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Les cochons morts de Shanghai fabriqués par le système

Écrit par Heng He, Epoch Times
26.03.2013
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  • Cette photo prise le 14 Mars 2013 montre un cochon mort à Jiaxing dans la province orientale de Zhejiang en Chine. Jusqu'à maintenant ce sont 13 000 porcs morts qui ont flotté le long de la rivière Huangpu de Jiaxing à Shanghai, attirant l’attention sur des problèmes systémiques dans la production alimentaire en Chine et le régime chinois lui-même. (Peter Parks/AFP/Getty Images)

Les deux grandes foires annuelles de propagande du Parti Communiste Chinois – le Congrès National du Peuple et la Conférence Consultative Politique du Peuple Chinois – se sont vues accorder encore plus de battage médiatique cette année, attendu que la succession décennale des gouvernants devait y être achevée. Mais au moment où l’attention nationale se devait d’être fermement fixée sur les deux rassemblements de Pékin, elle s’est égarée du côté de la Rivière Huangpu à Shanghai, sur laquelle on a vu flotter environ 13.000 cochons morts au cours des dernières semaines.

Ces cochons morts n’étaient pas plus tôt apparus dans les eaux de la principale voie d’eau de Shanghai que les fonctionnaires locaux de Jiaxing City dans la Province de Zhejiang – la source des cochons morts juste au nord de Shanghai – avaient des explications toutes prêtes.

Aucune maladie infectieuse n’avait été détectée. Le taux normal de mortalité porcine rendrait compte du nombre de porcs morts aperçus flottant sur la rivière. Le long épisode de fraîcheur qui avait précédé avait causé un taux de mortalité plus élevé que la normale du circovirus porcin.

On doit prendre de telles explications – qui dans tous les cas se contredisent – avec quelques précautions.

Le régime chinois est renommé pour ne pas dire la vérité en matière de maladies épidémiques. Les gens se rappellent encore que lorsque le SRAS était en train de se répandre, Zhang Wenkang, alors ministre de la Santé Publique de Chine, assurait le monde qu’il était sans danger de voyager et travailler en Chine.

S’il s’agissait du taux normal de mortalité, pourquoi alors des milliers de porcs sont-ils soudain apparus dans la rivière tous en même temps, ce qui ne s’était jamais vu auparavant?

En ce qui concerne le temps froid, il y a toujours des fronts froids au printemps. Si le froid en était la cause, il y aurait des disparitions de cochons à chaque printemps.

Qui plus est, les gens sont persuadés que le Parti aurait bien des raisons de cacher quelque chose au public.

Les porcs morts apparurent pendant les deux réunions de Pékin. Il y a dix ans, le SRAS se répandait à toute allure en mars, mais fut couvert – c’était également l’époque des deux rassemblements et d’une transition du pouvoir  politique.

En 2008, l’Etat couvrit le scandale du lait contaminé à la mélamine de façon à assurer le déroulement sans heurt des Jeux Olympiques. Des millions d’enfants en bas âge burent du lait contaminé à la mélamine pendant six mois de plus afin de protéger l’image du régime.

Les théories des cybercitoyens

Les cybercitoyens ont échangé sur des théories autres qu’officielles, de même que certains organes de presse locaux.

Certains reporters se sont rendus dans les villages pour parler aux éleveurs de porcs. Les villageois ont précisé aux reporters que beaucoup de cochons étaient morts de la «peste». Dans la mesure où «peste» est un terme général pour désigner les maladies contagieuses, non un véritable diagnostic, il est difficile de dire ce qui s’est vraiment passé sans résultats de tests de laboratoire: ce que les autorités contrôlent de près. La théorie d’une «peste» s’accorde bien avec un grand nombre de cochons mourant sur une courte période.

Certains cybercitoyens qui semblent s’y connaître dans le commerce du cochon ont suggéré une autre hypothèse selon laquelle les efforts du régime à faire le ménage ont eu pour conséquences des cochons morts dans la rivière.

