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Le Péloponnèse, un petit goût de paradis

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
17.05.2013
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  • Le port de Githio étire au creux du golfe de Laconie son quai jalonné de jolies façades aux volets colorés. (Charles Mahaux)

Pour préparer vos vacances d’été et même d’automne, le Péloponnèse se prête à un voyage itinérant avec, à chaque étape, sa double facette de patrimoine culturel et naturel. Ce n’est pas pour rien que la mythologie grecque s’enracine dans la presqu’île et que toutes les civilisations y ont laissé des traces! Mer bleue et chaude, villages de pierre authentiques, visites de sites historiques remarquables, découvertes gastronomiques et prix doux… Que demander de plus?

À 80 km à peine d’Athènes, Corinthe est la porte d’entrée du Péloponnèse. C’est ici que cette presqu’île est reliée au continent par une bande de terre, l’isthme de Corinthe, percé en 1893 par un canal – une rigole disent les Grecs – qui relie les mers Égée et Ionienne. Sa longueur rectiligne et son étroitesse attirent les curieux, surtout lorsqu’un bateau se glisse entre les parois lisses et verticales qui semblent hachées au couteau. Avant de partir à la découverte des sites antiques qui jalonnent la région, pourquoi ne pas prendre quartier à Loutraki, au bord de la mer? Le charme désuet de cette petite ville d’eau qui s’étire le long d’une étroite plage de graviers offre une vue exceptionnelle sur le golfe de Corinthe et la silhouette massive du Péloponnèse auréolée de pourpre et d’or au coucher du soleil.

 

Terre des dieux

Corinthe, Olympie, Sparte, Messène, Épidaure, Tirynthe ou Mycènes, autant de sites antiques dont les seuls noms évoquent des civilisations lointaines qui ont rempli les pages de nos livres d’histoire. Il suffit de quelques pas sur les allées pavées qui bordent les vestiges des anciens sanctuaires pour que les héros et les divinités qui ont bercé nos rêves d’adolescent prennent vie. La fascination est toujours aussi vivace.

Comment ne pas succomber au charme d’Olympie, ce vaste sanctuaire dédié à Zeus qui présidait les jeux et recevait les sacrifices des athlètes. C’est en 776 av. J.-C. qu’eurent lieu les premiers Jeux olympiques et durant 12 siècles, Olympie a réuni, le temps d’une trêve sacrée d’un mois, les cités grecques, amies et ennemies, autour de compétitions sportives sous tendues par un idéal de paix. Avant de concourir, les athlètes se recueillaient devant l’autel de Zeus et, à l’issue de chaque épreuve, le vainqueur recevait une palme puis, le dernier jour des jeux, une couronne de rameaux d’olivier taillés dans un arbre sacré avec une serpe d’or. En flânant entre les ruines qui émaillent le site, on est saisi par la sérénité qui règne encore sur les lieux. On imagine l’entraînement des athlètes dans la cour enfermée par un alignement de doubles colonnades, on s’incline devant l’imposante masse des colossales colonnes du temple de Zeus qui jonchent aujourd’hui le sol, on croit entendre les vivats des 45 000 spectateurs qui encourageaient les coureurs sur la piste du stade…

  • Du fameux sanctuaire d’Epidaure dédié au dieu guérisseur Esculape, seul le théâtre est demeuré intact, un théâtre qui déploie sa conque de marbre dans une superbe pinède. (Charles Mahaux)

Le site d’Épidaure est encore à l’état de casse-tête et il faut au néophyte beaucoup de bonne volonté pour déceler ce que fut la vie autrefois dans ce sanctuaire consacré au dieu guérisseur Asclepios. On y pratiquait la médecine par les songes et sans aucun doute croyait-on à la vertu apaisante des spectacles donnés dans le plus accompli des théâtres grecs. Érigé au milieu des montagnes tapissées de verdure, l’amphithéâtre est doté d’une acoustique exceptionnelle, à tel point que même des gradins les plus élevés, on peut entendre résonner une pièce qui tombe sur la scène. Pas étonnant que les touristes s’amusent à y déclamer des textes pour le plus grand plaisir des spectateurs occasionnels qui applaudissent tout comme le public il y a 6000 ans.

