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Le mirage de la bourse japonaise

L’indice Nikkei est en hausse de 45% en 2013, mais la stimulation excessive met le marché obligataire en danger

Écrit par Valentin Schmid, Epoch Times
28.05.2013
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  • Un homme devant le tableau de cotation affichant la courbe du Nikkei, l’indice clé de la place financière japonaise, à Tokyo le 10 mai 2013. (Toru Yamanaka/AFP/Getty Images)

Il semblerait que le Japon soit incroyablement en forme, tout du moins si l’on se fie aux indices de la bourse japonaise, en hausse de 45% en 2013. C’est l’heure de la célébration pour les responsables politiques japonais. Cependant, leur stratégie de dévaluation de la monnaie comporte des risques financiers énormes.

Pour la première fois depuis avril 2010, le Nikkei 225 a de bonnes chances de dépasser le Dow Jones, le plus vieil indice des bourses de New York. L’indice Nikkei a clôturé à 15,096 points le 15 mai, tandis que le Dow Jones clôturait à 15,275. Malgré la hausse impressionnante du Dow Jones de plus de 16% en 2013, le Nikkei connaît une augmentation de plus de 45% cette année, soit de 78% depuis le plancher de novembre 2012.

La sagesse conventionnelle indiquerait que le Japon se développe à pas de géant, faisant beaucoup mieux que les États-Unis. Pourtant, en vérité, c’est tout l’opposé. Les experts tels Richard Howard, du fond d’investissement de Dallas Hayman Capital, affirment que le pays joue un jeu dangereux en dévaluant sa monnaie pour relancer la croissance. Son cabinet, dirigé par le célèbre investisseur Kyle Bass, avait prédit la stratégie du Japon et les conséquences à long terme.

«Il y a la croyance et l’attente: si vous pouvez affaiblir le yen suffisamment, vous pouvez rétablir la croissance nominale japonaise et augmenter la compétitivité des exportations», a-t-il déclaré à Epoch Times.

Avant même la mise en place du nouveau gouvernement autour du Premier ministre Shinzo Abe, le 26 décembre 2012, le yen s’affaiblissait déjà progressivement. Depuis le creux de septembre, le yen a chuté de 77,45 à 102,43 pour 1 dollar, soit une chute de 32%.

Le gouvernement de Shinzo Abe a promis une politique monétaire inflationniste et a tenu parole. En janvier, la Banque du Japon (aussi nommée BoJ, de son appellation anglaise Bank of Japan), théoriquement indépendante, a annoncé un assouplissement quantitatif agressif de 145 milliards de dollars à partir de janvier 2014. En mars, le gouverneur modéré de la BoJ, Masaaki Shirakawa a été remplacé par le paisible Haruhiko Kuroda.

«La Banque du Japon a en effet renoncé à son indépendance par rapport au gouvernement japonais. L’annonce d’une inflation cible de 2% est un énorme pas en avant. La prochaine étape sera d’avoir un gouverneur qui se consacrera à l’exécution de cette tâche», explique Howard.

Haruhiko Kuroda a prouvé qu’il était à la hauteur, grâce à un programme d’assouplissement quantitatif illimité et totalement inattendu en avril. La banque a annoncé qu’elle allait racheter jusqu’à une valeur de 68 milliards de dollars d’obligations d’État japonaises (JGB) par mois jusqu’à ce que l’inflation de 2% soit atteinte. À titre comparatif, la Réserve fédérale américaine achète pour 85 milliards de dollars de titres hypothécaires et de bons du Trésor pour une économie d’environ trois fois la taille de celle du Japon.

Compte tenu de la dévaluation du yen et de la hausse du Nikkei, les décideurs peuvent prétendre à la victoire partielle. Selon Howard, toutefois, le plan est imparfait et finira par se retourner.

«C’est arrivé au Royaume-Uni et aux États-Unis dans les années 70 et 80. Ce que vous voyez, c’est une mainmise de la base industrielle et la réponse monétaire qui s’ensuit, mais cette réponse monétaire ne parviendra pas à ramener la capacité industrielle. Nous pensons qu’il est peu probable que vous puissiez voir une valeur importante de l’industrie japonaise en retour. Il est très peu probable que ce qui a été délocalisé et exporté revienne au Japon juste du fait que vous voyez la monnaie dévaluée.»

La preuve par l’observation semble donner raison à Howard. Malgré la faiblesse du yen, Sharp vient d’enregistrer sa plus grande perte depuis 100 ans dans l’histoire de la compagnie, le 14 mai. La société a perdu 5,36 milliards de dollars en 2012 parce que ses concurrents l’ont surpassé en innovation et gestion des coûts.

Si malgré tout, le Japon continue dans cette voie dangereuse, de plus grands dangers se tapissent dans le marché des obligations d’État.

«Vous pourriez voir une grande braderie du fait que les gens migrent vers ces actifs par nécessité, car nous ne croyons pas qu’il y ait dans ce nouvel environnement inflationniste de véritables acquéreurs sur place de ces obligations aux rendements actuels», explique Howard.

Il soutient que les investisseurs vont exiger une indemnisation pour le maintien du JGB à des rendements très faibles, parce que l’inflation future engloutira le gain en intérêt. Si les taux d’intérêt augmentent, les prix des obligations vont tomber.

En fait, ce courant a déjà commencé. Après un climat en creux au mois de mars, les rendements des JGB sur cinq ans ont quadruplé de 0,10% à 0,45%. Bien qu’ils soient encore à des niveaux très bas, l’importance du phénomène et la situation précaire de la dette du Japon rend tout cela incertain.

«Le problème dans la tentative de créer l’inflation est que la dette va être plus difficile à entretenir. L’espoir repose sur le fait que cette inflation crée une croissance suffisante pour réanimer le service de la dette», dit Howard.

Le poids de la dette du Japon est ahurissant. La dette représente 240% du PIB, ce qui est le pire résultat parmi tous les pays développés. Selon les calculs d’Hayman, l’ensemble des augmentations – ne serait-ce que de 1% des coûts d’emprunt –, entraînera des coûts supplémentaires du service de la dette équivalant à 25% du revenu du gouvernement. Le Japon n’en est pas encore là, mais le compte à rebours est lancé.

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