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Le secteur robotique, clé du monde de demain?

Écrit par David Vives, Epoch Times
10.04.2013
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  • Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg joue le 19 mars 2013 avec le robot NAO lors de sa visite au salon Innorobo 2013 à Lyon. (AFP PHOTO/Philippe Desmazes)

A problème moderne, solution moderne. Dans un monde aussi complexe, les besoins de réponse aux défis majeurs que rencontre l’homme sont passés par la voie du développement technologique. À ce titre, la machine est-elle en train de devenir le meilleur ami de l’homme? Que ce soit pour aider dans des tâches ménagères, nettoyer des zones radioactives, accompagner des cosmonautes ou des grands-mères malades, le robot peut accomplir de plus en plus de tâches.

L’enthousiasme pour les machi-nes a grandi peu à peu. Alors qu’il y a quelques décennies, on éprouvait encore de l’hostilité, voire de la crainte, face aux ordinateurs et aux automates, aujourd’hui les choses ont changé. Preuve en est, le salon Innorobot, qui s’est tenu du 19 au 21 mars à Lyon, a vu augmenter sa fréquentation de 25% par rapport à l’année dernière. D’après Arnaud Montebourg, «la seule robotique de service représentera un marché de 100 milliards d’euros en 2020 selon la Commission européenne, un marché qui sera multiplié par 30 en dix ans». Le ministre du Redressement productif a également annoncé un plan de soutien au secteur robotique de l’ordre de 100 millions d’euros.

Parallèlement au développement de plus en plus rapide du secteur robotique, le vaste sujet de l’éthique au sein de cette filière est relancé à chaque conférence. Au-delà du robot destiné à l’usage industriel ou domestique, d’autres projets se développent pour les robots du futur et des questions plus complexes apparaissent. Par exemple, la question d’un robot assistant sexuel auprès de personnes handicapées ou ayant atteint un certain âge a été sérieusement posée à plusieurs reprises. On s’interroge aussi sur jusqu’où ira la recherche dans l’armement robotique, ainsi que de son utilisation dans les conflits armés.

On peut facilement comprendre l’intérêt de développer des prothèses mécaniques qui permettront aux handicapés de pouvoir retrouver une partie de leur mobilité. Certaines avancées peuvent en effet permettre d’améliorer les conditions de vie des plus fragiles. Cependant, au constat que la société française est souvent affectée et entraînée à suivre ce qui se passe au niveau mondial, surtout quand il est question de sciences, de recherche et développement, de compétitions aux brevets et de concurrence à l’innovation, il est utile d’observer ce qui se passe à l’extérieur du pays, pour comprendre ce qui est à notre porte. Car de nouvelles relations sont à l’œuvre entre l’homme et la machine à différents niveaux selon les pays et les cultures.

Une interface homme-machine différente dans chaque pays

L’histoire du robot est toute récente, mais pourtant déjà émaillée, les robots n’ayant pas la même réputation dans chaque pays. Au Japon, ils sont à l’origine d’une fierté nationale à peine voilée. À l’inverse, les Français sont les plus réfractaires aux robots. Dans notre pays, l’engouement pour ces petites machines n’est pas aussi prononcé que dans certains pays industrialisés comme le Japon, les États-Unis, ou l’Allemagne – qui accueille six fois plus de machines robotisées que nous. Les raisons? Dans les années 80, la première génération d’automates robotiques dans les usines a été à l’origine de pertes d’emplois considérables. Dès l’origine, les Français – comme les Grecs, les Espagnols et les Portugais, contrairement aux Américains ou aux Japonais, sont plutôt restés impassibles face à cette technologie.

D’après Jean-Claude Heudin, spécialiste de l’intelligence artificielle et auteur de Les trois lois de la robotique: faut-il avoir peur des robots?, le phénomène de l’apparition des robots est intimement lié à la culture de l’homme. «Le robot y a toujours fait l’objet de fantasmes, le plus emblématique étant celui de la créature malfaisante qui se retourne contre son inventeur. Notre tradition religieuse y est pour beaucoup, qui, depuis le Décalogue, interdit de reproduire ici-bas ce que Dieu a créé. L’Occident est profondément dualiste. L’Asie, elle, n’a pas ces préventions. Dans la culture shintoïste japonaise par exemple, il y a continuité entre la nature, l’homme et les productions humaines», précise-t-il dans un entretien donné au magazine Le Point.