La première partie de l’histoire est connue depuis des années et a récemment fait l’objet d’un compte-rendu par le magazine financier Caixin. Pour faire grandir plus vite les cochons, on fait lourdement usage d’antibiotiques, à des doses plus élevées et à une fréquence plus rapide que les autorités sanitaires ne l’autorisent. Selon Caixin, une enquête a révélé que treize types différents d’antibiotiques étaient utilisés dans deux des fermes porcines examinées.

Les antibiotiques couvrent l’ensemble des familles d’antibiotiques à l’exception de la Vancomycine. Le résultat direct est que les souches de bactéries résistantes aux antibiotiques ont augmenté. Paradoxalement, l’overdose d’antibiotiques a rendu les porcs plus vulnérables aux infections bactériennes.

Alors, comment les cochons ont-ils réussi à passer l’inspection? Et bien, un dessous-de-table de quelques yuans chinois par cochon pouvait aisément vous obtenir le certificat nécessaire, d’après le rapport de Caixin.

Un autre problème connu est l’empoisonnement aux métaux lourds. Le cuivre et le zinc sont habituellement ajoutés à la nourriture des cochons. En-dehors de la question de fond poser par le surdosage chez les cochons, il y a un autre problème. Afin de réduire les coûts, on utilise des déchets industriels comme additifs métalliques. Ceux-ci ne contiennent pas seulement du cuivre et du zinc, mais sont mélangés à différents métaux lourds qui eux sont toxiques, tel que le cadmium.

On ajoute de l’arsenic, un poison, à la ration pour améliorer l’apparence des porcs quand ils sont mis sur le marché. Un cochon légèrement empoisonné à l’arsenic a la peau plus lisse, une chair plus rouge et on peut de ce fait en obtenir un bon prix.

D’après les cybercitoyens, les cochons surdosés en antibiotiques et souffrant d’empoisonnement aux métaux lourds et à l’arsenic sont en mauvaise santé et leur espérance de vie ne peut être longue. Par le passé, cela n’avait pas d’importance puisque les cochons étaient vendus avant d’avoir commencé à montrer des symptômes. Ou s’ils mouraient, le cochon mort était quand même vendu et finissait sur la table de quelqu’un.

Cependant, au début de cette année, les nouveaux dirigeants ont lancé une campagne anti-corruption. En conséquence, la consommation de porc par les membres du Parti et de l’État  a subitement diminuée, et les cochons se sont trouvés difficiles à vendre. Ils dépassaient ainsi leur «date limite de vente», tombaient malades, et mouraient. Selon la théorie des cybercitoyens, c’est la raison pour laquelle il y a subitement eu autant de cochons morts.

Et toujours d’après les cybercitoyens, une autre tentative de faire du ménage a fait en sorte que les cochons morts se retrouvent jetés, sans autre cérémonie, dans la rivière. L’année dernière, les autorités de Zhejiang ont initié une campagne très dure sur le négoce de cochons malades et morts, avec des sentences allant jusqu'à la prison à vie. Le 14 mars, 46 personnes ont été jugées pour avoir traité et vendu des cochons malades et morts,  il y avait déjà eu d’autres procès de la sorte l’année dernière. Déverser les animaux morts dans la rivière paraissait aux éleveurs la manière la plus pratique et la moins coûteuse de se débarrasser de ces cochons.

Rien ne va

Il n’y a aucune preuve qui vient étayer la théorie des cybercitoyens, mais il n’y en a pas non plus pour les explications officielles. Sans transparence, toute rumeur est possible.

Il n’existe pas de liberté de la presse en Chine. Tout «semeur de troubles» se retrouverait dans de sales draps et soit perdrait son travail, soit serait mis en prison si il ou elle venait à creuser suffisamment profond pour mettre mal à l’aise certains cadres officiels ou groupes d’intérêts.

