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Le Venezuela de l’après-Chavez, un espoir de changement

Écrit par Tara MacIsaac, Epoch Times
08.03.2013
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  • Caracas, Venezuela, 6 mars 2013, Vénézuéliens rassemblés pour voir le cortège funèbre d’Hugo Chavez en chemin vers l’Académie militaire. (Juan Barreto/AFP/Getty Images)

Voilà un moment que le président du Venezuela Hugo Chavez est décédé; les fissures, apparentes désormais, des suites de cette mort laissent entrevoir l’espoir de nombreuses opportunités pour le peuple de ce pays d’Amérique du Sud riche en pétrole; qui s’impatiente d’entamer la mise en place d’accords internationaux – selon les observateurs, cette initiative sera sûrement encouragée par Washington.

La Constitution du Venezuela stipule que l’élection du successeur de Chavez devra se dérouler dans les 30 jours suivant son décès.

C’est le vice-président, Nicolas Maduro (socialiste soigneusement choisi aux dispositions d’esprit en tous points semblables au défunt) qui occupe provisoirement le siège présidentiel. Si celui-ci devient le nouveau chef de l’État, il poursuivra sans aucun doute la campagne de son prédécesseur contre l’impérialisme américain et occidental en Amérique latine, restant ainsi dans les petits papiers de la Chine, de Cuba, de la Russie et de l’Iran.

Les sentiments antiaméricains de Chavez ont souvent dégénéré en torrents d’accusations, ce fut le cas par exemple en 2010 après le séisme en Haïti, qui, selon lui, aurait été déclenché à la suite d’essais de l’armée américaine.

De son vivant Chavez a également affirmé qu’il n’aurait nullement été surpris d’apprendre que le gouvernement américain propage par des moyens secrets la maladie du cancer en Amérique latine (cancer dont il a finalement succombé). De même Chavez n’aurait aucunement été surpris d’apprendre «qu’il y avait eu une civilisation sur Mars, mais… que le capitalisme a débarqué, l’impérialisme a débarqué, et ont finalement détruit toute la planète».

Chavez s’est accroché au pouvoir de toutes ses forces, jusqu’à courir pour un quatrième mandat en octobre dernier, ne pouvant cependant pas quitter son lit d’hôpital pour la cérémonie de prestation de serment.

Opposition et nouvelles possibilités

Alors que Maduro suivra dans les grandes lignes la politique de Chavez s’il est élu, ce ne sera nullement le cas si la victoire revient à son principal adversaire, le chef de l’opposition Henrique Capriles.

Capriles remaniera probablement la position internationale du Venezuela, réformera les alliances traditionnelles. Il a annoncé, l’année dernière lors de sa campagne présidentielle, vouloir réexaminer les contrats conclus avec la Chine, la Russie et d’autres nations pour répondre aux intérêts du pays.

Selon Roger F. Noriega, l’ancien secrétaire d’État adjoint aux affaires de l’hémisphère occidental (Canada, Amérique latine et Caraïbes) et ancien ambassadeur américain auprès de l’Organisation des États américains (OEA), il est temps pour les États-Unis de promouvoir le changement dans la région.

«L’administration Obama...déteste jouer un rôle de chef dans ce genre de questions, et, par instinct, ils vont considérer que nous venons en quelque sorte récupérer nos bagages en Amérique latine, ce qui n’est pas vrai», a-t-il déclaré dans une vidéo postée sur le site de l’American Enterprise Institut (AEI) au lendemain de la mort de Chavez.

Selon lui les pays d’Amérique latine souhaitent que les États-Unis jouent un rôle de premier plan tandis que les pays occidentaux sont favorables à une campagne américaine pour voir écartés «les pivots de la drogue», les réseaux Iraniens et ceux du Hezbollah.

En outre, les États-Unis maintiennent une certaine influence au Venezuela.

Les relations commerciales entre les États-Unis et le Venezuela sont ponctuées de plusieurs épisodes houleux- Chavez ayant nationalisé les avoirs de la société américaine du géant pétrolier Exxon et d’autres, Washington ayant imposé des sanctions sur la société pétrolière d’État du Venezuela après qu’elle ait fourni du pétrole à l’Iran en 2011.

