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SNC-Lavalin et greenwashing nucléaire

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
02.04.2013
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En 2008, le gouvernement Harper a mis à la porte Linda Keen, qui était la présidente de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, agence fédérale qui surveille la sécurité des centrales nucléaires au Canada. Cela s’était passé alors qu’elle avait été conseillée par l’ancien ministre fédéral des Ressources naturelles, Gary Lunn, d'accélérer la remise en marche du réacteur nucléaire de Chalk River (Ontario), puisque son arrêt avait provoqué une pénurie d'isotopes radioactifs essentiels en médecine.

«Mme Keen a déclaré dans plusieurs médias qu’elle avait été mise à la porte à cause de SNC-Lavalin», confirme Shawn-Patrick Stensil, analyste nucléaire pour Greenpeace Canada. Elle avait imposé des standards de sécurité modernes sur les centrales nucléaires au Canada. SNC-Lavalin a engagé une compagnie en lobbyisme, Hill & Knowlton, à Ottawa pour la mettre à la porte et cette dernière a réussi», explique M. Stensil.

Plusieurs penseront que la fermeture de la centrale nucléaire Gentilly-2 ferait en sorte que le Québec ne serait plus mêlé à cette énergie controversée. Et pourtant SNC-Lavalin, une compagnie ayant son siège social à Montréal, aussi prospère que controversée pour avoir été mentionnée à de nombreuses reprises à la commission Charbonneau, est un leader dans le nucléaire au pays et aussi un joueur considérable sur la scène internationale. Le secteur du nucléaire, ici comme ailleurs, n’échappe pas à l’écoblanchiment dans sa stratégie marketing.

Nucléaire vert

«Il y a beaucoup de publicité pour dire, “nous sommes la solution aux changements climatiques”. Dans cette campagne d’écoblanchiment, en mettant de l’avant que l’énergie nucléaire est sécuritaire et propre – ce qui est un mensonge monumental – on a voulu minimiser tous les risques environnementaux qui sont toujours présents», croit Shawn-Patrick Stensil, qui a pu suivre le greenwashing du lobby nucléaire et son influence au cours des dix dernières années.

M. Stensil fait remarquer que «l’industrie nucléaire visait à ce que la population mette de côté le fait que les déchets radioactifs que génèrent ses projets sont dangereux pour l’environnement. Elle a alors opté pour mettre de l’avant que le nucléaire ne causait que très peu de gaz à effet de serre, sachant bien que la population était inquiète à propos des changements climatiques», indique-t-il.

«Il n’existe actuellement aucun plan acceptable pour gérer ces déchets. Même avec des milliards, on ne pourrait jamais faire de l’industrie nucléaire une industrie propre. Pour que les déchets radioactifs se décomposent, il faudrait plus d’un million d’années. Il n’y a pas une technologie humaine qui peut accélérer le processus, alors il y aura inévitablement des problèmes environnementaux reliés à cela», s’inquiète M. Stensil.

Sécuritaire

SNC-Lavalin «veut maintenant convaincre l'Ontario de construire deux nouveaux réacteurs à Darlington, à 400 kilomètres de la frontière avec le Québec. Pourtant, le fleuron de l'ingénierie québécoise refuse de construire les mêmes réacteurs en Inde tant et aussi longtemps que le gouvernement de ce pays n'aura pas limité sa responsabilité financière en cas d'accident. Si SNC-Lavalin ne fait pas confiance à ses propres réacteurs, pourquoi devrions-nous?[…]», relate M. Stensil sur son blogue de Greenpeace.

«Une preuve des dangers que représente le nucléaire, c’est que la loi fédérale sur la responsabilité nucléaire a pour rôle de protéger les pollueurs. Cette loi confirme que les risques d’accident sont bien réels. Cette loi protège les pollueurs en faisant en sorte que ce soit les payeurs de taxes qui débourseront pour nettoyer l’environnement et couvrir tous les autres coûts si un problème survient», précise M. Stensil. Cette loi canadienne, mise en doute à maintes reprises, est entrée en vigueur en 1976.

«L’industrie nucléaire a misé sur l’amnésie progressive de la population en ce qui concerne le désastre de Tchernobyl, qui a eu lieu à peu près il y a 25 ans, en vantant que l’industrie nucléaire est sécuritaire. Depuis 2011, avec l’incident de Fukushima, la population mondiale a été ébranlée. Plusieurs pays ont abandonné ou réduit leurs installations nucléaires après ce dernier accident. On voit des accidents nucléaires majeurs dans le monde arriver presque à chaque 10 ans», mentionne l’analyste nucléaire.

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