deviennent des cas d’écoles et son savoir-faire de stratège est reconnu mondialement. Durant la troisième guerre contre l’Allemagne qui est devenue la Seconde guerre mondiale, la France battant en retrait, préserve les valeurs universelles de son territoire à travers la résistance incarnée par le général De Gaulle. Celui-ci prononce alors dans un discours à Londres en 1941: «Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde», fruit de sa sensibilité à l’histoire de France. Aujourd’hui, la France se bat au Mali pour la préservation de la démocratie sur un territoire qui autrefois faisait partie de son empire.

L’armée de libération française

Le Sahara est une région traversée par de nombreuses routes des caravanes. À travers ces anciennes routes, transitent désormais la drogue, les armes et les otages par l’action des groupes combattants comme Mujao, Aqmi ou le plus puissant Ansar Eddine. Ces groupes sont armés de missiles anti-aériens, d’AK47, de lance-roquettes, d’une batterie anti-aérienne –, des armes en partie pillées dans les stocks du colonel Kadhafi en Lybie issus de la révolution libyenne. Imposer la loi islamique – ou charia – au Mali, ce qui à terme pourrait favoriser l’implantation du terrorisme dans la région, constitue une menace pour la France, justifiant une guerre engagée.

La stratégie a voulu que les soldats français se présentent toujours aux côtés de l’armée autochtone et laissent entrer les Maliens en libérateurs. D’un côté, cela assure les faveurs de la population, de l’autre, un maintien de l’ordre par l’armée locale, ce qui encourage fortement la stabilité du pays. Rendre à un pays sa démocratie est le premier but annoncé. Néanmoins, des facteurs plus nombreux entrent en jeu, la France se battant historiquement pour tous les opprimés. Faut-il encore qu’elle en ait les moyens?

Qui défend les intérêts de la France?

La région du Sahel nigérien est riche en minerai d’uranium. Une dizaine de réservistes des forces spéciales françaises protègent désormais les sites d’extraction d’uranium du groupe français Areva. Le président du Niger Mahamadou Issoufou a déclaré sur TV5 Monde: «Nous avons décidé, surtout au regard de ce qui s’est passé en Algérie, avec l’attaque du site gazier d’In Amenas, de ne pas prendre de risques et de renforcer la protection des sites miniers».

Les autres pays limitrophes coopèrent activement avec les industriels de l’Hexagone, quelques sociétés françaises comme Vinci et Bouygues y sont présentes. Le groupe Total est implanté en Mauritanie voisine depuis 2005 pour l’extraction du pétrole, et l’Algérie loue ses exploitations aux grands groupes énergétiques français, notamment, pour l’exploitation du gaz.

Une guerre prolongée ne pourra être soutenue économiquement sans répercussions. La France a investi 2,3% de son PIB dans la défense en 2011 mais un conflit soutenu revient à 2,7 millions d’euros par jour. Les pays locaux devraient devenir capables à terme de maintenir eux-mêmes leur stabilité, ce qui renforcera leur image sur le plan international. Le président Hollande a d’ailleurs annoncé au Conseil des ministres la diminution de l’effectif des soldats français à compter de mars prochain.

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