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Greenwashing à la Ville de Montréal

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
03.04.2013
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  • Vue aérienne des opérations de la Suncor qui exploite les sables bitumineux dans le nord de l’Alberta. (Jiri Rezac/Greenpeace)

Ayant bien des défauts qui continuent d’être évoqués par la plupart des médias, la Ville de Montréal possède au moins la qualité d’être écologique… du moins, son bon vouloir semble exister. Cependant, la concrétisation de ses engagements dans cette direction rencontre une certaine résistance.

«Bien que l’intention n’est pas du tout de faire de l’écoblanchiment, la Ville de Montréal a fixé comme objectif pour tous ses bâtiments d’atteindre la certification LEED OR [certification environnementale en construction avec objectif élevé]. C’est ambitieux, la Ville mérite d’être félicitée pour ça, pour ce type de décision», explique Réal Migneault.

«Par contre, quand on regarde les appels d’offres et quand on constate la façon dont les contrats sont attribués, quand on voit le processus de conception des projets, en pratique, tout est comme avant», analyse le spécialiste des stratégies d’affaires écologiques. Il tient à assurer qu’il ne jette pas la pierre à la Ville de Montréal : «Ce scénario d’écoblanchiment involontaire n’est pas unique à la Ville de Montréal, mais il correspond au portrait de bien d’autres municipalités», estime-t-il.

«Les enveloppes budgétaires n’ont pas été ajustées en termes d’argent pour faire ventiler les budgets, pour accorder plus de temps aux professionnels, travailler davantage sur la conception du projet de développement des appels d’offres qui tournent autour du cycle de vie du bâtiment, puis de la performance énergétique à long terme du bâtiment plutôt que des économies à faire dans le coût de construction, etc. On a créé un effet pervers. On se retrouve dans des projets de constructions dans lesquels des entrepreneurs, et souvent les professionnels, vont uniquement se concentrer sur le pointage LEED pour avoir la certification OR», a-t-il constaté. 

«Tout l’esprit qui est derrière cela, qui tend à vouloir faire des bâtiments performants, à améliorer la santé et la qualité de vie des occupants, à augmenter la productivité et ainsi de suite est évacué. C’est comme pour un examen, il faut aller chercher les points et pas plus», se désole M. Migneault.

Engourdissement bureaucratique

Réal Migneault constate avec désolation la difficulté de faire briller le développement durable à travers tout l’hôtel de ville. «Par mes contacts à la Ville, je sens une volonté réelle, mais l’information passe plus ou moins dans les différentes strates de la Ville. Je parle à des gestionnaires de projets qui ont des budgets importants à administrer et qui n’ont même pas la sensibilité, les connaissances de base liées au développement durable. Ils ne sentent pas qu’ils peuvent y contribuer, il peut arriver que leur service ne les ait pas mis au courant», constate-t-il, navré. 

«Quand on doit expliquer l’ABC du développement durable ou de politiques d’achats responsables, on voit que le message n’a pas passé et qu’il reste beaucoup à faire pour la formation des employés et surtout qu’il reste beaucoup à faire pour démontrer les avantages de le faire de cette manière. La Ville conçoit le développement durable comme étant une contrainte. Les gens sont déjà très chargés, ils ont déjà beaucoup à faire dans leur mandat, le climat n’est pas toujours favorable à l’ouverture, en plus de tout ce qui se passe dans les médias. Les procédures sont lourdes et longs sont les processus administratifs à la Ville», réalise le président de RPM Développement Durable.

Changement de cap possible

La Ville pourrait facilement prendre des actions pour réussir à être fidèle à ses vœux écologiques aux dires de M. Migneault. «Adopter dans la mesure du possible, lorsqu’on parle d’approvisionnement responsable, une politique qui tient en compte le cycle de vie des produits, même chose pour les projets de construction, où les responsables ne sont pas uniquement redevables de budgets annuels, mais aussi de performances à long terme», croit-il.

«Le développement durable est encore trop vu comme une option ajoutée, alors que ça devrait être l’esprit dans lequel le projet se fait. Cela change toute la donne. On arrive souvent à la dernière minute où les décisions ont été prises. Les compromis et les contraintes sont souvent considérables», défend M. Réal Migneault.

M. François Robillard, conseiller de ville du district Saint-Jacques (Ville-Marie) et vice-président de la Commission sur l'eau, l'environnement, le développement durable et les grands parcs à la Ville de Montréal, ne nous a pas rappelés.

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