Mercredi, dans un communiqué, Daniel Greenberg, le fondateur du centre d’études d’Amérique latine de la Pace Université de New York, a déclaré qu’en dépit de ces accrochages, et des vues antiaméricaines de Chavez, «celui-ci a eu l’intelligence de ne jamais couper les échanges avec Washington, le partenaire commercial le plus important du Venezuela».

Le Venezuela reste l’un des plus grands fournisseurs pétroliers des États-Unis, et les deux pays parviennent à coopérer dans les domaines d’intérêt commun, tels que commerce et énergie mais aussi luttes contre les stupéfiants et le terrorisme.

Alors que les partisans de l’ancien président mobiliseront leurs forces contre l’opposition, de son côté l’opposition, elle, cherchera à forger de nouvelles alliances.

De tous côtés on avait entamé maints projets de succession tandis que le chef d’État était encore en vie, luttant contre le cancer.

Comme l’indique une discussion animée par l’AEI à Washington, en avril dernier, les généraux de l’armée (fortement impliqués dans le commerce des stupéfiants) avaient déjà tracé les grandes lignes des mesures pour repousser l’opposition.

Noriega a participé à cette discussion. Il a également signalé, selon ses sources au sein du ministère vénézuélien des Affaires étrangères, que les Chinois exigeaient de nouvelles garanties concernant un prêt de 4 milliards de dollars. Les Chinois veulent s’assurer que le «gouvernement d’après Chavez honorera ses accords», a-t-il déclaré.

De tous les alliés du Venezuela, celui qui a probablement le plus à perdre est la Chine.

Les intérêts pétroliers de la Chine

Sous le régime de Chavez, le Trésor du Venezuela a accru son besoin d’argent liquide permettant de maintenir d’ambitieux programmes sociaux malgré la précarité du pays. Chavez a donc «grand ouvert» la porte aux investisseurs de ses alliés comme la Chine. Il a en effet permis à celle-ci d’acheter du pétrole vénézuélien bien en dessous des prix du marché.

L’appui financier et technique chinois a eu une importance capitale dans son maintien au pouvoir.

Selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), les motivations de la Chine pour le garder étaient aussi des plus évidentes: le Venezuela possède les plus grandes réserves de pétrole au monde. Les réserves de pétrole brut ont atteint les 296,5 milliards de barils en 2010, dépassant celles de l’Arabie saoudite (264,5 milliards de barils).

Dans la deuxième moitié des 14 ans de règne de Chavez, la Chine est devenue un acteur majeur dans l’industrie pétrolière du Venezuela. Aujourd’hui, la Chine importe 10 fois plus de pétrole brut vénézuélien qu’il y a cinq ans. En revanche, les États-Unis importent 40% de pétrole en moins qu’il y a dix ans. Au cours des dix prochaines années, la Chine a l’intention de doubler les importations.

Pékin a fait tout son possible pour s’assurer de la bonne continuation de cet échange malgré la mort de Chavez, accordant à partir d’avril 2012 des prêts titanesques au Venezuela, 38 milliards de dollars... à rembourser en pétrole.

Du fait des prêts chinois, en 2014, le Venezuela sera obligé de produire plus de 500.000 barils par jour, et de les vendre bien en dessous des prix du marché.

Si les élections ont bien lieu (ce qui reste à voir), et que Capriles les remporte, l’un de ses défis majeur sera de renégocier ces accords.

Greenberg pense que Capriles a de bonnes chances contre Maduro, le successeur qu’avait désigné Chavez, car celui-ci manque de talent pour diriger. Il y a donc un petit espoir de changement.

«Si Capriles gagne», conclut Greenberg, «les réformes de Chavez seront probablement revues à la baisse mais non démantelées. Quoi qu’il en soit, le Venezuela sans Chavez sera radicalement différent.»

Version en anglais: Post-Chavez Venezuela and the Chance for Change

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