«Au-delà des pins» pourrait être traduit par : Schenectady, une petite ville amérindienne au nord de l’État de New York.

Cela aurait pu aussi vouloir dire «Toutes les petites villes des États-Unis». Le film Au-delà des pins, version française de The Place Beyond the Pines, se déroule à proximité des routes de campagne, comptant un garage, des fermes, un carnaval ambulant, quelques policiers de petit patelin et des hommes tatoués et romantiques. 

Dans une ambiance de culture américaine en déclin en processus tranquille de décomposition, l’histoire de cet excellent long métrage raconte comment la perte de vertu chez le père a des répercussions sur le fils.

Luke (Ryan Gosling) est un cascadeur de motocyclette faisant partie d’un cirque ambulant ayant une dague tatouée près de son œil gauche ainsi qu’une très longue chaîne. Sur chaque maillon un cœur pend. De retour en ville après une année sur la route, Luke retrouve une ancienne amoureuse (Eva Mendes) qui, durant son absence, a accouché du fils de Luke sans que ce dernier ne connaisse l’existence de l’enfant.   

La vie de Luke commence soudainement à prendre tout son sens. Après avoir quitté la vie de cirque, il devient un mécanicien du coin. Quand la dure réalité qu’il ne pourra pas subvenir aux besoins de la famille avec un salaire de mécanicien le frappe, il se met alors à voler des banques avec son talent de motocycliste à toute épreuve. La chance de Luke s’évanouit, alors que son engin a une crevaison. Le jeune policier Avery Cross (Bradley Cooper) laisse donc le fils de Luke sans père. Cross est discrètement dévasté. Voilà que s’enclenche l’acte 2.

Impliqué contre son gré dans un groupe de policiers corrompus à la Cop Land, mené par le terrible détective Deluca (Ray Liotta), Cross se libère de ce milieu en revoyant ses ambitions pour aller vers la politique. Il transporte une photo de famille de Luke dans son portefeuille, cherchant de manière subconsciente une certaine délivrance.

Acte 3. Luke et Avery ont chacun de leur côté des enfants. Assez parlé, sinon, ce serait trop en révéler. L’acte 1 est de la dynamite. L’acte 2, un peu moins, mais quand même bon. L’acte 3 déçoit un peu, car les acteurs Dane DeHaan (incarnant AJ) et Emory Cohen (incarnant Jason) autour desquels se déroule l’intrigue ne sont pas Ryan Gosling et Bradley Cooper.

Chaque acte pourrait être à lui seul un film. Le film fonctionne bien avec toutes ses parties, bien qu’il manque d’émotions pour un spectre plus large. La principale raison est que le personnage de Cooper a besoin de vieillir visuellement.

Gosling a déjà foulé, plutôt chevauché, le terrain de Au-delà des pins avec le film Drive. Il y incarnait alors un cascadeur de voitures. Dans celui-ci, il est cascadeur de motocyclette. Connaissant Hollywood, il sera possiblement un cascadeur en bateau pour un prochain film mais, malgré tout, nous apprécierions le voir tout de même. Il possède une vraie aisance pour le jeu physique. Gosling est sans aucun doute le Sean Penn de sa génération.

Mendes, Cooper et Gosling sont un trio d’acteurs d’une grande puissance. Le patron mécanicien de Luke et son partenaire de vols de banque, Ben Mendelsohn, joignent le rang des acteurs australiens immensément talentueux jouant les Américains de façon plus convaincante que certains Américains eux-mêmes.

Dans le décor de la ville de Schenectady (dans l'État de New York), intégrée à un scénario archétype d’une tragédie grecque, il s’agit d’une leçon bien connue de pourquoi les Amérindiens ne prennent aucune décision sans leurs aînés pour bien évaluer les effets que leurs actions pourraient avoir comme impact sur les sept prochaines générations.

Au-delà des pins veut vraiment dire «Au-delà de nous-mêmes». Ce film illustre comment nos actions peuvent positivement ou négativement affecter les autres à travers le temps.