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Comment les abeilles survivent-elles à l’hiver québécois?

Écrit par Nathalie Dieul, Epoch Times
20.03.2013
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  • Au Québec, les abeilles ont été importées par les colons. Elles ne peuvent pas survivre à l’hiver sans l’aide de l’homme. (Nathalie Dieul/Époque Times)

Depuis quelques années, l’apiculture urbaine est à la mode dans les grandes villes du monde. Il y a six ans, Montréal a emboité le pas à des villes telles que Paris, Londres ou New York. Cependant, ici, une difficulté de taille s’ajoute à la survie des abeilles : l’hiver. En effet, l’abeille domestique telle que nous la connaissons n’est pas originaire d’Amérique du Nord, elle a besoin de l’aide et de l’expérience d’un apiculteur pour survivre jusqu’au printemps.

«Il fait tellement froid que, toutes seules, elles ne peuvent pas vivre. Il faut vraiment un apiculteur pour les protéger», explique Lena Guézennec, apicultrice urbaine membre de Miel Montréal. La température est un facteur important, mais aussi la durée de l’hiver qui fait que, si l’homme n’intervient pas, toutes les abeilles disparaîtraient : «à Montréal et au Québec, une ruche toute seule, sans être hivernée et préparée minimalement, mourrait parce que les températures sont trop longtemps en dessous de 0».

Le nourrissage

Pour préparer une ruche à passer l’hiver, il faut tout d’abord leur donner suffisamment de nourriture pour que les abeilles survivent pendant les mois où elles ne sortiront pas. En effet, les abeilles n’hibernent pas comme les ours : elles doivent bouger tout le temps pour garder une température suffisamment chaude de manière à assurer la survie de la reine et d’une partie de la colonie. Pour cela, il leur faut, bien sûr, se nourrir à l’intérieur même de la ruche.

Plusieurs théories existent sur ce qu’il faut donner aux abeilles : du miel ou bien du sucre ? Au Québec, en effet, à cause de l’hiver, «c’est autorisé, même en gestion de ruchers bio, de les nourrir au sucre. C’est une dérogation que le Québec a, du fait des conditions intenses», mentionne l’apicultrice. «Le miel est trop riche, surtout le miel d’automne. Il y a beaucoup trop de minéraux dedans, ce qui leur créerait des dysenteries, des troubles digestifs.»

Il vaut donc mieux soit leur donner du sucre le plus raffiné possible, soit leur donner du miel de printemps, «qui est beaucoup plus clair, moins riche». Cette question du nourrissage est très importante, parce que les abeilles restent enfermées pendant une période d’au moins trois mois, pendant laquelle elles ne sortent pas faire leurs besoins.

«Si elles commencent à faire leurs excréments dans la ruche, ça peut être catastrophique parce que ça peut entrainer une maladie qui s’appelle la nosémose, qui est comme une bactérie qui va infester la ruche», précise Mme Guézennec. Les abeilles ont donc «une petite poche de propreté» qu’elles vont vider lors du premier vol du printemps.

Préparer une ruche pour l’hiver nécessite tout un processus. Dès le mois d’août, il faut vérifier la présence d’un parasite, qu’il faudra traiter à la fin août. Vers la même époque, début septembre au plus tard, il faut commencer le nourrissage. Les derniers traitements sont terminés entre la fin septembre et la mi-octobre.

L’emballage   

L’autre étape primordiale est l’emballage de la ruche, ou de plusieurs ruches en même temps, ce qui est encore plus efficace contre le froid. Il faut s’en occuper entre la mi-octobre et le début novembre au plus tard : «Souvent, à Montréal, c’est un peu plus tard qu’en région, parce qu’il y a quelques degrés de plus.»

Là encore, plusieurs techniques peuvent être utilisées. Celles que Lena Guézennec et les autres apiculteurs du CRAPAUD (Collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable) utilisent pour les ruches installées sur le toit du pavillon du design de l’UQAM nécessitent du thermofoil, de la paille et du feutre. «On enlève les couvercles et on met de la paille. La paille permet d’absorber le trop-plein d’humidité. Pour que la paille ne soit pas directement en contact avec les cadres, on met un tissu de feutre qui va aussi permettre un premier filtre de rétention de l’humidité.»

