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Un cinéaste chinois couvert d’honneurs ruiné par ses alliances

Accusé de violer la politique de l’enfant unique, le véritable crime de Zhang Yimou était de soutenir Jiang Zemin

Écrit par Xia Xiaoqiang
23.05.2013
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  • Le metteur en scène Zhang Yimou dirigeant une u00abclasse de maître» durant le 15ème Festival International du Film de Busan (PIFF) le 8 Oct. 2010 à Busan, Corée du Sud. En Chine, Zhang fait face à une investigation pour violation de la règle de l’enfant unique. (Chung Sung-Jun/Getty Images)

Un réalisateur de films chinois à succès impliqué dans la propagande d’un dictateur. Cela pourrait être le scénario d’un polar, pourtant il s’agit bien d’une histoire vraie. Zhang Yimou, comme les stars de l’industrie du divertissement en Chine semblait vivre au dessus des règles. Célèbre pour ses nombreuses conquêtes parmi de belles actrices, ces liaisons se terminaient parfois par un mariage et plusieurs enfants. Au dernier recensement, Zhang Yimou aurait engendré sept enfants de quatre femmes différentes.

Dans la communauté cinématographique chinoise, le comportement de Zhang Yimou est considéré comme une indélicatesse, mais non comme une violation. Cependant, la semaine dernière la presse d’État chinoise a bel et bien commencé à commenter, proclamant avoir découvert que Zhang Yimou violait la stricte règle de l’enfant unique en vigueur en Chine. Pourtant cet événement semble être relié aux anciennes relations qu’entretenait le cinéaste avec l’aile dure du Parti.

Ode au Totalitarisme

Quand il entama sa carrière, Zhang Yimou semblait vouloir se tenir à l’écart de l’orthodoxie et des jeux de pouvoir du Parti Communiste Chinois. Son premier film, Le Sorgo Rouge, fut immédiatement acclamé comme l’œuvre d’un maître, et les critiques notèrent qu’il se situait, ainsi que ses deux films suivants, dans une Chine pré-communiste. Ceci et le fait que Zhang Yimou ne pouvait pas diffuser en Chine, le fit passer aux yeux de l’Occident comme un dissident.

Cette image changea avec son film Héros en 2002. S’affichant comme un film d’arts martiaux réalisé dans un style visuel somptueux, l’œuvre faisait en réalité l’article de la soumission de l’individu à l’État. Quand Zhang Yimou trouva sa voix politique, ce fut pour être au service du totalitarisme.

En 2006, il réalisa La Malédiction de la Fleur d’Or, pour partie film d’action et d’arts martiaux et pour autre mélodrame en costumes historiques. Situé dans les dernières années de la Dynastie Tang, le film prétend montrer la pourriture et la corruption présentes au sein de cette dynastie considérée historiquement comme le summum artistique, spirituel et culturel de la civilisation chinoise. Pour le public chinois, c’était une sérieuse incursion de la propagande dans le 7ième art, une tentative de discréditer ceux qui voient dans la culture traditionnelle et l’histoire chinoise le cœur de la vraie Chine.

Lorsque Zhang Yimou fut choisi pour faire les films promotionnels pour la candidature olympique de Pékin, cela ne surprit personne. Il faisait alors partie de l’establishment culturel chinois, lequel était de mèche avec le Parti pour véhiculer les thèses communistes via le grand écran.

La cérémonie d’ouverture qu’il produisit pour les J.O. de 2008 éblouit les audiences, de la même façon que les spectateurs furent éblouis par la qualité visuelle de Héros. Mais l’œil plus avisé vit dans cette cérémonie, une ode perturbante au totalitarisme, à l’instar de Leni Riefenstahl, actrice et réalisatrice ayant promu l’idéologie nazie dans les années 30.

Loyaliste de Jiang Zemin

L’évocation par Zhang Yimou des plaisirs esthétiques de l’uniformité et du totalitarisme dans le Southern Weekend  n’était pas sans intention. Interviewé par Radio Free Asia, l’écrivain freelance Du Guangda basé dans le Shanxi n’y alla pas à l’époque par quatre chemins:

«Zhang Yimou peut atteindre de hauts sommets car il appartient à la faction de Jiang Zemin. Son film Héros était destiné à soutenir Jiang Zemin, en l’occurrence, justifier la persécution et la répression en Chine. »

Jiang Zemin fut dirigeant du régime chinois de 1993 à 2002. Dans les coulisses grâce à des bras droits aux postes clés du parti, il a continué à maintenir son pouvoir pendant la durée du mandat de Hu Jintao.

L’initiative caractéristique de Jiang Zemin fut de lancer une campagne pour éliminer la pratique spirituelle de Falun Gong. Ainsi que clairement indiqué dans des articles commençant à être publié en Chine,  cette campagne requérait la torture brutale et le lavage de cerveau. Pendant la période de fonction de Jiang Zemin, les pratiquants de Falun Gong devinrent également la source principale d’organes utilisés dans une industrie de greffes d’organes soudainement florissante de la Chine. Zhang Yimou n’a peut-être jamais eu l’intention de devenir un chantre de la torture et du prélèvement d’organes, mais il se fit l’apologiste de Jiang Zemin. Un artiste qui autrefois professait n’avoir aucun intérêt pour la politique se retrouve non seulement avec les mains salies mais aussi avec du sang dessus.

Le revers de la médaille

Des articles récents dans la presse indiquent combien le pouvoir échappe à Jiang Zemin chaque jour davantage. Son conseiller financier de longue date, Liu Tienan, vient juste de se faire congédier. Il est le dernier des fonctionnaires fidèles à Jiang Zemin à tomber dans la purge que conduit l’actuel chef du Parti Xi Jinping. Les organes de presse officiels du régime se mettent aujourd’hui à découvrir subitement que Zhang Yimou a sept enfants et qu’il viole la politique familiale obligatoire en Chine.

Ce que sera le sort de Zhang Yimou reste à voir. À en croire la presse chinoise, il pourrait avoir à payer une amende de 26 millions de dollars US (20 millions d’euros). Sa célébrité et sa richesse le protégeront sans aucun doute des punitions plus rudes parfois infligées par les fonctionnaires locaux du planning familial.

Cependant, en tant que metteur en scène ayant reçu des prix internationaux, ainsi que membre du Comité National de la Conférence Politique Consultative du Peuple Chinois, on aurait pu croire Zhang Yimou intouchable. Mais c’est peut être précisément la raison pour laquelle il est visé, pour envoyer un message à ceux qui ont collaboré avec l’ancien régime : si on peut abattre Zhang Yimou, nul n’est en sécurité.

Zhang ne peut pas vraiment se plaindre s’il se trouve maintenant brisé par la roue de l’État totalitaire qu’il avait auparavant glorifié. Ainsi il déclarait dans une interview au New York Times l’année dernière: «Les étrangers pensent que parce que j’ai fait la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques, j’ai certains privilèges. Mais en fait ce n’est pas comme cela du tout. Face à la censure, tout le monde est à égalité».

Version en anglais: Award-winning Chinese Filmmaker Undone by His Alliances

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