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Les business modèles du secteur de l’énergie remis en cause par le changement climatique

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
14.05.2013
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  • Les résultats financiers d’Apple du deuxième trimestre de son exercice fiscal 2013 témoigne d’une croissance ralentie avec un recul de son bénéfice net équivalent à -18% sur un an. (Justin Sullivan/Getty Images)

Deux évènements très importants pour l’économie et le climat ont ponctué l’actualité de la semaine passée. Côté climat, la NOAA (National Oceanic Atmospheric Administration) américaine a annoncé pour la première fois un dépassement du seuil de 400 parties par millions (ppm) de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Comme en écho, le groupe de recherche anglais Carbon Tracker associé au Grantham Research Institute publiaient un rapport intitulé Unburnable Carbon 2013: wasted capital and stranded assets, au sujet de l’évaluation financière excessive des entreprises exploitant les énergies fossiles.

Le seuil des 400 ppm de CO2 atteint pour la première fois depuis 800.000 ans

L’analyse des carottages effectués dans les glaces de l’Antarctique a démontré que, depuis environ 800.000 ans jusqu’au début de la révolution industrielle en 1850, la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère n’a jamais dépassé la valeur de 300 ppm. En 1958, la station américaine d’Hawaï, située à 3.400 m d’altitude sur le Mauna Loa, affichait une valeur de 316 ppm, en légère augmentation par rapport à 1850. Or les mesures effectuées depuis 65 ans sur le Mauna Loa et ailleurs sur le globe, confirment une hausse continue de la concentration de CO2, pour atteindre le record de ces derniers jours à 400 ppm.

Selon Ralph Keeling, un chercheur de la Scripps Institution of Oceanography de San Diego et responsable de l’analyse des données du Mauna Loa, il est fort probable qu’au rythme actuel «nous atteindrons les 450 ppm dans quelques décennies». Les scientifiques tentent de faire des carottages plus profonds dans l’Antarctique, afin de remonter au-delà de 800.000 ans. Mais Bob Ward, le directeur de la communication de l’Institut de recherche Grantham sur le changement climatique et l’environnement à la London School of Economics and Political Science (LSE), est plus affirmatif: «La dernière fois que la planète a connu une concentration de plus de 400 ppm de CO2, c’était il y a environ 3 millions d’années, quand la température globale était deux à trois degrés plus élevée qu’à l’ère pré-industrielle».

Des conséquences écologiques et économiques incalculables

Dans une interview rapportée par le journal Le Monde, le secrétaire général de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) précise que «La variabilité naturelle du climat a toujours donné lieu à des extrêmes, mais les caractéristiques physiques de ces phénomènes météorologiques et climatiques résultent de plus en plus du changement climatique».

Certains se réjouissent de la fonte des glaces de l’Arctique, qui permettra de mieux rentabiliser le trafic maritime et d’accéder à de nouvelles ressources minières et énergétiques auparavant inaccessibles, mais les risques économiques liés au réchauffement sont bien plus importants. En effet, la réduction des calottes polaires pourrait faire monter le niveau des mers d’environ 20 mètres, et favoriser des mouvements de population incontrôlables. Par ailleurs, les phénomènes météorologiques extrêmes devenir beaucoup plus fréquents et dévastateurs qu’aujourd’hui, ce que confirme l’OMM dans son bilan 2012. Enfin, la hausse des températures favorise l’acidification des océans, ce que confirment les spécialistes internationaux réunis la semaine dernière en Norvège, avec des risques importants pour l’industrie de la pêche.

Bob Ward résume ainsi la situation: «nous sommes en train de créer un climat préhistorique dans lequel notre société va devoir faire face à des risques énormes et potentiellement catastrophiques».

La surévaluation financière des sociétés pétrolières, charbonnières et gazières

Pour éviter ces catastrophes prévisibles aux conséquences incalculables, la conférence internationale sur le climat de Cancun en 2010 a fini par admettre qu’il fallait faire le nécessaire afin de ne pas dépasser une hausse de 2°C des températures d’ici 2050.

Cette hypothèse, qui constitue le seul réel accord entre tous les participants, est à la base du rapport publié la semaine dernière par le Carbon Tracker et le Grantham Research Institute, un laboratoire de la London School of Economics (LES). Elle signifie donc qu’il ne faut pas dépasser, au niveau mondial, un maximum de 886 GT (Giga Tonnes = milliards de tonnes) de CO2 émis dans l’atmosphère entre les années 2000 et 2050.

En termes économiques, il s’agit donc d’un budget à ne pas dépasser. Et comme rien n’a été réellement fait depuis l’année 2000 afin de diminuer les émissions de CO2, le budget résiduel maximum est maintenant de 565 GT. Or il s’avère que les 200 plus importantes entreprises minières listées sur les marchés de capitaux, en particulier pétrolières, charbonnières et gazières, détiennent non seulement déjà des réserves assimilables à 745 GT de CO2, c’est à dire plus que le budget maximum alloué. Pire, elles investissent des sommes gigantesques (évaluées à 647 milliards de dollars par an) afin d’accroitre leurs réserves minières, qui pourraient alors atteindre d’ici 2050 le volume de 1541 GT, soit 3 fois les réserves utilisables! 

Selon le Carbon Tracker, et la banque HSBC qui prend ce problème très au sérieux, maintenir le budget d’émissions de CO2 à 565 GT revient donc à considérer que les entreprises minières disposent globalement de réserves énormes qu’elles ne pourront jamais revendre et qu’elles investissent à perte dans des projets d’extraction qui ne sont pas valorisables. De plus, même si les coûteux projets de captation et d’enfouissement du CO2 sur lesquels ces entreprises comptent pour se donner une image verte deviennent un jour viables, ils ne pourront jamais faire mieux que repousser l’échéance de quelques années. Or la valeur boursière de ces entreprises a toujours été directement liée aux volumes de leurs réserves et de leurs investissements miniers.

Autrement dit, et c’est la conclusion de ce rapport, les entreprises minières, ceux qui les évaluent, les marchés financiers et in fine les gouvernements des pays disposant de grandes ressources minières vont tous dans la mauvaise direction. Et plus le réveil sera tardif, plus il sera douloureux pour l’économie et la finance mondiale dans son ensemble. Il faut saluer ce rapport et le courage de ceux qui en sont à l’origine, car il n’hésite pas à tirer la sonnette d’alarme auprès des investisseurs en leur démontrant, avec leur propre langage, qu’ils font financièrement fausse route. Il devrait être sur la table de chevet de tous les décideurs politiques et financiers.

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