C’est encore au dieu Asclepios qu’un temple a été édifié à Ithomi, l’ancienne capitale de la Messénie, où ont été exhumés et restaurés des pans entiers du site. S’asseoir sur les gradins du théâtre qui ouvre sur une scène tapissée de dalles de marbre polychromes ou encore sur les degrés en fer à cheval qui encadrent le stade cerné de portiques dont de nombreuses colonnes ont été redressées, c’est s’offrir une merveilleuse incursion dans le passé. Au cœur de cette vallée riante adossée au mont Ithomi et ombragée par des oliviers centenaires, l’imagination se laisse emporter pour vagabonder à l’époque où le général Épaminondas a édifié ici une ville prospère pour stopper l’expansionnisme de Sparte. Pour protéger la cité, il a construit, sur près de 9 km, une gigantesque muraille qui serpentait entre la plaine et la montagne en épousant les moindres contours du relief. Aujourd’hui encore, la route emprunte la monumentale porte d’Arcadie dont l’appareillage des murs de type cyclopéen stupéfie le visiteur.

Terre de pèlerinage

Le calendrier orthodoxe compte environ 300 saints et le pays foisonne d’églises byzantines, de la chapelle familiale la plus humble au monastère le plus imposant, qui s’animent de services religieux et de festivités mêlant piété et plaisirs profanes à l’occasion de la fête du saint patron avant de replonger dans une apparente torpeur qui surprend toujours le touriste d’un jour.

Contrastes à vivre, entre autres, à Mystra, l’ancienne capitale byzantine d’un territoire qui couvrait presque tout le Péloponnèse au XIVe siècle. Surmontés par une imposante forteresse franque perchée sur un éperon rocheux et noyée dans une végétation touffue, les vestiges de la cité s’étagent sur les flancs de la colline, offrant un aperçu saisissant d’un empire brisé : dédale de maisons détruites, de palais éventrés, de portes monumentales et d’églises chapeautées de coupoles qui symbolisent la voûte céleste. Un sentier plus raide débouche sous le portique du monastère de Pantanassa, adossé aux murailles de la ville haute. Des chats s’étirent au soleil dans une cour fleurie où bruisse une fontaine, une nonne vêtue de noir surgit au détour d’une arcade. Sans un regard pour le visiteur, elle glisse le long des murs. Un escalier invite à grimper vers l’église où le silence est encore plus perceptible, à l’image de cette autre nonne dont la silhouette sombre semble statufiée. Les murs sont décorés de superbes fresques dont le réalisme dans l’expression des personnages et des décors naturels s’accentue encore dans la lumière vacillante des chandelles offertes par les visiteurs, troublés par la force de la foi qui habite ces moniales.

 

 

 

  • Vertigineuse quiétude du monastère Ioannis Prodromou suspendu à la falaise. (Charles Mahaux)

La même exaltation muette se manifeste dans les murs des monastères suspendus à flanc de falaises, au-dessus de gorges profondes. Scellé à la façade rocheuse qui surplombe le canyon de Lousios, le monastère Ioannis Prodromou semble défier la terre, telle une forteresse de la foi dressée contre les agressions du monde extérieur. Une visite qui se mérite, car la promenade est longue et ardue pour atteindre le site. Couverts d’un paréo qui cache jambes et bras nus, les rares visiteurs s’égarent en silence entre escaliers et coursives, d’un espace à l’autre. Une porte qui s’entrouvre, une longue silhouette vêtue de noir, des pas feutrés, c’est à peine si on perçoit la présence des quelques moines qui invitent ainsi leurs hôtes à se recueillir dans le silence. Une odeur d’encens imprègne les lieux, la roche noircie par la fumée des bougies est tapissée d’icônes et d’anciennes fresques. La vue qui s’ouvre sur le ciel depuis les balcons est immense, à l’image du plongeon de l’âme dans un monde de vertige.

Visages secrets d’une Grèce rustique

Malgré son millier de kilomètres de côtes, le Péloponnèse est aussi montagnard et agreste. Même si les villages se sont vidés de leur jeunesse éblouie par les lumières de la capitale, les aléas de la crise monétaire ramènent au pays une nouvelle génération prête à retourner à la terre, à s’y enraciner. L’Arcadie, au cœur de la presqu’île, est hérissée d’austères montagnes de schiste dont les flancs dévalent vers d’étroites vallées. Pour ouvrir leur horizon et se protéger d’éventuels envahisseurs, les villages se sont perchés sur des buttes.

Andritsena, Karitena, Stemnitsa, Dimitsana, Figalia, autant de hameaux perchés qui déroulent leurs ruelles étroites et pavées entre des maisons patriciennes ornées de balcons en bois et coiffées de toits de tuiles. Quelques boutiques d’un autre âge font encore la part belle à l’artisanat local : du miel parfumé, des tapis de laine, des nappes brodées, des cannes de berger, des confitures de fruits sauvages,… D’un bourg à l’autre, la route tortueuse serpente le long des gorges de l’Alphios ou du Lousios, ouvrant de superbes panoramas sur les montagnes tapissées de forêts de sapins, taches sombres auxquelles succèdent sur les coteaux des noyers, des pruniers et des cerisiers.

