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42

Changer le monde avec retenue

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
17.04.2013
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  • Jackie Robinson (Chadwick Boseman), le célèbre numéro 42, jouant pour les Dodgers de Brooklyn. (Warner Bros. Canada)

Important scénariste hollywoodien (L.A. Confidential, Man of FireMystic River) et réalisateur à ses heures (Payback, A Knight's Tale), Brian Helgeland met à profit sa polyvalence au service d’un grand nom américain : Jackie Robinson, qui se devait d’avoir son film biographique. Bien qu’il ait fait un travail qui plaira à bien des gens, il semble avoir joué dans une zone de confort puisqu’il n’a pas réussi à créer de grands moments, ni une intensité dramatique frappante, ni  donner une substance qui sustente même après la sortie du cinéma.

Quelques mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le ségrégationnisme américain, le monde du sport et celui de la politique américaine commencent tout juste à connaître un renversement inattendu. Il s’agit de l’arrivée de Jackie Robinson (Chadwick Boseman), le premier joueur noir à jouer pour la ligue de baseball professionnelle.

Le film 42 est plus sportif que dramatique, avec tout de même un bon équilibre. Les séquences de baseball n’apparaissent pas de manière excessive et sont d’une grande efficacité. Il suffit de quelques glissades au but, très bien chorégraphiées et stupéfiantes par leur réalisme, pour comprendre les forces qu’avait le joueur légendaire.

Peut-être certains grands amateurs de Robinson seront un peu déçus que le film ne tourne pas principalement autour de l’icône américaine, mais plus autour du rêve et de la mystérieuse motivation de Branch Rickey (Harrison Ford), propriétaire des Dodgers de Brooklyn, de souhaiter voir un Noir américain pénétrer dans le monde du baseball… très blanc, à l’époque.

On ne pourrait pas parler du film de Helgeland comme étant particulièrement politique, contrairement à ce que le véritable Jackie Robinson a pu laisser comme empreinte profonde dans l’histoire des États-Unis et sur l’égalité raciale à l’échelle planétaire. Le réalisateur et scénariste n’a pas mis l’accent là-dessus bien qu’on sente son impact.

Il s’agit d’un drame léger, bien rythmé par un sport qui bouge plus que bien des gens le croient, mais un peu fade. Si vous avez aimé Moneyball avec Brad Pitt, Jonah Hill et Philip Seymour Hoffman, vous allez sans doute apprécier 42.

Ses acteurs

La distribution, imposante par sa quantité d’acteurs et de talents, compte pour beaucoup dans ce long métrage qui passe très rapidement considérant qu’il dure deux heures et huit minutes.

Harrison Ford (Cowboys & Aliens, Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull) a eu droit au beau personnage du riche propriétaire des Dodgers de Brooklyn et il a su en prendre soin. Cela donne une interprétation unique dans son registre, un Harrison Ford presque méconnaissable à comparer à ce qu’on est habitué de voir. Malgré les intentions mercantiles de Rickey, Ford réussit, par de multiples couches de jeu, à montrer l’âme du personnage.

  • Certains se souviendront du passage à Montréal de Robinson (Chadwick Boseman, au centre) alors qu’il faisait partie de l’équipe des Royaux de Montréal en 1946. (Warner Bros. Canada)

Quant à Chadwick Boseman qui incarne Jackie Robinson, il a certainement l’étoffe pour interpréter ce qui était un héros pour beaucoup d’Américains et il lui ressemble physiquement à s’y méprendre. Très peu présent au cinéma, Boseman a surtout été connu au petit écran dans des séries comme Lincoln Heights, Persons Unknown et a pu décrocher de petits rôles dans Lie to Me, Fringe et ER. Son passage dans un film aussi important peut faire penser à l’ascension de Robinson à ses débuts.

La liste des joueurs (et des personnages) est longue, entres autres, Lucas Black (Jarhead) interprétant Pee Wee Reese et Hamish Linklater (The Future) en tant que Ralph Branca. Il y a aussi le reporter Wendell Smith joué par Andre Holland (1600 Penn), le manager des Dodgers de Brooklyn, entre les mains de Christopher Meloni (Law & Order: Special Victims Unit), Nicole Beharie (Shame) sous les traits de l’épouse de Jackie, Rachelle, etc. De très bonnes interprétations défilant l’une après l’autre. Celle de la scène avec Meloni où il explose de colère dans les cuisines d’un hôtel est à surveiller.

La grande droiture morale transcendant l’avidité de Branch Rickey (Ford) donne une perspective rafraîchissante au film. Les Américains ont valorisé (et continuent à le faire avec ce film) un homme qui exprime toute sa force dans sa retenue, ce qui est très différent du modèle ambitieux et violent habituel véhiculé dans les films de notre époque. L’esprit d’endurance et de tolérance que doit avoir Robinson est admirable et inspire. Ce genre d’attitude a su façonner l’histoire, ce qui n’est pas une petite chose.

 

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