Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Cuba: une ère post-Castro se dessine

Écrit par Arturo Lopez-Levy
20.05.2013
| A-/A+
  • Des touristes à bord d’une Mercury entièrement restaurée se promènent le long de la côte à La Havane le 18 mars 2013. Après un demi-siècle d’égalitarisme et d’austérité, le luxe réapparaît lentement dans la société cubaine porté par les réformes économiques du président cubain Raul Castro. (Adalberto Roque/AFP/Getty Images)

Avec une ère post-Castro qui se profile à l’horizon, l’administration Obama devrait se forger une volonté politique dans le but de préparer les États-Unis pour février 2018, date à laquelle ni Fidel ni Raúl Castro ne seront plus à la tête de l’État cubain.

En 1960, lorsque le nouveau premier vice-président cubain Miguel Diaz Canel est né, Fidel Castro était déjà à la tête de Cuba depuis un an. Ni les Beatles, ni les Rolling Stones n’avaient conquis le rock and roll. Dwight D. Eisenhower était élu aux États-Unis, devenant le premier des 11 présidents des États-Unis, Obama compris, à appliquer la politique de blocus manqué contre le régime de Castro et le projet politique qu’il représente.

Mais contre le temps, il n’y a pas de victoire. En 2006, la maladie de Fidel Castro a contraint le premier changement de dirigeant cubain depuis 1959. Raúl, alors âgé de 76 ans, a remplacé Fidel qui en avait presque 80. Malgré le fait qu’il s’agissait d’une succession entre frères de la même génération, la présidence de Raúl Castro a eu des conséquences importantes sur la politique et l’économie cubaine.

Face à la perte du leadership charismatique de Fidel, le Parti communiste cubain a commencé un processus de réforme économique et de libéralisation politique afin de reconstruire sa capacité à gouverner dans ces nouvelles conditions.

Au cours des cinq dernières années, le gouvernement cubain a créé une importante base institutionnelle pour la transition vers une économie mixte, symbolisée par l’encouragement aux entreprises non étatiques, et une relation post-totalitaire entre l’État et la société civile, qui se traduit par une détente envers les restrictions de voyage. Avec l’élection du nouveau Conseil d’État le 24 février, la dernière phase de la transition vers une ère post-Castro a commencé.

Castro a été réélu président, mais pour la première fois un leader né après 1959, Miguel Diaz Canel, est devenu le commandant en second. Bien que cette transition se déroule avec le même parti et président au pouvoir, c’est à la fois, une nouvelle façon de gouverner et un changement de priorités qui sont perceptibles.

Diaz-Canel fait partie du réseau des tsars du parti provincial qui ont joué un rôle très important dans la mise en œuvre des modifications proposées, notamment la décentralisation. Ayant travaillé dans le centre et l’est de Cuba, le nouveau premier vice-président a des liens cordiaux avec les commandants régionaux des forces armées, qui, avec le Parti communiste, constituent l’autre pilier du système cubain actuel. C’est un civil, le premier dans la succession à avoir autant d’expérience militaire, mais il est ancré dans des réseaux de pouvoir et versé dans la gestion contrôlée des réformes.

Les défis des dirigeants cubains et américains

Si Cuba met en place le type d’économie mixte proposé lors du dernière Congrès du Parti communiste et établit une nouvelle relation, plus vitale avec sa diaspora et le monde, alors elle se transformera politiquement. Avec une économie et une société en mutation, l’environnement politique ne pourra rester intact.

La croissance des mécanismes de marché et du secteur indépendant privé renforceront les nouveaux flux multiples d’information, d’investissement et de technologie. Les nouveaux secteurs sociaux chercheront une représentation dans l’arène politique. Les citoyens auront un meilleur accès à l’Internet, bénéficiant ainsi à la société civile.

Cela n’impliquera pas forcement une transition vers une démocratie multipartite sur les cinq prochaines années à venir. Mais même sans changement de régime, la libéralisation économique provoquera une expansion du pluralisme dans le système de gouvernement du peuple. Les candidats aux élections locales pourront provenir de nouveaux secteurs non étatiques, ou de groupes religieux ou sociaux précédemment non représentés, et exiger une utilisation transparente des impôts locaux.

La libéralisation politique commencera probablement à des niveaux inférieurs de gouvernement, permettant aux citoyens d’exprimer leurs frustrations à cette échelle. Cependant, la pression augmentera très probablement. La décision de Fidel Castro de limiter les titulaires de charges politiques à deux mandats de cinq ans, à une époque où l’ancienne génération quitte le pouvoir par attrition, se traduira par une direction moins personnalisée et plus institutionnalisée qui favorisera la mobilité ascendante des nouvelles politiques de façon ordonnée.

Dans ce nouveau contexte, le défi américain est d’ouvrir un chemin pour les membres du régime qui voient un intérêt dans des réformes plus profondes. Les États-Unis devraient discréditer les opposants à l’intérieur de l’élite cubaine (ainsi que celle de Washington) en montrant ce que Cuba peut gagner grâce à l’ouverture de sa politique et de la société, plutôt que de maintenir des contrôles excessifs.

Les États-Unis ont plus à gagner à laisser leur propre communauté d’affaires commercer et investir dans le secteur privé cubain émergent et à engager les nouveaux dirigeants de la Havane. L’opportunité de revoir la politique américaine envers Cuba ne durera pas éternellement. Une réponse inadaptée aux appels à négociation de Castro avec Washington pourrait être une erreur stratégique.

Le président peut commencer en enlevant Cuba de la liste des «États soutenant le terrorisme» du Département d’État. Ce ne serait pas une concession à Cuba, puisque aucune des actions terroristes depuis au moins 20 ans n’a été attribuée à La Havane. Enlever Cuba de cette liste fournirait également un cadre pour résoudre l’affaire Alan Gross. Ce problème est actuellement insoluble à cause de la fausse assertion de Washington que Gross est l’otage d’une nation favorisant le terrorisme.

La question pourrait devenir gérable si les deux pays pouvaient négocier un accord compréhensible qui sauverait la face des deux gouvernements. Un tel accord pourrait être une première étape dans le but de dégager une ligne de conduite d’engagement et de vastes échanges de peuple à peuple au cours des quatre prochaines années; un objectif crucial, si les États-Unis souhaitent exercer une certaine influence lors de la transition finale à une ère post-Castro à Cuba.

Arturo Lopez-Levy est candidat au doctorat à l’École Josef Korbel d’études internationales de l’Université de Denver. Avec l’aimable autorisation de FOREIGN POLICY IN FOCUS (fpif.org).

Version en anglais: A Post-Castro Era Looms for Cuba

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.