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La plus belle baie du monde regagne ses atours d’antan

Écrit par Héloïse Roc, Epoch Times
17.03.2013
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Le Mont-Saint-Michel se dresse dans une baie aux paysages et aux écosystèmes remarquables. Ce site, d’une rare beauté, est consacré par une double inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco (1979). Sa dimension exceptionnelle a fondé sa renommée internationale. Originellement, sa prouesse architecturale unique, voulue par des fondateurs qui la voulaient éternelle, était en harmonie avec la baie. Mais avec le temps, la baie a dérivé, elle s’est dégradée.

Malheureusement, ce chef-d’œuvre de l’humanité se trouvait de plus en plus menacé et devait impérativement être préservé pour les générations futures. C’est ainsi que l’Europe, l’État et les collectivités normandes et bretonnes ont décidé d’agir ensemble. Car, au fil des siècles et des interventions humaines, la sédimentation s’était accentuée autour du Mont et, petit à petit, la mer reculait, laissant terres et prés salés progresser. Si les hommes d’hier ont contribué à accélérer le phénomène d’ensablement naturel, ceux d’aujourd’hui ont décidé d’utiliser la puissance naturelle de la marée pour y remédier. C’est ainsi que le rétablissement du caractère maritime du Mont-Saint-Michel a été initié en 1995. Des études de terrain ont d'abord été effectuées et les premiers travaux ont débuté en 2005. Ils prévoient de s’achever en 2015.

Plusieurs études hydro-sédimentaires

Le projet a nécessité la réalisation de plusieurs études, notamment hydro-sédimentaires, entre 1995 et 1999. Les initiateurs de l’étude disent que «afin de lutter contre l'ensablement de la baie, il faut supprimer les aménagements ayant provoqué les effets indésirables». Ainsi, en conjuguant les forces de la mer et du fleuve Couesnon, les sédiments seront chassés des abords du Mont-Saint-Michel qui, peu à peu, retrouvera un large rivage. Avant de commencer les travaux, des essais ont été réalisés en laboratoire par une entreprise d'ingénierie.

L’entreprise d'ingénierie a travaillé sur des modèles numériques et physiques de la baie, initiant le fleuve Couesnon et le barrage, à partir d’une maquette géante de 900 m2, simulant la sédimentation des fonds. À taille réduite, des essais de référence ont été réalisés sur 45 cycles annuels. Ces essais ont pu déterminer le futur de la baie dans l'état actuel. L’entreprise a déterminé qu’aux environs de 2042, les herbus occuperaient 50 hectares de plus qu'en 1997 et que le site perdrait irrémédiablement son environnement maritime. C’est ainsi que les ingénieurs ont accompli d'autres essais, invoquant des solutions d’avenir, celles élaborées et développées dans l’actuelle réalisation.

Avec le nouveau projet, les marais et les prés salés redeviendront 50 hectares de mer qui reprendra peu à peu leurs droits. Le Couesnon s'ouvre désormais sur un large estuaire et le Mont retrouve son paysage maritime d'antan qu’il devrait conserver longtemps. De plus, les aménagements réalisés n'auront pas d'effet négatif sur les activités traditionnelles exercées aux alentours de la baie, comme la conchyliculture ou la pêche à pied qui ne seront pas affectées. Quant aux nombreux randonneurs, ils pourront toujours continuer à traverser les grèves en appréciant la beauté des lieux.

La simplicité avant tout

Un nouveau barrage a été construit sur le Couesnon. Ce barrage, appelé la Caserne, a été réalisé pour balayer les sédiments entassés dans la baie et contrôler leur entassement. Cet ouvrage, qui s’est voulu fonctionnel et esthétique, générera des chasses désensablant progressivement les abords du Mont. Discret et élégant, le barrage comporte huit vannes secteurs de forme circulaire travaillant dans les deux sens. Elles facilitent les opérations de remplissage et de chasse. Chacune d'entre elles est actionnée par deux vérins hydrauliques qui limitent l'entrée des sédiments. Le remplissage du canal du Couesnon par la marée s'effectuera par le dessus du barrage. Quant à la chasse, elle se produira par une ouverture progressive des vannes et s’effectuera par le dessous du barrage.

Luc Weizman, l'architecte du barrage, a préféré écarter toute solution faisant appel à des techniques sophistiquées, non expérimentées. La solution développée par Luc Weizman faisait appel à des éléments et des techniques simples reconnus et maîtrisés. Et, l’originalité du barrage vient du fait que les vannes de ce chef-d’œuvre peuvent fonctionner dans les deux sens grâce à leur forme circulaire.

