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Washington porte peu d'attention à la transition politique afghane

L'aspect militaire semble être plus important

Écrit par Gary Feuerberg, Epoch Times
16.04.2013
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  • Des travailleurs de la commission électorale apportent du matériel dans le village reculé de Kofab, Afghanistan, pour la tenue des élections en 2009. (Paula Bronstein/Getty Images)

WASHINGTON – Dans un an, l'Afghanistan tiendra une élection présidentielle et, pour la première fois depuis 2001, le nom d'Hamid Karzai n'apparaîtra pas sur les bulletins de vote. Karzai ne peut briguer à nouveau la présidence en raison de la limite imposée sur les mandats.

L'élection présidentielle va se dérouler durant la même année où les forces américaines et internationales vont transférer la responsabilité en matière de sécurité aux forces afghanes. Les élections parlementaires suivront quant à elles en 2015.

Washington, préoccupée par la gestion du conflit et le nombre de troupes impliquées, dépense peu d'énergie afin d'assurer des élections justes et équitables. Cela pourrait constituer un problème.

«Sans une situation politique appropriée, il sera difficile pour l'Afghanistan d'accomplir quoi que ce soit», a déclaré Jim Marshall, président du U.S. Institute of Peace (USIP), lors d'un forum organisé par l'USIP le 5 avril à Washington. M. Marshall est un ex-congressiste de la Géorgie (2003-2011) ayant visité l'Afghanistan à 15 occasions.

La date du forum a été choisie pour marquer une année exactement avant que les Afghans se rendent aux urnes.

Le 5 avril également, M. Marshall a publié un commentaire dans le magazine Foreign Policy. «Peu importe qui gagne, les Afghans doivent croire que le processus électoral a été raisonnablement juste et représentatif, sinon le nouveau gouvernement sera considéré comme illégitime, ce qui enclenchera violence et instabilité», écrit-il.

«Malgré cet enjeu existentiel, les États-Unis se sont gardés d'exprimer publiquement leurs attentes et préoccupations concernant le processus électoral afghan.»

Alors que les responsables américains tentent de déterminer si le nombre de soldats à demeurer dans le pays devrait être de 8000 ou 20 000, M. Marshall estime qu'au moins autant d'attention devrait être accordée à la transition politique.

«Si l'Afghanistan sombre dans le chaos, le nombre de soldats n'aura pas d'importance», ajoute-t-il.

 

Le secrétaire d'État américain, John Kerry, avait mentionné l'importance des prochaines élections afghanes lors de son audience d'approbation devant le Comité des affaires étrangères du Sénat le 24 janvier.

«La tenue d'une élection acceptable […], c'est-à-dire acceptable selon les normes et les observateurs internationaux, sera essentielle pour obtenir le genre de transition que nous souhaitons et pour avoir la confiance que le gouvernement qui va succéder en 2014 sera légitime», a-t-il déclaré, selon The Guardian.

Kerry a indiqué que sans des élections légitimes, il sera difficile de convaincre les Américains et les alliés de la Force internationale d'assistance à la sécurité de demeurer présents en Afghanistan.

Politique afghane

Jim Marshall a mentionné que lorsqu'il a rendu visite aux dirigeants afghans, pratiquement tous étaient concentrés sur la transition politique et non militaire.

Un des participants du forum, Nader Nadery, un citoyen afghan qui dirige la Free and Fair Election Foundation of Afghanistan, a fait remarquer que l'identité du prochain président est le sujet de l'heure actuellement.

«Dans chaque ménage, durant les repas, il y a des discussions au sujet de l'élection», affirme M. Nadery.

M. Nadery, qui a déjà été commissaire de l'Afghan Independent Human Rights Commission, mentionne que les personnes impliquées en politique réalisent de plus en plus que les élections ne peuvent être tenues comme auparavant. Autrefois, les campagnes mettaient l'accent sur les individus. Dorénavant, les partis doivent mettre de l'avant «une plateforme d'avenir et un idéal pour le pays».

Il s'inquiète qu'avec moins d'un an à faire, les candidats potentiels à la présidence ne se sont pas manifestés.

Hossai Wardak, une citoyenne afghane et spécialiste de l'Afghanistan à l'USIP, mentionne qu'aucune coalition ne s'est formée pour se présenter à l'électorat.

