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Une condamnation à la prison pour «blasphème» déstabilise les utilisateurs turcs de Twitter

Écrit par Emel Akan, Epoch Times
29.05.2013
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  • Un tribunal a déclaré le pianiste Fazil Say, coupable d’avoir écrit des tweets u00abblasphématoires». (Screenshot/Twitter)

ISTANBUL - L’affaire du célèbre musicien turc, condamné à une peine de prison avec sursis pour avoir posté des tweets jugés blasphématoires, a provoqué un malaise parmi les utilisateurs des médias sociaux.

«Après le procès, de nombreux utilisateurs de Twitter sont devenus prudents dans leurs paroles et écrits. Qui est vainqueur?», a déclaré après son procès, le compositeur et pianiste Fazil Say dans un entretien récent avec le quotidien turc Milliyet.

L’affaire impliquant le pianiste de renommée mondiale a débuté l’année dernière après que quelques personnes aient déposé des plaintes au sujet d’une série de tweets. Le 15 avril, un tribunal turc l’a déclaré coupable d’avoir «insulté ouvertement les valeurs religieuses de la population». Le tribunal a ordonné dix mois d’emprisonnement avec sursis avec une mise à l’épreuve de cinq ans, ce qui signifie que si Say commet un crime similaire, il sera condamné pour deux chefs d’accusation.

Un deuxième procès a été ordonné après que des erreurs de procédures aient été découvertes dans le procès, a rapporté le 26 avril, l’agence publique d’information, Anatolia. Les utilisateurs de Twitters attendent le verdict comme un indicateur de la liberté d’expression dans le pays. Les officiels élus soutiennent le verdict, affirmant qu’une personne n’a pas le droit d’insulter les croyances religieuses d’autrui.

Say insiste sur son innocence. «Je suis extrêmement déçu par les restrictions de la liberté de pensée et d’expression. Le fait que j’ai été condamné et puni en dépit du fait que je sois totalement innocent est alarmant, non seulement au niveau personnel, mais en termes de liberté d’expression et de croyance en Turquie», a-t-il déclaré sur son site Internet officiel.

Say a été critique sur la pratique religieuse, la société et le gouvernement. Dans un de ses tweets, il se moque d’un muezzin qui appelle les musulmans à la prière. Dans un autre, il affirme que «ceux qui sont malhonnêtes, mauvais, voleurs et stupides» sont tous musulmans.

Son avocat a expliqué que les deux tweets n’appartenaient pas à Say, mais étaient des réponses repostées. «Il n’y avait aucune intention d’insulter ou d’humilier», a t-il déclaré. Cependant, aucune explication n’a influencé le verdict.

Le Premier ministre adjoint, Bulent Arinc, a demandé à Say de s’excuser auprès des musulmans. Un des tweets, mis en cause du pianiste, citait un poème du philosophe Omar Khayyâm, mathématicien et poète persan du XIe siècle : «Vous dites que des rivières de vin coulent dans le ciel, le ciel est-il une taverne pour vous? Vous dites que deux houris y attendent chaque croyant, le ciel est-il un lupanar pour vous?»

Certains écrivains ont protesté contre la décision du tribunal, blaguant sur le fait que Khayyâm aurait été condamné en Turquie 1000 ans plus tard. «Heureusement qu’Omer Khayyâm est décédé», écrit le journaliste Cuneyt Ozdemir sur Twitter.

Selon Monitera, société de consultation des médias sociaux, environ 10 millions d’utilisateurs de Twitter se comptent en Turquie, avec une augmentation de 33% par rapport à l’année dernière.

PEN International, une association internationale d’écrivains soutenant la liberté d’expression, a condamné le procès de Fazil Say. Les membres du Conseil d’administration de PEN Turquie ont été convoqués au bureau du procureur pour avoir insulté le gouvernement et les institutions d’État. PEN annonçait dans une déclaration officielle dès janvier : «Nous condamnons fermement et voyons avec consternation les [nouvelles] selon lesquelles notre estimé compositeur et pianiste Fazil Say a été convoqué devant les tribunaux. La communauté internationale a été mise en alerte face aux développements fascistes en Turquie.»

La décision du tribunal a été soutenue par de hauts responsables politiques.

«Fazil Say n’a pas été accusé pour avoir exprimé ses pensées, mais pour avoir ouvertement insulté les valeurs religieuss», a déclaré le vice-président et porte-parole du parti AK, Huseyin Celik, lors d’un entretien avec le journal local Habertuk. «Vous pouvez être un célèbre musicien mondial, vous pouvez avoir beaucoup de succès, mais ce succès ne vous donne pas le droit d’insulter les croyances des autres. Dans de tels cas, le Tribunal Européen des Droits de l’homme affirme qu’insulter les croyances religieuses constitue un crime. Fazil Say doit se ressaisir.»

Version originale : ‘Blasphemy’ Jail Sentence Unsettles Turkish Twitterati

 

 

 

   

 

     

 

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