Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

«L’énergie fondamentale à l’appréciation de la musique»

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
30.04.2013
| A-/A+
  • Denis Brott, directeur artistique et fondateur du Festival de musique de chambre de Montréal qui aura lieu du 9 mai au 1er juin 2013. (Denis Brott)

Pour Denis Brott, violoncelliste, la musique classique doit passer par un canal particulier : celui de la musique de chambre. Ayant été chambriste dans le quatuor à cordes Orford pendant presque dix ans, il a accepté un poste de professeur au Conservatoire de musique de Montréal à la fin des années 1980. À ce moment, il a rapidement saisi qu’il y avait un vide à Montréal. Il s’est donc lancé dans la création d’un évènement. En 2013, le Festival de musique de chambre de Montréal compte déjà 18 bougies que M. Brott rallume loyalement chaque année comme fondateur et directeur artistique.

 

«La musique de chambre est de la musique classique. Ça peut aussi être du jazz, par exemple, il n’y a pas de chef et chaque personne joue une ligne différente. On pourrait dire que c’est une sorte d’égalité, de démocratie en action. Le total est plus grand que la somme des parties. Ça exige l’intelligence et l’implication de chaque individu, qui a la liberté de créer une synthèse. Ce qui est plus connu comme musique de chambre, c’est la musique qui date du XVIIe et du XVIIIe siècle», explique le mélomane passionné.

«À l’époque, la musique de chambre faisait partie de chaque maison. Ce n’était pas seulement pour les élites, c’était pour tout le monde. Comme on n’avait pas de radio ni de télévision, si on voulait entendre de la musique, on devait la jouer nous-mêmes. Souvent, on avait un piano à la maison. C’était une façon de s’amuser et de communiquer. Ce que j’adore de la musique de chambre, c’est que c’est une langue, un langage émotionnel : on peut la jouer n’importe où au monde et on vous comprend», affirme l’ancien premier violoncelliste de l'Orchestre de chambre McGill de 1989 à 1997.

Le Festival de musique de chambre de Montréal est celui qui lance la saison des festivals dans la métropole. Il ne s’agit pas d’un simple diffuseur qui invite les artistes étrangers à venir jouer un soir ou à faire un concert. Les musiciens n’arrivent pas la veille, jouent leur concert le soir suivant et quittent. Ils ne sont pas à Montréal seulement pour 24 heures.

«Rien ne reste à part l’expérience d’assister à leur spectacle dans ces circonstances. Alors que pour notre Festival, les artistes sont là pour une semaine. Souvent, il y a cette interaction avec les artistes de chez nous, il y a des cours de maître, le public qui a l’opportunité d’assister à plusieurs spectacles a l’occasion d’assister à une réception, un cocktail dans l’église Saint-George [coin Stanley et de la Gauchetière] afin de venir rencontrer, parler aux musiciens, de devenir encore plus intime. À la base, c’est ça la musique de chambre», clarifie-t-il.

  • Une idée des soirées intimistes que propose le Festival de musique de chambre de Montréal. (Jacques Robert)

Intimiste

La différence majeure des autres festivals est bien son caractère intime. «Cette communication sur scène, sans chef, exige un traitement physiologique, non verbal, musical. L’église Saint-Georges contribue aussi à cette intimité. L’acoustique est sans pareil. On crée une scène avec cette église; pour que tout le monde puisse bien voir, les bancs ont des coussins et c’est très accessible. Surtout au XXIe siècle, on vit à une époque où on est isolé par la communication, tout le monde derrière son téléphone intelligent et autres technologies, le contexte d’intimité requiert la présence de quelqu’un d’autre. Cette énergie est fondamentale à la création de la musique et à l’appréciation de la musique», précise M. Brott.

La musique de chambre ne pourrait être de la musique de chambre si elle se jouait au Centre Bell, par exemple. Cela entraîne évidemment des contraintes et implique des exigences. «Rien ne remplace l’excellence. Le public, heureusement, est toujours attiré par l’excellence. Nous avons donc un public fidèle depuis 18 ans, ils ont maintenant la confiance, même s’il ne connaît pas l’artiste ou ce qui est au programme. Le public fidèle de 300 à 350 spectateurs est composé de gens qui vont venir à tous les spectacles. Bien sûr, il y a d’autres intéressés. Nous sommes combles à 500 places vendues mais, sans cette base de public, ce ne serait pas possible de fonctionner du tout. Cette fidélité est quelque chose de difficile à gagner et difficile à retenir. On ne doit jamais tenir notre public pour acquis», est persuadé Denis Brott.

Une des lacunes de Montréal, c’est qu’il n’y a pas de salle de musique de chambre aux dires de M. Brott. Il a pu également comprendre avec le temps qu’il s’agit d’une des villes les plus chargées au monde en ce qui a trait au nombre de concerts par rapport à sa population.

«On a cinq écoles de musique: McGill, Université de Montréal, Conservatoire de musique de Montréal, Concordia et l’UQAM.  C’est incroyable pour une ville de près de deux millions d’habitants! Il y a quelque chose comme 800 concerts classiques à Montréal par année et je ne parle que des concerts professionnels. Le public est surchargé, super sollicité. On a trop de musique classique à Montréal, c’est parfois une bataille. Cette concurrence demande que nous soyons à la hauteur des attentes du public. Comme n’importe quelle concurrence, ça rend le produit plus élevé», croit le violoncelliste ayant étudié à la fois à Montréal et aux États-Unis.

Le Festival de musique de chambre de Montréal se terminera par un marathon de la musique de Tchaïkovski nommé Tout le monde aime Tchaïkovski. En plus, au programme, une série de concerts de jazz, le 50e anniversaire des Swingle Singers interprétant du classique et du moderne dont les Beatles. Des causeries seront aussi au menu de l’évènement.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.