Les gens doivent avoir la motivation d'aller voter et ils doivent comprendre l'importance d'exiger des candidats l'obligation de rendre des comptes, estime-t-elle. Elle craint que les Afghans ne seront pas intéressés à voter. Le vote des femmes va aussi représenter un défi particulier, et assurer leur sécurité sera très important, souligne Mme Wardak.

Fraude à grande échelle en 2009

Le souvenir de la fraude à grande échelle lors de la dernière élection explique principalement pourquoi on craint une élection illégitime.

Le renvoi de Peter Galbraith, représentant spécial adjoint de l'ONU en Afghanistan, avait causé toute une tempête médiatique en 2009 alors qu'il avait dénoncé la fraude.

«Jusqu'à 30 % des votes de Karzai étaient frauduleux et des fraudes moins importantes ont été commises pour le compte d'autres candidats. Dans plusieurs provinces, dont Kandahar, quatre à dix fois plus de votes ont été enregistrés qu'il n'y a d'électeurs, en fait», a écrit M. Galbraith dans une lettre d'opinion publiée en octobre 2009 dans le Washington Post.

Scott Smith, directeur adjoint du programme Afghanistan au U.S. Institute of Peace, estime que Karzai n'a pas profité des fraudes commises en sa faveur par des responsables trop zélés. Karzai avait toutefois une part de responsabilité, surtout si l'on tient compte qu'il avait lui-même nommé les sept membres de la Commission électorale indépendante, qui n'avait rien d'indépendant.

M. Smith affirme que la fraude était «embarrassante», «flagrante» et qu'elle «sapait la légitimité de Karzai». Finalement, 1,5 million de voix ont été jugées frauduleuses et retirées du décompte. Au final, Karzai a obtenu moins de 50 % des voix, ce qui a forcé un deuxième tour. En dépit de l'humiliation, Karzai a dû s'y plier.

L'avenir

L'agence de développement international américaine (USAID) contribue financièrement au processus électoral. Scott Worden, un conseiller politique principal au sein du Bureau des affaires afghanes et pakistanaises de USAID, affirme que la démocratie afghane est un enjeu pour la communauté internationale et que, cette fois-ci, les Afghans «doivent faire les choses de la bonne façon» aux prochaines élections.

Le rôle américain est de soutenir le processus, de respecter la souveraineté afghane et de ne pas favoriser un certain candidat, selon M. Worden.

L'avenir de la démocratie afghane dépend du partage du pouvoir entre les acteurs et à leur respect des règles du jeu. M. Worden suggère que des lois électorales doivent être adoptées par le Parlement afin que le processus soit légitime et transparent.

Selon M. Nadery, le délai dans l'adoption d'une loi électorale par le Parlement met le processus en danger. Il craint que si elle n'est pas adoptée prochainement, le président va émettre un décret qui pourrait miner la participation démocratique et la législature.

La Commission électorale indépendante (CEI) afghane doit se transformer en institution crédible et elle doit démontrer qu'elle a un «plan positif» pour s'attaquer aux failles précédentes, estime M. Worden.

En 2009, M. Worden avait agi comme commissaire international de l'ONU au sein de la Commission des plaintes électorales (CPE) afghane pour les élections présidentielles et des conseils provinciaux.

«Dans l'élection présidentielle de 2009 et l'élection parlementaire de 2010, les décisions importantes ont en fait été prises dans le processus des plaintes», explique M. Worden. Actuellement, il n'y a pas de CPE, mais un certain mécanisme pour traiter les plaintes va être mis en place et il sera crucial qu'il soit perçu comme crédible et indépendant, ajoute-t-il.

La CEI devrait présenter son plan opérationnel «très bientôt», selon M. Worden. Ce plan établira les règles de l'élection.

Il ajoute que la CEI doit faire quelque chose pour mousser la participation. L'Afghanistan, avec une population de 30 millions doit avoir environ 15 millions d'électeurs. La participation depuis 2004 est toutefois passée de 7 millions à moins de 4 millions.

Finalement, la CEI et la commission des plaintes doivent agir pour réduire les fraudes, estime M. Worden. Même si fraude il y a, au moins la CEI et la commission des plaintes devraient être en mesure de dire qu'on s'est penché sur les problèmes de fraude.

Version anglaise : Washington Silent on Afghan Leadership Transition

 

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