Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Art Paris Art Fair 2013

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
28.03.2013
| A-/A+
  • (Art Paris Art Fair 2012)

Art Paris Art Fair 2013, le salon d’art moderne et contemporain, ouvre ses portes au Grand Palais entre le 28 mars et le 1er avril. La réponse printanière à la FIAC se veut plutôt compalémentaire, exposant des scènes moins connues. 

Cette année, la foire lance de nouveaux secteurs: Promesse – découverte de jeunes galeristes ainsi que la plateforme Art design consacrée au lien entre l’art et le design, et un nouvel espace pour le livre d’art et les livres d’artistes. La foire Art Paris Art Fair, tournée vers l’Est cette année, accueille 140 galeries de 21 nationalités différentes, parmi lesquelles se trouvent pour la première fois des pays tels que l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis. De même, pour la première fois, un pays a été choisi comme invité d’honneur, la Russie. Une telle démarche contribuera-t-elle à libérer la création artistique sous le régime actuel de Poutine ou au contraire amènera-t-elle les artistes à fuir leur patrie? Le temps le dira.

Le salon présente 90 artistes et dix galeries russes d’Ekaterinbourg, Moscou, Saint-Pétersbourg, Rostov-sur-le-Don et Vladivostok. Seront présents la diaspora des années 1920-1930 comme Boris Grigoriev ou Aleksandre Yakovlev, les non-conformistes, opposés à la culture au pouvoir de l’URSS entre 1960 et 1991 (Vladimir Andreenkov, Rogensky, Leonid Sokov, Erik Bulatov, Igor Makarevich, ...), ainsi que les artistes ascendants comme Oleg Kulik, Vladimir Mamyshev Monroe dont l’autoportrait remplaçait celui de Poutine pendant les manifestations, ou Alexeï Kallima qui peint des fresques de la Russie actuelle et de sa violence déchirante, connu pour son projet Les Ténèbres sont plus longues que la nuit (2010) ou encore le groupe PG Group formé de trois artistes, Ilya Falkovsky, Alexis Katalkin et Boris Spiridonov, qui cherchent à véhiculer un message de paix.

Quoi de plus naturel donc, que de remonter aux précurseurs de l’art moderne, l’avant-garde russe du XXe siècle qui était inspiré par l’art européen et l’a guidé à son tour, réprimé en Russie par la machine de propagande stalinienne.

Cette démarche pourrait fournir des outils à nos lecteurs qui doivent se trouver parfois devant une telle œuvre souvent hermétique en se disant «Ben oui... mais moi aussi je peux le faire».

On pourrait dire que l’art occidental a atteint sa perfection avec les grands maîtres de la Renaissance tels Léonard De Vinci, Michel Ange, Raphael. La morale est certainement liée à cette perfection caractérisant une ère qui a repris les valeurs de l’antiquité et prônait «le beau, le bien et le bon», tel que Socrate l’avait enseigné. Mais l’instinct créateur cherche toujours à évoluer et à aller plus loin, parfois pour le mieux, mais parfois aussi pour le pire. L’apparition de la photographie ainsi que les nouvelles théories scientifiques, sociologiques ou psychologiques ont sûrement influencé l’évolution de l’art.

La mise en avant de l’art sacré trouvé dans les temples lointains, composé de spirales, mandalas, cercles concentriques et autres formes géométriques colorées, dans les grottes (triangles carrés), le regard sur des écritures anciennes comme la calligraphie chinoise, puisée dans certaines images (comme par exemple le mot Ren qui signifie «endurance» présentait à la base un couteau planté dans un cœur), ainsi que des théories ésotériques comme l’anthroposophie et la théosophie, ont marqué l’art occidental.

La Russie, au début du XXe siècle, était très ouverte sur l’Europe et ses tendances. Les artistes se rapprochaient du symbolisme, Art nouveau ou fauvisme et révolutionnaient l’art à leur tour. Parmi les nombreux artistes, nous comptons Alexander Archipenko, Kazimir Malevitch, Wassily Kandinsky et Marc Chagall que nous pouvons voir actuellement dans l’exposition Marc Chagall entre deux guerres, au musée du Luxembourg à Paris. Certains de ces artistes ont fondé les bases de l’art abstrait dans leur recherche de l’épuration et du spirituel. Kandinsky est souvent considéré comme l’auteur de la première œuvre abstraite présentée en 1910, ou au moins l’un des fondateurs de l’abstraction.

 

Nous présenterons ici la démarche de cet artiste qui cherche plutôt l’épuré lié au bien qui se met en contraste avec la provocation de certains courants artistiques actuels.

  • (Art Paris Art Fair 2012)

Kandinsky, qui cherchait le spirituel dans l’art, imaginait dans ce contexte effervescent du début du XXe siècle, un art qui ne connaîtrait «ni peuple, ni frontière, mais la seule humanité», un art qui abolit les différences entre les tissages folkloriques russes, les arts d’Afrique, le réalisme et les œuvres de l’avant-garde russe, tous nourris par l’essence de la création se trouvant à l’intérieur de l’homme. C’est dans cette éthique qu’il fondera le groupe Le Cavalier bleu, entre 1911 et 1914.

