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Éducation, le meilleur est à venir?

Écrit par Frédérique Privat, Epoch Times
16.05.2013
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  • Elèves d’une classe maternelle utilisant des tablettes tactiles, à Haguenau au nord de l’Alsace en mars 2013. (Frederick Florin/AFP/Getty Images)

L’Université de la Terre s’est déroulée le 27 avril dernier à l’Unesco (voir article «Peut-on construire un monde meilleur», édition 244). Parmi les 18 ateliers proposés tout au long de cette journée sur le thème prometteur du «meilleur est à venir», l’éducation a été abordée sous le titre: «l’éducation comme clé du changement». Des invités aux compétences variées étaient présents afin d’échanger sur les grandes transformations que connaîtront ou que connaissent déjà les différents acteurs de l’éducation: Thomas D’Ansembourg, psychothérapeute, Vincent Berger, président de l’université Paris Diderot, Jean-Paul Capitani, directeur des éditions Actes Sud et Fabrice Bardèche, vice-président de IONIS Education Group.

L’information en ligne

C’est en bout de chaîne chronologique du processus de l’éducation publique qu’a débuté cet échange avec l’intervention de Vincent Berger, sur l’appropriation d’internet pour la transmission des savoirs universitaires. «L’éducation a des racines amères, mais ses fruits sont doux», déclarait le philosophe grec Aristote. En effet, dans un futur proche, les étudiants n’auront plus l’obligation de s’asseoir pendant des heures sur les bancs des amphithéâtres. Jusqu’à présent, l’enseignement du professeur constituait l’unique vecteur de transmission du savoir dont l’appropriation par l’étudiant permettrait l’accès aux indispensables diplômes.

Aujourd’hui, la plupart des ressources sont disponibles en ligne, permettant à davantage de personnes d’accéder aux informations sans pourtant être présents physiquement devant le professeur. C’est une ouverture réelle pour les personnes handicapées, les travailleurs en formation continue, et plus largement pour les étudiants d’autres régions ou pays. Mais «information» ne signifie pas «savoir».

Se pose également la question éthique du recrutement des entreprises vis-à-vis des comportements des étudiants sur internet. Des profils psycho-sociaux peuvent être ainsi réalisés et utilisés ensuite par les recruteurs. La question des évaluations, de leur nécessité et des modalités de leur mise en œuvre se place alors à un autre niveau.

Fabrice Bardèche confirme les avantages de cet outil en dissipant les craintes qui pourraient se cristalliser autour d’un isolement de l’étudiant. Rester seul devant son ordinateur favorise la désocialisation et le repli sur soi, à l’inverse des valeurs de l’éducation, sensée amener l’élève à l’ouverture sur lui-même, l’autre et le monde. Selon M. Bardèche, internet est un outil de communication, permettant l’interaction avec les autres.

Ce n’est donc plus une simple avancée technologique mais un véritable enjeu de civilisation qui s’offre aux jeunes étudiants, nécessitant suffisamment de discernement pour en tirer le bon parti. En effet, l’enseignement étant dématérialisé en ligne, il pourrait s’établir une nouvelle forme d’enseignement sous forme de coaching entre l’enseignant et l’élève, qui sans cela n’aurait pas la motivation ou l’orientation nécessaire à tout apprentissage.

Le respect au sein de l’enseignement

La relation enseignant-élève aux dernières étapes de l’éducation s’établit pourtant dès les premières années, définissant et mettant en place le rapport de confiance entre l’élève et la transmission du savoir.

Or, ce rapport de confiance peut subir de sérieuses altérations au cours de la scolarité de l’enfant. Selon Jean-Paul Capitani, l’école, telle qu’elle se présente maintenant, peut constituer un moule «traumatisant et déformant» pour bon nombre d’enfants.

Traumatisant et déformant, car l’école ne tient pas compte de l’enfant en tant qu’individu, mais en tant qu’élément d’un groupe devant évoluer de concert. Dans cette optique, il rappelle entre autres l’importance de revenir au travail concret avec les enfants, afin de leur permettre de discerner le monde virtuel des nouvelles technologies au monde réel, se traduisant par la nature, l’Homme, la société et ces aspects tangibles développant le raisonnement, la compréhension et l’altruisme de l’enfant.