Aujourd’hui, les choses sont un peu différentes par rapport aux années 1980. Pour chaque robot, il faut une personne capable de contrôler les opérations effectuées par ce dernier, d’en faire la maintenance, etc. donc les risques de chômage dus à la filière s’effacent. Remplacer les hommes par des machines aux postes de l’industrie pourrait aussi augmenter les capacités de production, ainsi que freiner significativement les délocalisations des entreprises. Alors que la filière industrielle est en plein déclin – 800.000 emplois en moins depuis dix ans –, et que l’attractivité de celle-ci est écornée par le manque de main-d’œuvre et la pénibilité, la recherche dans la robotique ferait d’une pierre trois coups: créer un marché et un secteur de recherche florissant, remplacer et pallier les faiblesses des autres filières (services à la personne) et relocaliser la production sur le sol français. Jusque-là, que des bonnes nouvelles.

Des robots partout, des robots pour tout

Au Japon, la décontamination de la zone radioactive près de la centrale de Fukushima est actuellement une motivation supplémentaire quant à la création de robots capables de faire ce qui est impossible pour l’homme. Aussi, des androïdes ont-ils été fabriqués pour projeter de la glace, déplacer des charges lourdes, aller là où l’homme ne peut aller sans se mettre en danger. À problème moderne, solution encore plus moderne.

Dans un autre domaine, plusieurs entreprises, dont Toyota, ont aidé à la construction de Kirobo, un robot conçu pour ressembler à Astroboy, un héros de manga. Il sera destiné dans un premier temps à accompagner un astronaute, Koichi Wakata dans ses aventures spatiales. Certains critères devaient être suivis: il fallait que Kirobo ait des mouvements élégants dans ses déplacements en micro-gravité, qu’il puisse reconnaître les personnes et soit capable d’entretenir une conversation, voire être amusant. «Si nous parvenons à créer dans l’espace un environnement où un robot et un homme peuvent vivre harmonieusement et communiquer naturellement, nous dessinerons l’avenir commun des hommes et des robots. […] Comment faire en sorte que tout le monde ait un jour un petit robot comme on a un smartphone? C’est vers cela que je veux tendre et j’espère que ce sera une réalité dans la décennie à venir», confie M. Takahashi.

Voici donc l’apparition du concept de «robot de compagnie». Dans la même veine, certains robots sont créés dans le but de combler le manque de présence humaine. Telenoïd, petit robot blanc et lisse aux allures de fantôme, est un robot dit «câlin» développé par l’université d’Osaka. Il est relié au téléphone et mime les expressions humaines correspondant à l’humeur de celui qui est au bout du fil. Nao, un robot roulant de 40 cm, marche quand on lui donne la main, se lève tout seul et joue au foot. Ce robot est largement «utilisé» auprès d’enfants autistes. On trouve également Hovis Génie, qui excelle à prendre soin des personnes âgées en leur rappelant leurs prescriptions de médicaments, en les réveillant, ou en prenant leur tension. Dans ces deux derniers cas, ces robots peuvent être contrôlés à distance, par les parents ou par une équipe médicale, pour en assurer le bon fonctionnement.

La programmation d’émotions et le fait de destiner les robots à avoir des rapports «humains» accentuent cette tendance où le robot remplace l’animal de compagnie. On se souvient de l’engouement pour le tamagotchi, ce gadget électronique portable qui gloussait à coups de bips bips d’alertes quand il avait faim et qui avait rencontré un grand succès. Avec l’évolution de la technologie, inciter les personnes à entretenir des «relations affectives» avec les robots semble à l’ordre du jour. S’il semble difficile de s’émouvoir en entendant la voix mécanique du GPS qui nous demande de tourner à gauche, les prochaines inventions pourraient bien secouer notre cœur, d’ailleurs, c’est bien pour cela qu’elles sont programmées. 

IMPRIMANTE 3D, la «révolution» est-elle arrivée?

Pour leur machine à imprimer en trois dimensions, l’université Virginia Tech a choisi le nom de «Vendeuse de rêves» (Dream Vendor), concurrençant ainsi la «boîte à rêves» imaginée par l’université Berkeley. Plus qu’un simple slogan publicitaire, cette appellation se fait l’écho d’une certaine excitation quant aux nouvelles possibilités offertes par les imprimantes 3D. Barack Obama, dans son discours de l’Union du 12 mars, a prédit que cette nouvelle machine lancerait «la troisième révolution industrielle».

Mais, qu’est-ce qu’est cette «vendeuse de rêve»? Pour ceux qui ne les connaissent pas, les imprimantes 3D sont ces petits bijoux capables aussi bien de créer des stations lunaires, des mini-vaisseaux spatiaux, des poignées de portes, des armes à feu, etc. À quoi peut bien servir un mini-vaisseau spatial? Peu importe, l’essentiel, c’est que cela existe, que c’est possible et une utilité lui sera sûrement trouvée dans le futur.