L’art abstrait est appelé également art non-figuratif, non objectif, car il n’a pas d’encrage dans le monde réel et ne se réfère à aucun objet. Pour cette raison, il ne faudrait pas confondre l’art abstrait avec les peintures de Picasso, car même les plus éloignées ont encore un rapport au monde concret.

Kandinsky tournait le regard vers l’intérieur. «Lorsque la religion, la science et la morale sont ébranlées et lorsque leurs appuis extérieurs menacent de s’écrouler, l’homme détourne ses regards des contingences externes et les ramène sur lui-même; la fonction de la peinture devient alors d’exprimer le monde intérieur de l’individu, autrement dit son monde spirituel»1.

Pour le peintre de l’abstrait, la couleur comme la forme peuvent évoquer un mouvement, un rythme. Le tableau doit provoquer des sensations au même titre que la musique. Ses œuvres s’apparentent à la musique et deviennent au sens baudelairien des «improvisations», des «compositions» ou des «canons».

 

Cependant, ses œuvres d’avant-guerre sont caractérisées par leur thématique biblique comme Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse, L’Arche de Noé ou La Résurrection.

Le spirituel est primordial dans l’œuvre de Kandinsky. Dans son livre, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier, il compare la vie spirituelle de l’humanité à un triangle. C’est la mission de l’artiste de mener les autres vers le sommet du triangle, c’est à lui de porter l’Évangile. Cette pyramide évolue constamment vers le haut, en période de décadence, les esprits tombent et les gens se mettent à poursuivre la renommée et le gain en ignorant les forces spirituelles et bienfaisantes.

La couleur selon Kandinsky sera donc le pont vers l’esprit. Chaque couleur et chaque forme  ont un sens. Il essaye d’établir une terminologie des symboles: le rond est serein et représente l’âme, le bleu est céleste, le triangle dynamique, le jaune agressif et matériel, le blanc, quant à lui, incarne le silence et l’ouverture des possibles.

L’épuration et la recherche d’absolu va encore plus loin chez Malevitch qui aboutit à la non-représentation: le Carré blanc sur fond blanc (1918) – l’essence, la substance créatrice où tout se termine et recommence. La réduction de la couleur et de la forme représente l’infini mystique dans une peinture inspirée par les paysages ukrainiens. Il souhaitait créer des compositions épurées de formes et de couleurs d’un mystique transcendental sublime qu’il appelait suprématisme. À l’instar de Kandinsky, l’art était pour lui le moyen d’exprimer la métaphysique, rendant visible l’invisible. Les éléments de cet art sont le triangle, le rond et le carré – ce dernier étant considéré comme la forme la plus pure – et les couleurs ont des connotations religieuses ou mystiques. Avec son carré blanc sur fond blanc, ne voulait-il pas examiner la vie à travers le prisme de son intuition artistique pure?

«Je me suis transfiguré dans le zéro des formes et suis allé au-delà du zéro vers la création, c’est-à-dire vers le suprématisme, vers le nouveau réalisme pictural, vers la création non figurative», a écrit Malevitch dans Du Cubisme et du futurisme au suprématisme. Le nouveau réalisme pictural.

Vers la fin des années 1920, le régime communiste ne tolérait plus ces artistes révolutionnaires de la pensée, qui représentaient plutôt une menace pour un régime obsédé de contrôle. Ils étaient dénoncés souvent même par des collègues, comme étant des élitistes non-productifs qui n’encourageaient pas la masse. L’interdiction par le Comité central du parti communiste de toute forme d’abstraction incitera la plupart des artistes à quitter la Russie, emportant avec eux leurs nouveaux concepts qui marqueront l’art moderne en Occident. Malevitch, resté en Russie, sera obligé, comme tous les autres, de servir la machine de propagande stalinienne et de se mettre à peindre du réalisme socialiste. N’ayant pas la capacité de suivre ce tournant, il a vécu le reste de sa vie dans la pauvreté et la solitude.

Il y a ceux qui diront que l’Histoire se répète, au moins celle de la Russie et de ses artistes qui devaient la quitter, que ce soit sous le régime du Tsar, sous le régime stalinien de l’union soviétique, ou encore sous le nouveau despotisme mafieux contemporain. Le salon ne manquera pas de présenter les artistes du mouvement non-conformiste russe des années 1960 qui refusaient de suivre le réalisme socialiste et le diktat du pouvoir. Des artistes comme Mikhail Roginsky (1931-2004), un des leaders du mouvement, ou Edik Steinberg (1937- 2012) qui a passé une dizaine d’années dans un goulag et qui sera d’ailleurs marqué par Malevitch. Malheureusement le gouvernement actuel continue de faire taire toute forme d’opposition.

1: Du Spirituel dans l’Art et en particulier dans la peinture- Kandinsky

Art Paris Art Fair 2013

du 28 mars

au 1er avril 2013

Grand Palais , avenue Winston Churchill - 75008 Paris

Métro, RER, Bus

Métro: lignes 1, 9, 13

Stations: Franklin-D.-Roosevelt, Champs-Elysées-Clemenceau

RER: lignes C

Stations: Invalides

Bus: lignes 28, 42, 52, 72, 73, 80, 83, 93

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.