Il faut laisser deux ouvertures pour assurer une circulation d’air qui est vraiment importante à la survie des insectes : un trou en haut et l’autre dans le bas de la ruche. D’après l’apicultrice, «ce n’est pas tant le froid qui est dangereux pour les abeilles que l’humidité. Parce que, comme pour les humains, faire chauffer une maison humide, c’est bien plus d’énergie que de faire chauffer une maison sèche. Mieux vaut qu’il fasse un peu plus froid et que ce soit sec, que ce soit vraiment humide».

Les abeilles pourraient sortir, mais elles ne sortent pas. Par contre, «on va voir des abeilles parfois qui savent qu’elles vont mourir. Au lieu de prendre de l’espace dans la ruche, elles vont juste se mettre à l’entrée», continue la spécialiste.

«Les dernières abeilles qui naissent à l’automne, ce sont celles qui vont faire tout le cycle hivernal et qui vont être là jusqu’à la relève. En général, en été, ça vit un mois et demi, en sachant qu’il y a tous les dangers de la vie d’abeille. En hiver, la reine arrête de pondre. Celles qui sont nées autour de septembre, octobre vont vivre jusqu’en mars, avril.» Les abeilles qui font l’hivernage ne sortent jamais de la ruche de toute leur vie. Cela contraste bien avec l’image que l’on se fait d’une vie d’abeille qui butine de fleur en fleur!

  • En novembre 2012, des apicultrices préparaient les ruches pour l’hiver sur le toit du pavillon du design de l’UQAM : elles ont commencé par mettre une couche de feutre sur laquelle elles ont posé la paille avant d’envelopper le tout de thermofoil. (Nathalie Dieul/Époque Times)


Activités hivernales

Ces insectes fonctionnent au ralenti l’hiver. Ils se tiennent en grappe, ne faisant que manger et réchauffer la reine pour assurer la sauvegarde de la ruche. Mais comment s’assurer que la température soit assez chaude à l’intérieur de la ruche pour que la reine ne soit pas en danger? Comme tout insecte, le sang des abeilles n’est pas chaud, alors il leur faut bouger constamment leur abdomen et leurs ailes, tout en faisant une rotation très lente pour pouvoir se réchauffer au cœur de la grappe. Grâce à cette activité seulement, les abeilles arrivent à maintenir une température allant de 0 à 20 degrés Celsius à l’intérieur de la ruche pendant l’hiver.

L’apiculture à Montréal

Le nombre d’abeilles par ruche dépend des saisons : jusqu’à 70 000 abeilles au tout début de l’été, aux alentours de 30 000 à d’autres périodes et moins de 30 000 pendant l’hiver. Sur toute l’île de Montréal, il y a environ 160 ruches, y compris celles qui se trouvent complétement à l’ouest de l’île, en milieu rural. Il n’y en a pas plus de 25 dans le centre-ville. Pour le moment, il y a bien assez de pollen pour toutes ces abeilles. Par exemple, si l’on compare avec une ville comme Paris, ici il y a bien moins de ruches par kilomètre d’espaces verts.

Dangers?

Y a-t-il des dangers à avoir des abeilles dans la ville? Bien évidemment, il n’y en a aucun pendant l’hiver! Blague à part, Lena Guézennec compare les dangers liés aux abeilles avec ceux d’avoir un chien. «Un chien, ça mord. On l’oublie, mais un chien ça mord. Les abeilles, c’est sûr que ça pique. Toutefois, une abeille n’attaque pas comme une guêpe.» Les guêpes sont attirées par exemple par un jus sucré, alors que les abeilles ne veulent que butiner. Elles trouvent un gros espace de fleurs et vont y manger jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, pendant que des éclaireuses cherchent d’autres fleurs, et elles restent concentrées sur leur travail.

Bien sûr, une législation a été mise en place pour encadrer l’apiculture urbaine. Il faut porter des protections pour pouvoir s’approcher des ruches. Celles-ci ne peuvent pas être placées directement sur la rue, «et si elles étaient sur la rue, il faudrait protéger d’une haie de huit pieds de haut au moins pour forcer les abeilles à monter en hauteur et ne pas aller droit sur les gens».

En plus de respecter cette législation, il faut aussi un minimum de bon sens, et ne pas les déranger. Si on ouvre une ruche, elles vont piquer à cause de leur instinct de défense. Si une abeille s’approche de nous, il ne faut pas paniquer, il faut rester calme. Elles peuvent être curieuses, mais il faut se rappeler qu’elles n’attaquent pas sans raison.

Pour en savoir davantage : www.mielmontreal.com

 

 

 

 

 

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