Des résultats probants

Une commission scientifique, internationale et indépendante, a suivi les effets hydro-sédimentaires des chasses et vérifié les résultats obtenus. Les résultats sont satisfaisants. Cependant, au-delà de sa fonction hydraulique performante, le barrage se fond dans le paysage et s’harmonise avec le Mont. Il est donc une étape importante du parcours d’approche du Mont-Saint-Michel. C’est un ouvrage d’art au traitement architectural soigné qui sera aussi un lieu d’accueil du public. Il offre au visiteur le temps de la découverte avant de rejoindre le village et l’abbaye.

  • Au premier plan, le barrage hydraulique construit en 2009. Il utilise les eaux du Couesnon et des marées et contribue à diminuer la vase accumulée, déposée par les marées montantes. (Kenzo Tribouillard/AFP/Getty Image)

Une passerelle, d'une longueur de 756 mètres, d'une largeur de 10,9 à 17,2 mètres, répartie entre la chaussée et le cheminement piéton, est en cours de réalisation. Elle mobilise 2.000 tonnes de charpente métallique et est édifiée sur des poteaux en acier qui remplacent les appuis en béton des ponts classiques. Cette passerelle tient lieu d'ancienne digue qui contrariait les divagations du Couesnon et favorisait le dépôt des sédiments apportés par les marées. Le barrage est actuellement en action et François-Xavier de Beaulaincourt, directeur général du syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel a expliqué à l'AFP: «La nuit, les habitants du Mont entendent parfois le bruit des prés salés qui s'effondrent petit à petit, sapés à leur base par le travail de l'eau». «Nous souhaitons que le Couesnon entoure le Mont de ses deux bras et divague dans la baie de chaque côté du Rocher, comme il le faisait avant que la digue ne soit construite à la fin du XIXe siècle. Ainsi, les espaces aujourd’hui occupés par le stationnement et la digue-route seront restitués au milieu naturel. La qualité paysagère du site sera retrouvée», a-t-il ajouté.

En aval, des pelleteuses commencent à extraire de nombreux mètres cubes de sédiments du Couesnon et d'herbus qui le bordent, pour accélérer le travail des eaux. D’après les techniciens ces aménagements ne trouveront leur aboutissement que vers la mi-2014.

Le retour à l’histoire entre l'abbaye et le continent

L'ouvrage en métal, un matériau qui allie solidité et malléabilité, sera, tel un trait d'union, aussi fin que possible entre l'abbaye et le continent. Le Mont-Saint-Michel est un îlot granitique d’environ 900 mètres de périmètre et 80 mètres de hauteur, entouré de la baie. Son abbaye millénaire est entrée dans l'histoire au Ve siècle de notre ère, suite à l'installation de quelques ermites sur l’île. Ces ermites créèrent deux sanctuaires et établirent la première implantation chrétienne permanente. Ainsi, des constructions exceptionnelles vont se succéder, constituant un ensemble architectural splendide et harmonieux. Le Mont-Saint-Michel fait partie de l'histoire de France, sa construction a suivi les mouvances politiques. Il fut tour à tour centre culturel et spirituel du christianisme, lieu de pèlerinage, citadelle et prison.

L’histoire débutait en 709 lorsque l'archange Saint-Michel, apparaissant à l'évêque Aubert, lui ordonna de construire un sanctuaire sur le mont Tombe, îlot rocheux au milieu d'une baie immense battue par les plus grandes marées du monde. Ainsi, en référence à ce passé prestigieux et à son architecture remarquable, l'Unesco classa en 1972 le Mont-Saint-Michel en qualité de chef-d’œuvre du patrimoine naturel et culturel de l'humanité.

Si le passé historique et culturel de l’île du Mont-St-Michel, son abbaye bénédictine de style gothique dédiée à l'archange Saint Michel, et le village né à l'abri de ses murailles ont été classés par l’Unesco, la baie aussi, par son caractère merveilleux et ses marées spectaculaires, fut également classée au patrimoine mondial et naturel de l'humanité. C’est là une double inscription au patrimoine mondial. De plus, par la convention de Ramsar, le site est classé dans la catégorie des zones humides d’importance internationale. Il est inscrit au réseau Natura 2000, qui est attribué aux sites naturels ou semi-naturels de l'Union européenne. Ces sites doivent être d’une grande richesse, par la faune et la flore exceptionnelle qu'ils possèdent. La zone du Mont abrite une grande variété d'oiseaux, de dauphins, de phoques ou veaux marins.

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