Tan Zuoren est encore en prison pour avoir cherché à découvrir qui était responsable de l’affaissement des écoles pendant le tremblement de terre de Sichuan. Zhao Lianhai fut condamné à deux ans et demi de prison pour avoir parlé au nom des victimes du lait contaminé à la mélamine. En l’absence de dénonciation et de pression des média et du public, le régime ne prendra jamais d’action en vue de protéger le public.

En fait, la Chine a tout autant de lois de protection de l’environnement et de sécurité alimentaire qu’un autre pays. Toutefois, comme la loi en Chine n’est utilisée que pour renforcer les gouvernants du Parti, ces lois environnementales et pour la sécurité alimentaire n’ont jamais été observées et ne le seront pas plus dans l’avenir.

Nous ne savons toujours pas ce qui est allé de travers cette fois, mais nous savons que dans le commerce porcin comme dans la plupart des affaires en Chine, rien ne va droit.

L’argent sale évinçant l’argent sain est une vérité absolue dans la Chine d’aujourd’hui. Le régime et les lois ne protègent pas ceux qui font des affaires honnêtement. Le résultat est qu’en Chine, aucun aliment n’est sûr.

J’ai rencontré un jour une pratiquante de Falun Gong qui m’a raconté une histoire vraie. Lorsqu’elle était détenue au tristement célèbre camp de travail forcé de Masanjia, elle faisait partie d’une équipe spéciale avec cinquante autres pratiquants de Falun Gong, qui tous avaient refusé de renoncer à leurs croyances.

Un jour, ils se virent assigner la tâche de fabriquer des enveloppes à saucisses. La zone opératoire du camp de travail était très sale, toutefois, et n’aurait jamais dû être utilisée pour une préparation alimentaire.

La totalité des pratiquants Falun Gong de cette équipe refusèrent de travailler, au nom de la santé des consommateurs. Chaque jour, le garde traînait dehors plusieurs pratiquants les torturait pour les forcer à accomplir ce travail. Après plusieurs jours, même après avoir été torturés chacun à son tour, ils refusaient toujours de travailler sur les saucisses. En fin de compte, les gardes abandonnèrent et leur donnèrent un autre travail.

En Chine, ceux qui veulent suivre leur conscience et ne pas nuire aux autres se trouvent confrontés non seulement à une concurrence déloyale de la part de leurs concurrents commerciaux, mais aussi à une persécution de la part du régime, pour ne pas avoir mal agi. La détérioration des critères moraux de la société n’est pas seulement due à la cupidité. Bien plus important est qu’elle fait partie intégrante des desseins du régime. C’est une situation qui ne s’est jamais produite auparavant dans l’histoire.

Etant donné que les autorités ont nié la possibilité d’une peste porcine ou de toute autre maladie infectieuse, les seules mesures qu’elles ont prises ont été de disposer des cochons morts proprement et d’essayer de prévenir leur déchargement dans la rivière à l’avenir.

Etant donné que les autorités de Shanghai ont annoncé que l’eau potable extraite de la rivière Huangpu satisfait à tous les critères, stopper le déversement des cochons dans la rivière ne résout aucun réel problème. En fait, en blâmant les éleveurs qui auraient soi-disant jeté les porcs à la rivière et en blâmant le froid, les autorités ont clairement fait comprendre qu’il n’y avait pas du tout de problème.

La ville de Shanghai est un symbole particulier pour le Parti Communiste Chinois. Le Premier Rassemblement National, qui marqua l’établissement du PCC, a été organisé à Shanghai en 1921 puis transféré à Jiaxing, où il se paracheva.

Quatre-vingt douze ans plus tard, au cours de la transition du pouvoir cette année, l’un des plus importants événements pour le PCC, 13.000 cochons morts de Jiaxing ont envahi Shanghai. Cela ne pouvait pas être une simple coïncidence.

Version en anglais: Shanghai’s Dead Pigs Built Into the System

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