Paradis des randonneurs, chaque village propose des sentiers balisés qui mènent à d’innombrables trésors cachés : ruines antiques, fontaines scellées dans la pierre, chapelles byzantines, cascades bondissantes… Quel plaisir au retour de s’asseoir à l’ombre d’un platane dans un kafeneion où le café grec a un goût hors du temps à l’image des paysans attablés qui ne se laissent guère distraire par les touristes égarés dans l’arrière-pays.

Plus au sud de la presqu’île, dans la petite péninsule du Magne, d’autres villages de pierre se nichent au creux de criques enserrées dans un écrin de hautes falaises ou encore se juchent sur des éperons rocheux dans un décor âpre ouvert sur le golfe de Messénie. Loin de la douceur habituelle des rivages grecs et de l’effervescence qui règne sur les sites antiques, le Magne s’étire entre l’imposante épine dorsale des monts Sangios et les eaux bleues de la Méditerranée. Les ondoyantes oliveraies qui font la réputation de Kalamata cèdent la place à un paysage de buttes pelées, royaume de chèvres dont les clochettes qui résonnent semblent souvent être le seul signe de vie dans ces terres arides.

Liméni, Gerolimenas, Marmari, Porto Kagio, autant de ports minuscules établis au fond d’une anse cernée de pentes abruptes. D’humbles barques colorées dansent sur l’eau et des filets de pêche sont tirés sur la plage de galets en attendant la prochaine sortie qui alimente les rares tavernes dont les terrasses se déploient à l’ombre de figuiers. Chaque village se hérisse de hautes maisons carrées dont l’étroite silhouette grise, percée de meurtrières, a des allures de sentinelle figée dans la pierre. C’est que les Maniotes sont réputés pour leur caractère farouchement indépendant et leur tempérament guerrier. Depuis le Moyen Âge jusqu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ils ont résisté aux envahisseurs de tout poil, Byzantins, Francs, Vénitiens ou Turcs, et ils ont déclenché de sombres vendettas contre des hameaux voisins, voire des clans ennemis du même village. Ces conflits meurtriers ont permis de maintenir cette architecture particulière qui confère aujourd’hui à ces villages marqués par un exode massif une ambiance d’abandon surréaliste. Vathia, hérissée d’une dizaine de tours, a vu la plupart de ses maisons fortifiées abandonnées aux chats et aux ronces. Toutefois, le village reprend vie peu à peu, au rythme des réhabilitations souvent réalisées par des investisseurs qui installent dans ce décor historique des maisons d’hôtes bien attrayantes pour ceux qui sont séduits par ce paysage de landes battues par les vents.

Cap sur la côte

La mer n’est jamais loin quand on se perd dans les paysages verdoyants de l’arrière-pays tapissé d’oliveraies, de vignes et de vergers d’agrumes. Sur un millier de kilomètres, le Péloponnèse déroule un littoral souvent déchiqueté, ponctué de ports paisibles. Katakolo, Finikounda, Plaka, autant de petites stations balnéaires pittoresques et animées durant l’été. Les quais occupés par un cordon de terrasses invitent à s’y retrouver en familles, entre amis, à déguster le poisson pêché le matin même. À quelques mètres à peine, les enfants s’ébattent dans les flots bleus de la mer qui vient mourir dans un soupir sur une courte plage de galets ronds. Charme indicible des soirées douces, bercées par le clapotis des vagues qui s’écrasent sur les barques des pêcheurs.

Étalé en amphithéâtre face à la mer, Pylos sommeille au fond d’une des plus belles rades de la Grèce. Toute la vie se concentre sur sa place dont les platanes séculaires ombragent des kafeneions bavards. Ancien port de Sparte, Gythion dévoile son front de mer en arc de cercle. Bordé de jolies façades néoclassiques, un port pittoresque réunit chaque matin les pêcheurs de poulpes qui sèchent les prises de la journée au soleil avant de les servir le soir aux tables des restaurants, alignées le long du quai.

