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Quand la crise économique impacte la santé publique

Écrit par Dr. César Chelala
20.05.2013
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  • Le 19 mars dernier, des retraités manifestaient à Athènes contre les mesures d’austérité. Les six ans de récession en Grèce ont modifié l’état de la santé publique dans le pays, augmentant les risques de troubles psychiatriques et somatiques. (Giorgos Nikolaidis/AFP/Getty Images)

La détérioration des perspectives économiques mondiales dans certains pays crée une préoccupation croissante sur l’impact des crises économiques sur la santé des populations. Les crises qui frappent actuellement de nombreux pays européens questionnent sur les risques d'un «effet domino» et des conséquences imprévisibles et surtout négatives sur la santé et le bien-être des citoyens.

Ces crises économiques ont été exacerbées par d'autres facteurs comme le vieillissement croissant de la population, les modes de vie malsains, l'augmentation des coûts des soins de santé et les politiques de santé publique, plus préoccupées par les traitements spécialisés que par les malades chroniques.

Toutefois, les États ne sont pas seuls à fixer les solutions aux crises économiques. Avec la Grèce et Chypre, par exemple, on peut voir que les pays sont à la merci du financement du «trio»: Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international. Selon les experts, compte tenu de la forte détérioration de la solvabilité du pays, Chypre a besoin non seulement de prêts, mais aussi des subventions de ces institutions.

Dans les pays pauvres et moins pauvres, les crises économiques provoquent habituellement une réduction de la demande des importations – dont celles des médicaments, des fournitures médicales et du matériel technologique – et la chute des envois d’argent des membres expatriés de la famille. D’autre part, les recettes publiques qui financent les services de santé et les services sociaux chutent.

The Lancet expose la situation de la Grèce, l’un des pays européens les plus affectés par la crise économique mondiale, une crise qui a provoqué une augmentation significative du chômage, passé de 6,6% en mai 2008 à 16,6% en mai 2011. Plus catastrophique encore, le chômage des jeunes a explosé dans la même période, de 18,6% à 40,1%.

Plusieurs études montrent que le chômage augmente les risques de troubles psychiatriques et somatiques. Ainsi, une forte corrélation a été établie entre la perte d’un emploi et la dépression clinique et infraclinique, la toxicomanie, l’anxiété et le comportement antisocial. D’autres recherches prouvent qu’un chômage prolongé et un taux élevé de mortalité sont liés.

Bien que le cas de la Grèce soit un cas d’école, une étude au Royaume-Uni a révélé que l'augmentation du chômage de masse est liée à une augmentation de 4,45% du taux de suicides et à une augmentation de 28,0% des décès dus à l'intoxication alcoolique. D’autre part, une étude menée au Danemark en 2011 révélait une association significative entre chômage, une mauvaise perception sanitaire globale de soi et des niveaux élevés de stress ressenti.

En Grèce, l'incapacité pour les emprunteurs de rembourser des dettes personnelles importantes, pourrait expliquer en partie l'augmentation du nombre de suicides qui s’est envolé de 40% les six premiers mois de 2011 par rapport à la même période en 2010. Au même moment, les taux d'homicides et les vols ont pratiquement doublé. En 2010, parmi les personnes qui ont appelé le centre national d’aide contre le suicide, 25% ont expliqué souffrir de difficultés financières.

Chez les toxicomanes, une hausse de la consommation de drogues par intraveineuse a provoqué une augmentation de plus de 1.000% des infections de VIH. Dans la population générale, en plus de la consommation de drogues par intraveineuse, la prostitution et les relations sexuelles sont aussi responsables de l'augmentation des infections VIH. Une augmentation de 52% a ainsi été observée en 2011 par rapport à 2010.

Une autre illustration des conséquences de la crise économique grecque sur les groupes vulnérables est l'utilisation accrue des cliniques de rue dirigées par des organisations non gouvernementales comme la branche grecque de Médecins du Monde, qui rapporte une élévation du pourcentage de leur visiteurs – passé de 3 à 4% avant la crise à environ 30% aujourd'hui.

Expliquer l’aggravation de la situation sanitaire par la crise se justifie par le nombre de Grecs qui considèrent leur état de santé comme «mauvais» ou «très mauvais», soit une augmentation de 14% de 2007 à 2009. Ce n'est pas surprenant si l'on considère qu'en 2012, 10% des élèves du primaire et du secondaire étaient frappés «d'insécurité alimentaire», souffrant de faim ou menacés par elle. Suite aux compressions budgétaires, le tiers des campagnes de sensibilisation sociale du pays ont été abandonnés, avec une diminution des dépenses globales du ministère de la Santé de 23,7% entre 2009 et 2011.

La crise financière que traversent de nombreux pays actuellement pourrait conduire à des inégalités plus criantes dans les revenus; avec pour conséquences de grandes différences sanitaires face aux risques d’attraper des maladies transmissibles. Dans de nombreux pays européens, la situation économique qui se détériore, augmente les risques tuberculeux.

Au Portugal, la mortalité hivernale des personnes âgées de plus de 75 ans a augmenté de 10% en 2012 par rapport à 2011. Bien que certains experts s'interrogent sur la pertinence de cette découverte, une mauvaise alimentation et un accès réduit aux services de santé en seraient la cause selon d’autres.

En raison de la crise actuelle, on dénombre en Espagne une montée de la prévalence des patients qui souffrent d'abus d'alcool et de problèmes de santé mentale.

La situation grecque présage probablement de l’avenir des pays disposant de systèmes sanitaires et sociaux similaires et qui risquent de traverser des moments difficiles. C’est déjà le cas de Chypre, du Portugal, de l’Italie et de l’Espagne. Il est donc du ressort des gouvernements nationaux de rationaliser les ressources et les moyens, et d’améliorer l'efficacité et la protection de la santé de leurs concitoyens.

Dr. César Chelala est consultant international en santé publique.

Version en anglais: Impact of Economic Crises on People’s Health

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