Vincent Berger propose de rétablir un certain équilibre en «réconciliant le partage et l’individualisme», la réussite passant selon lui par la notion de «respect». Thomas D’Ansembourg a précisé ainsi que le respect doit s’établir dans les deux sens entre le professeur et les élèves. Le respect de l’élève passera ainsi par la reconnaissance de son individualité et de ses capacités propres. Si tous les enfants n’évoluent pas identiquement dans les différentes disciplines, c’est qu’ils ont des aptitudes pour des activités plus que pour d’autres et certains présenteront aussi de l’intérêt pour des domaines d’activités parfois peu relayés à l’école.

L’intelligence sous-évaluée

Selon la théorie des «intelligences multiples» définie par Howard Gardner, professeur d’université à Harvard, chacun possède en lui huit types d’intelligences plus ou moins développées selon l’individu: l’intelligence verbale-linguistique, (en lien avec les langues, l’oral et l’écrit); l’intelligence logico-mathématique (la capacité à raisonner, compte et calculer); l’intelligence visuelle-spatiale (qui permet de créer des images mentales et de représenter le monde en trois dimensions); l’intelligence musicale-rythmique (aptitude aux structures rythmiques et musicales); l’intelligence corporelle-kinesthésique (capacité à utiliser son corps et à développer une habileté motrice); l’intelligence interpersonnelle (qui favorise les échanges avec les autres); l’intelligence intrapersonnelle (qui permet de mieux se connaître soi-même) et enfin l’intelligence naturaliste (qui permet de reconnaître et classifier les éléments présents dans la nature).

Ces huit types d’intelligences, répertoriées grâce à des travaux de recherches approfondis de la part de M. Gardner, ont permis d’ouvrir considérablement le champ de l’intelligence, jusque-là cantonnée essentiellement aux intelligences verbale et mathématique. En effet, les intelligences verbale-linguistique et logico-mathématique ont encore la priorité des enseignements à l’école: savoir lire, écrire, compter et calculer sont les bases de toute instruction. Or, Howard Gardner explique qu’elles ne sont pour autant pas les intelligences les plus actives chez bon nombre d’enfants mis en difficulté à l’école.

Afin de valoriser ces enfants et leur permettre d’acquérir les bases en rapport avec leurs aptitudes, il est nécessaire d’introduire des activités utilisant les autres types d’intelligence. Bruno Hourst, ingénieur et chercheur en pédagogies nouvelles, propose quelques activités (1) correspondant à chaque type d’intelligence. Il démontre que toutes les notions étudiées aujourd’hui à l’école, peuvent être introduites différemment et susciter l’intérêt des enfants ayant plutôt développé telle ou telle intelligence.

Vers un nouveau type d’enseignement

Tout enfant dispose d’un type d’intelligence qu’il convient de solliciter pour acquérir les savoirs collectifs nécessaires à son intégration sociale. Bien que nécessitant une adaptation de l’enseignant à ce type d’enseignement tourné davantage vers une approche individualiste de l’enfant et une pédagogie différenciée, cela constitue un formidable levier d’intégration des enfants dits «en difficulté», et une marque de respect de l’enfant en tant que personne à part entière à venir.

Mais la notion de respect au sein de l’enseignement ne s’arrête pas à celui de l’enfant: le respect de l’enseignant, autrefois valeur universellement acquise, est aujourd’hui fortement érodé. Cette érosion, causée en général par des facteurs sociétaux extérieurs à l’école, contribue malheureusement à la dégradation de la qualité de la transmission du savoir. En effet, le respect du professeur est dépendant du respect présent au sein des familles des élèves, mais aussi au sein de la hiérarchie et au sein des politiques publiques.

Le métier d’enseignant, issu pour beaucoup d’une vocation à aider et construire, est considéré dans la société comme un statut social. Les enseignants français ont notamment une rémunération parmi les plus basses d’Europe avec un rôle souvent mal reconnu. Ils sont pourtant en première ligne du mal-être social et des contradictions de la société. Il convient alors de se demander comment replacer l’éducation et la transmission du savoir au cœur du fonctionnement de la nation pour apporter le meilleur à ses citoyens de demain.

(1) À l’école des intelligences multiples, Bruno Hourst, Hachette Education.

Guide pour enseigner autrement selon la théorie des intelligences multiples, Bruno Hourst, Retz, disponible pour la maternelle et le cycle 3.

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