  • Nauplie est un de ces lieux de charme qui invite à conjuguer le shopping dans ses venelles avec le verre d’ouzo à l’ombre d’un palmier sur les places. (Charles Mahaux)

Les amateurs de vieilles pierres ne sont pas en reste. Le long des côtes découpées s’égrènent des forteresses, témoins du passage des Francs, des Vénitiens ou des Ottomans. Couronnée par une citadelle vénitienne juchée sur la crête d’une butte rocheuse, Nauplie a préservé son ambiance italienne avec ses ruelles pavées de marbre et tirées au cordeau le long du port. Royaume du shopping, la vieille ville invite à se perdre entre ses placettes ombragées et ses ruelles longées de maisons couleur pastel qui abritent des ateliers d’artistes, des boutiques branchées et des restaurants alléchants.

Curieusement Methoni tourne le dos à la mer et à l’impressionnante citadelle qui occupe tout un promontoire se prolongeant dans la mer et se terminant par un îlot relié au continent par une digue étroite. Même s’il ne reste plus que des éboulis de pierres sur la vaste esplanade envahie par les herbes sauvages, s’y promener plonge le visiteur dans l’ambiance médiévale de jadis quand le port jouait un rôle stratégique sur la route de Constantinople et de la Terre sainte. Un fortin érigé sur l’îlot semble jaillir des flots. Du chemin de ronde s’ouvre un large panorama sur le port, la rade et la paisible plage de sable fin, qui s’étire au pied des murailles.

Quand on voit surgir le gigantesque rocher de Monemvasia relié au continent par une mince langue de terre, on n’imagine guère le joyau qui se cache derrière ce vaisseau de pierre battu par les flots qui le cernent. Une cité médiévale invisible depuis la péninsule est accrochée aux flancs du rocher, à l’abri de remparts qui l’enserrent depuis la ville basse jusqu’à la ville haute couronnée par un champ de ruines éparses. Seule la basilique Sainte-Sophie a échappé à la destruction. La montée est ardue, mais la vue sur la mer et les toits de la ville basse est incomparable. Quand on pénètre dans son enceinte, on se sent happé par l’histoire de ces habitants qui vécurent ici, à l’abri de ces minuscules maisons de pierre, agglutinées les unes sur les autres. Se perdre dans le lacis des venelles de la ville basse, entre des passages voûtés, des volées d’escaliers et des chemins de garde, c’est plonger avec ravissement dans les racines de l’histoire de notre civilisation.

Infos pratiques

Infos : Des sites incontournables et assez complets : http://www.visitgreece.gr/ et http://www.aroundpeloponnese.com/

Quand partir : Le Péloponnèse se visite toute l’année et on peut s’y baigner de mai à octobre. Le printemps et l’automne sont les meilleures saisons sans trop d’affluence sur les sites.

Y aller : Aegean Airlines, primée Best Regional Airline en Europe parmi 216 compagnies, offre le meilleur rapport qualité/prix dans des avions confortables avec repas inclus. Sur place, http://www.maniatistravel.com/, spécialiste du Péloponnèse, peut vous organiser un séjour itinérant  ou tout simplement vous louer un véhicule. Les routes sont bonnes et les plus petits véhicules ont le mérite de se faufiler aisément partout.

Se loger : Entre mer et montagne, le Péloponnèse propose de tout et à tous les prix. À l’arrivée comme au départ, Loutraki, près du canal de Corinthe est une étape de choix en bord de mer, avec vue sur le massif du Péloponnèse http://www.clubhotelloutraki.gr/. Non loin d’Olympie, www.aldemarhotels.com, étonnant labyrinthe de piscines et de bungalows au bord de la mer. En Arcadie, l’hôtel boutique d’un design luxueux inattendu dans ce paysage de montagnes http://www.selenisuites.com/ est un point d’ancrage idéal pour sillonner les villages de pierre. À Kalamata, une étape sur le port http://www.elektrahotelspa.gr/gr/ avec un spa sur le toit. Face au rocher de Monemvasia, le superbe hôtel boutique http://www.kinsternahotel.gr/ offre un confort exceptionnel dans un décor de rêve qui rime avec élégance, luxe et raffinement. Une adresse incontournable pour une nuit ou un repas. Près de Nauplie, au cœur de vignes et de vergers d’agrumes, le http://www.hotelperivoli.com/ est une étape toute en douceur et à prix doux pour ceux qui veulent visiter les sites proches d’Épidaure, Tirynthe et Mycènes.

Se restaurer : Reflet d’une terre d’échanges, la cuisine grecque intègre les éléments de la gastronomie turque comme dans les pâtisseries fondantes et sucrées. Cuisine de soleil, les légumes, les épices, le miel et l’huile d’olive sont prépondérants. Le Péloponnèse produit du vin de qualité comme le blanc de Mantinia ou le rouge de Néméa.

 

 

 

   

 

     

 

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