Il n’y a de limite que l’imagination des créateurs, ils viennent de créer une machine qui crée des machines. Du fait même que la recherche ne soit pas unifiée, mais joue dans le domaine de la concurrence, on observe malheureusement des effets indésirables. Plutôt que d’évoluer dans un cadre défini par des règles, une morale et une éthique, le développement de la science est sujet à la concurrence, à l’économie de marché, aux besoins de défense militaire. Donc, comme pour la course à l’armement, le développement scientifique est propre à chaque unité de recherche, à chaque pays, et donc laissé à l’imagination des scientifiques en charge de leurs projets.

Le cerveau humain, inimitable et irremplaçable

Avant le GPS, on devait exercer sa capacité de visualisation, de géolocalisation et sa mémoire des lieux pour les trajets en voiture. En écrivant des lettres, on pouvait soigner (ou pas) son écriture. Les mains de nos ancêtres maniaient la plume, la bêche, l’ouvrage. Nos doigts à nous pianotent sur des ordinateurs, des portables, des écrans tactiles de reconnaissance, des digicodes, GPS et interfaces en tout genre.  Certes, les robots ne nous domineront pas car c’est toujours l’homme qui est à l’origine de la création de la machine et qui décidera de lui obéir.

Il existe cependant des applications indiquant comment mieux manger, mieux faire du sport et «trouver le bien-être». Autant de machines qui réfléchissent à notre place et qui nous disent ce qu’il faut faire, tourner à gauche en voiture, perdre du poids, répondre à nos messages, etc. En dépendant des machines que nous avons créées, nous avons aussi délaissé nos propres capacités à nous orienter, à faire du sport, à manger équilibré, en résumé nos capacités à penser par nous-mêmes avec raison.

Revenons au présent. Pas plus la science que nous-mêmes ne connaissons ni ne pouvons expliquer la totalité des capacités du cerveau humain. Il y a à peu près autant de neurones dans un cerveau qu’il y a d’étoiles dans la galaxie, c’est-à-dire environ 100 milliards. Chaque neurone est également en contact avec 10.000 autres cellules nerveuses, portant le chiffre des possibilités de connexions que peuvent établir les neurones entre eux à un million de milliards. Bien que l’on puisse observer des étoiles très éloignées et expliquer leur composition et fonctionnement, l’être humain ne comprend pas l’outil même qui lui sert à réfléchir. Si on la compare à un magnétoscope, la mémoire humaine, selon les recherches scientifiques, serait capable d’enregistrer l’équivalent de trois millions d’heures de programme télévisé.

Dans les recherches actuellement menées, on peut voir et définir l’action de zones spécifiques du cerveau. On comprend le potentiel du cerveau, ses diverses compétences, mais il nous reste encore à découvrir ce qu’est la pensée: ni une cellule, ni une molécule, ni un neuro-transmetteur, ni une connexion neuronale, ne peut en expliquer son origine… au mieux, c’est un mystère.


La science-fiction à nos portes

Les célèbres «Trois lois de la robotique», imaginées par Isaac Asimov, ont donné un cadre à ce que pourrait être un robot dans l’imagination populaire.

1re loi: un robot ne peut nuire à l’humain.

2e loi: un robot doit obéir aux ordres donnés par l’homme.

3e loi: un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou deuxième loi. 

L’idée d’une créature qui échappe au contrôle de son créateur constitue une intrigue courante de la science-fiction. Pourtant, le robot a été crée par l’homme. Ou, plus précisément, par la science. Bien qu’il ne soit pas réaliste d’envisager d’être dominé de manière physique ou brutale par nos machines, on peut être dominé par un manque de raisonnement.

Quand la science technique d’aujourd’hui se mélange avec la science-fiction, celle-ci peut devenir un domaine de croyance populaire. Ainsi, le robot devient l’«outil» rêvé qui permet à l’homme d’échapper à sa condition. Dominer la matière, voyager dans l’espace, vaincre les effets du temps, etc. l’imagination galope. On peut s’interroger sur le manque de raisonnement que produisent l’excitation et la fascination des robots et des possibilités qu’ils offrent. Peut-être que pour une partie des hommes, il est plus important de savoir ce qu’il est possible de créer que de savoir pourquoi le faire.

Dans les œuvres de science-fiction, la question «qu’arrivera t-il s’il est permis à l’homme de posséder une maîtrise telle de la technologie?» servait de trame et diffusait le suspens. On rêve désormais à voix haute de possibilités qui, de leur temps, faisaient frissonner les anciens auteurs de science-fiction, ce qui pourrait être en droit de nous faire frissonner.


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