L'idée de créer un canal entre la mer Rouge et la mer Morte a été étudiée depuis plus d'un siècle. Ce fait, encore d’actualité, sera certainement possible dans un avenir proche. En effet, la mer Morte se réduit et son niveau baisse, naturellement, depuis 40 000 ans. Elle a perdu 30 % de sa surface entre 1980 et 2008. Le plus grave se situe en 1931, lorsqu’elle s’est scindée en deux lacs distincts, dont celui du sud-est qui s’est réduit au point de disparaître par évaporation.

Face à cette catastrophe écologique, le 9 avril 2005, les gouvernements limitrophes israélien, jordanien et palestinien se sont retrouvés au Forum économique mondial. Enfin réunis pour une cause commune, ils ont décidé d’adresser une lettre à la Banque mondiale pour solliciter une aide financière afin de sauver la mer Morte. Cette manne avait pour objectif de construire un canal reliant la mer Rouge à la mer Morte, l’eau devant être, préalablement, dessalée.

Deux millions de mètres cubes d’eau par an

Cette demande semble porter ces fruits puisque la Banque mondiale confirme que «relier la mer Rouge à la mer Morte est actuellement techniquement possible.» Un rapport de faisabilité a été rédigé par la Banque mondiale et publié en janvier 2013. Il indique qu’un pipeline souterrain serait le meilleur moyen de relier l’eau de la mer Rouge à la mer Morte. La mer Morte possède le niveau le plus bas sur Terre et la mer Rouge est située à 180 kilomètres au sud de la mer Morte, mais en altitude. Du fait de la dénivellation créée par la chute d’altitude, il serait même possible de construire le long du parcours, en plus du canal, des centrales hydroélectriques et de dessalement, indique la Banque mondiale. Le coût des travaux s’élèverait à près de 10 milliards de dollars et le conduit traverserait le Jourdain en transportant jusqu’à deux millions de mètres cubes d’eau par an. Pour des raisons politiques et d’appartenance territoriale, la mer Morte n’a jamais été classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Or, cette protection internationale aurait apporté une aide financière importante pour l’entretien des rives de la mer Morte et ceci, depuis au moins 20 ans.

Les causes primordiales de l’assèchement de la mer Morte

Les raisons du déclin de la mer Morte sont multiples. En premier lieu, son taux de salinité important a pour effet d’accélérer son évaporation. À cela s’ajoutent le changement climatique et les sécheresses persistantes de cette région qui ne sont pas étrangères à l’assèchement de cette mer unique. L’origine serait le détournement de son principal affluent, le Jourdain. En effet, l’utilisation toujours plus grande de l'eau du fleuve Jourdain à des fins d'irrigation pour une production accrue diminue son débit. Ainsi, l’eau du Jourdain n’alimente plus la mer Morte, ou très peu. L'eau du Jourdain sert en particulier à l'irrigation des terres arides. Israël possède des terres très asséchées. La superficie du pays est de 20 700 km2 et plus de 50 % de cette surface est classée en désert et zone semi-aride. L’arrosage très structuré apporte des cultures florissantes même dans le désert du Néguev. Ainsi, des canaux d’irrigation provenant des régions du nord apportent une aide pour la culture des fruits et des légumes de la région.

Le Washington Institute s’inquiète de risques écologiques

Selon le Washington Institute, l’intrusion massive d'eau de mer n'est pas sans risque écologique. D’après les experts, au-delà de 300 millions de m3 par an, l'apport d'éléments marins pourrait entraîner une explosion d'algues rouges et de formations de gypse blanc. Le rapport alerte également sur le risque d'infiltration d'eau de mer dans les nappes phréatiques. Cependant, d’après la Banque mondiale, les risques peuvent être contrôlés et réduits à un niveau acceptable. Mais des groupes écologistes ne sont pas de cet avis.

Lieux mythiques, de soin et touristiques

La Mer Morte est un site touristique et de soins, célèbre pour ses eaux salées qui permettent aux nageurs de flotter sans effort. Sa boue, riche en minéraux, est utilisée pour les traitements de la peau et vendue dans le monde entier. Les bienfaits de la mer Morte ont été découverts il y a 2 000 ans, à l'époque d'Hérode le Grand. On raconte que Cléopâtre se plongeait dans les bains de boue de la mer Morte pour protéger sa peau délicate.

Selon les personnels de santé des cures thermales, des éléments présents dans la boue de la mer Morte aident à nettoyer la peau et drainer les toxines. Le soufre dissout la couche supérieure de la peau et participe à la régénération rapide des cellules. L'argile agit comme un peeling, éliminant les cellules mortes. La peau se renouvelle et se raffermit. La forte concentration en sels de la boue crée une pression osmotique et absorbe les fluides dans les tissus supérieurs de la peau. Cette caractéristique aide à traiter la cellulite et confère à la peau un aspect lisse.

L’air de la mer Morte est chargé  en soufre et en brome. Le soufre possède des propriétés apaisantes qui agissent sur le système nerveux. Le brome dans l'air est un excellent relaxant musculaire. Sa concentration est 20 fois plus élevée dans l'air de la mer Morte que dans n'importe quelle autre région du monde. L’air est pur, sec, riche en oxygène et dépourvu d'allergène. De plus, l'air y est 8 % plus riche en oxygène que celui respiré en bord de mer.

Un lieu mythique et touristique

De nombreux touristes parcourent ces lieux. Ceci en raison des sites archéologiques historiques très anciens tels que Massada, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, ou comme les grottes de Qumran. En continuant sur la route longeant la mer, le long des falaises, ont été découverts des vestiges de la période chalcolithique et des structures hérodiennes, ainsi que des grottes qui avaient été occupées par des ermites chrétiens, de la période byzantine au XIXe siècle.

Pétra est aussi considérée comme une des merveilles du monde. Classée au patrimoine mondial de l'humanité, elle attire des flots incessants de touristes. Située entre la mer Rouge et la mer Morte, Pétra est habitée depuis la préhistoire. Cette capitale des Nabatéens est taillée dans le roc. Pour moitié construite et moitié sculptée dans la paroi rocheuse, elle est entourée de montagnes criblées de défilés et de gorges.

Étude géologique des fonds de la mer Morte

Des chercheurs de l'institut des sciences de la terre, Fredy et Nadine Herrmann de l'université hébraïque de Jérusalem ont participé au forage international de la mer Morte. Ces recherches ont permis de remonter le temps sur plusieurs centaines de milliers d'années. Elles ont mis en évidence qu'il y a environ 125 000 ans, le lac avait été asséché presque totalement à la suite d'un changement climatique. Elles révèlent également des traces d’activité microbienne jusqu’à 130 mètres sous le fond.

Par ailleurs, elles révèlent l'aspect mécanique du désastre ayant frappé le peuple de Loth, prouvé par les géologues. Ces derniers ont montré que le tremblement de terre qui a détruit le peuple de Loth a été la conséquence de la présence d'une faille continentale très longue. Ainsi, selon Le Monde de la Bible, le lit de la mer Morte aurait été situé sur une dépression tectonique de la vallée du Rift. Les vestiges et les caractéristiques géographiques découvertes dans cette région sont l’indication d’événements géologiques majeurs qui ont eu lieu dans la mer Morte.

Les cités détruites de Sodome et Gomorrhe n’ont jamais été trouvées mais les spécialistes pensent qu'elles se trouvaient dans la vallée de Siddim, face aux falaises de cette région. La revue National Géographic pense que le mont de Sodome est une vaste étendue aride qui se dresse de façon abrupte au-dessus de la mer Morte. Il est possible que des crues de la mer Morte les aient englouties suite à un tremblement de terre.

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