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Les terres rares inquiètent le Pentagone

Le contrôle de la Chine sur les minéraux est souligné dans un rapport

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
22.04.2013
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  • Le 5 septembre 2010, des engins de terrassement déblayent de la terre contenant des éléments de terre rare dans le port de Lianyungang, province du Jiangsu (est de la Chine). La Chine produit plus de 90% des terres rares dans le monde, un fait qui semble inquiéter le Pentagone. (STR/AFP/Getty Images)

Actuellement, Washington est supposé procéder à des coupes budgétaires et «serrer la ceinture» – mais le Ministère de la Défense a récemment demandé au Congrès plus d’un milliard de dollars, dans le but de pouvoir acheter des pierres.

Plus précisément, pour acheter des terres rares et d’autres minéraux qui sont essentiels à l’industrie de la défense américaine et dont l’approvisionnement  est actuellement à la merci de la Chine et de son opaque système politique. Le Japon, par exemple, a été privé d’éléments de terres rares au cours de son différend maritime avec la Chine en 2010. Les États-Unis souhaitent prévenir ce risque, étant donné les conséquences désastreuses  qui pourraient découler de l’imposition brutale de mesures de répression.

Le Ministère de la défense a noté, au cours des années  passées, le quasi-monopole de la Chine dans la production mondiale de métaux extraits des terres rares, mais le récent rapport, soumis fin mars, à la  Commission des forces armées de la Chambre des représentants, parle des risques en termes sévères, et présente un éventail de scénarios.

Un des scénarios consiste en un embargo chinois sur les exportations de certains éléments clés de terres rares et note que dans la situation actuelle les États-Unis seraient paralysés.

Le stockage de certains éléments essentiels est l’un des remèdes proposés contre le contrôle de la Chine. C’est une idée qui n’a guère été entendue depuis les dernières années de la guerre froide, compte tenu de la croissance du commerce mondialisé  et largement libéré qui a caractérisé les dernières décennies.

Daniel McGroarty, directeur du groupe de politique American Resources et président de la compagnie minière U.S. Rare Earths, s’est appuyé sur une réflexion qu’a faite, il y a plus de deux cents ans Adam Smith, le père idéologique du libre marché, qui dit que: lorsqu’il s’agit d’éléments stratégiques comme le tissu de  la voile et la poudre à canon, «il n’est pas toujours prudent de dépendre de nos voisins pour l’approvisionnement».

Selon McGroarty, les métaux de terres rares sont au monde moderne ce qu’étaient, au XVIIIe siècle, la poudre à canon et le tissu de la voile, ce qui explique la préoccupation du Ministère de la Défense.

Lors d’un entretien téléphonique, McGroarty a précisé: «Je pense que nous avons perdu de vue un aspect géopolitique ou stratégique qui pourrait amener les pays à intervenir dans l’industrie, pour des raisons d’intérêts qui ne sont pas seulement économiques. Je pense que nous ne l’avions tout simplement pas vu. Et maintenant, quand nous le voyons, la situation a radicalement changé».

McGroarty souligne qu’il y a une vingtaine d’années le marché des terres rares était partagé entre les États-Unis et la Chine. «Actuellement, le marché est devenu extraordinairement asymétrique» puisque la Chine fourni plus de 90% de terres rares.

Tous les deux ans, le ministère présente son rapport sur les besoins de stockage de matériaux stratégiques et critiques. Dans le passé, il a noté la prédominance de la Chine dans le domaine des métaux des terres rares, mais n’avait pas manifesté de préoccupations comme celles d’aujourd’hui.

Dans une évaluation stratégique des risques, présentée dans l’annexe N°12, la possibilité que la Chine coupe ses exportations de terres rares a été estimée à seulement 4%, mais avec des conséquences désastreuses. Le rapport précise: «Les pertes sur le produit national brut seraient importantes et les conséquences se feraient sentir sur une longue période».

  • Daniel McGroarty, directeur du groupe de politique American Resources et président de la compagnie minière U.S. Rare Earths, lors d’une conférence en 2012. McGroarty s’inquiète au sujet de la dépendance américaine vis à vis de la Chine dans le domaine des éléments de terres rares. (Matthew Robertson/Epoch Times)

Le rapport précise que: «Les conséquences économiques de la guerre avec la Chine sont importantes à cause de l’interdépendance entre les deux pays. Du point de vue militaire, le conflit serait violent, mais court; et nous allons l’emporter, au moins dans les dix prochaines années. Du  point de vue politique, il y aurait une perte de crédibilité des deux côtés en raison de l’échec à prévenir la guerre. Les perturbations des relations commerciales entraîneraient également des conséquences majeures politiques à l’intérieur de la Chine».

Un scénario selon lequel la Chine arrête pendant une année les exportations de certains minéraux essentiels «dans le but de contraindre ou de punir les États-Unis… ainsi que pour faire monter les prix des matières premières», a également été pris en considération. Il y aurait un manque de 72 minéraux pour la valeur de 1,2 milliards de dollars (918 millions d’euros).

Ce qui complique l’évaluation, est le caractère aléatoire et fragmenté de la façon d’obtenir les terres rares de la Chine dans le sud du pays, on pense que des dizaines de milliers de tonnes de terres rares sont extraites, raffinées et exportées par une chaîne chaotique d’opérateurs miniers douteux – aucun d’eux ne figure dans les livres officiels. Il est estimé que de cette activité illicite proviennent entre 10.000 et 40.000 tonnes de minerai chaque année.

Au plus fort de sa production, Molycorp, une compagnie d’extraction des terres rares basée aux Etats-Unis, qui a été sévèrement touchée par des prix chinois défiants toute concurrence, a déclaré qu’elle envisageait de produire 20.000 tonnes en 2012. Cela signifie que la part d’approvisionnement provenant des sources clandestines chinoises pourraient être jusqu’à 2 fois plus importante que tout l’approvisionnement provenant des sources américaines, ce qui donne une idée de la nature opaque et potentiellement volatile de l’approvisionnement chinois.

«Réfléchissez à quel point cela pourrait rendre nerveux un planificateur du Pentagone», conclut McGroaty.

Version en anglais: Rare Earths Rouse Pentagon Fears

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