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Les frères Bouroullec: lorsque l’union fait la force et le talent

Écrit par Edwige Ansah, Epoch TImes
09.05.2013
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  • La Chaise végétale examinée par Ronan et Erwan Bouroullec. (©Ronan et Erwan Bouroullec)

Du 26 avril au 1er septembre 2013, les frères Bouroullec sont à l’honneur au musée des Arts décoratifs de Paris, sous la nef et ses deux bas côtés. C’est une consécration française pour ces designers un peu à part dans le monde du design en France.

Mais une exposition, c’est aussi la rencontre avec un monde, celui de ces deux frères: «Que ce soit dans un contexte artisanal de production limitée ou industrielle de grande qualité, à l’échelle d’une cuillère ou d’une architecture, leurs objets sont toujours le résultat d’une alchimie entre forme et fonction. Intéressés par la modularité, le nomadisme ou l’autonomie de l’utilisateur, ils cherchent à apporter des solutions nouvelles aux modes de vie de leurs contemporains».

Les frères Bouroullec, des Bretons très discrets

Ronan et Erwan Bouroullec sont, comme leurs prénoms et leur nom le révèlent, des Bretons nés à Quimper respectivement en 1971 et 1976. C’est peut-être de cette ville qu’ils tirent leur force en mettant en pratique sa devise: «Unanet e vimp kreñv», ce qui signifierait «Unis, nous serons forts».

Ainsi, tous deux diplômés d’une école d’arts décoratifs, l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris pour Ronan et l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise pour Erwan, c’est en 1999 qu’ils mettent en application la devise de leur ville maternelle, en s’associant. Vite repérés par le milieu du design, c’est tout d’abord Londres en 2002 avec le Design Museum qui leur offre un premier tremplin. Par la suite, de Los Angeles en passant par la Suisse, l’Italie mais aussi les pays scandinaves, ils seront connus, reconnus et recherchés. La France ne commencera à leur faire les yeux doux qu’en 2011, date à laquelle ils seront invités au Centre Pompidou de Metz dans le cadre de la rétrospective Bivouac.

  • Le champ selon les frères Bouroullec: un champ de textile. (©Studio Bouroullec)

Mais c’est surtout la Suisse qui leur offre leur première chance en tant que designers. Leurs concepts de cuisine désintégrée et de lit clos en 2000 ont ainsi attiré l’attention de l’éditeur du design Vitra. Le directeur, Rolf Fehlbaum, souhaitait appliquer ce concept particulier du rapport à l’espace dans le cadre de l’aménagement de bureau. C’est ainsi que va naître le concept du bureau modulable. Cette première expérience sera en quelque sorte un sas, ou rite de passage, qui va les aider à se construire, en se dépouillant de ce qui n’est pas nécessaire et en gardant l’incontournable. Lors d’un entretien, Ronan Bouroullec précisera en parlant de cette expérience: «Mois après mois, toute notre naïveté bête a été écartée, et toute notre naïveté créative a été conservée».

Un style épuré et des valeurs hors du temps les caractérisent

Dans quelle mesure la Bretagne a-t-elle eu une influence sur leur œuvre? Difficile à dire de prime abord, car beaucoup reconnaissent l’influence du nord de l’Europe.

Pour autant, leur enfance à la campagne entourée de grands parents bricoleurs y est certainement pour quelque chose. Ils avouent tous les deux avoir un peu gardé cet état d’esprit qui se caractérise par le fait d’avoir un bureau-atelier complet. Cette culture familiale leur restera, car ils étaient connus pour être les rois du dessin et du bricolage. Avant de passer à la phase finale d’un projet, c’est un nombre important de dessins qui couvre leurs carnets. Certains ont d’ailleurs fait l’objet d’une publication en 2013.

Autre élément, remarquable dans leur monde de designer, la gestion de l’espace. Elle est importante, ouverte mais séparée de manière ludique par des cloisons fabriquées à l’aide de matières souples.

 

  • Lit clos (en 2000) a attiré l’attention de l’éditeur du design Vitra. (©Morgane Le Gall)

Le végétal, qui leur vient peut-être de l’éducation à la campagne, est très présent dans leur production. Le concept de l’Algue n’est pas sans nous ramener à la Bretagne. Cette structure souple à laquelle on les associe le plus souvent, reste l’un de leurs objets les plus vendus de par le monde. Travailler l’espace les a tout naturellement menés à réfléchir à la séparation, parfois toute symbolique. C’est ainsi que la structure d’un végétal les a conduits à cette construction. Celle-ci s’ouvre sur une idée originale et surprenante du concept de séparation souvent envisagé avec une rigueur architecturale beaucoup plus stricte. L’idée défendue est l’adaptabilité de l’objet.

L’approche plus épurée, plus sobre est recherchée. Le succès devient un facteur qui leur permet de choisir le projet en fonction des valeurs du groupe porteur.

Tout en étant discrets, intemporels et travailleurs, les deux frères n’en sont pas moins ancrés dans ce monde moderne, étroitement lié à la mondialisation. Leur choix se porte assez aisément sur les petites entreprises responsables. Ainsi en France, ils travaillent avec Ligne Roset qui a la particularité d’avoir recours à ses propres couturières.

Une exposition momentanée orchestrée de mains de maîtres

Les croquis, les schémas, l’approche: ils ont tout géré. Une exposition est avant tout une expérience de recherche pour des designers, une ouverture vers de nouveaux projets et un rapport différent à l’espace.

La nef des Arts décoratifs leur permet ainsi «de développer trois approches de leur travail: au centre, une voûte textile abrite une installation qui nous attire dans leur univers onirique. Côté jardin, la réflexion autour du bureau et de l’espace de travail entourée de multiples dessins et esquisses préparatoires. Côté Rivoli, une approche plus domestique intégrant le processus de création et dévoilant leur méthode de travail».

L’exposition de quinze années d’une production prolixe permettra d’entrer dans l’univers particulier des frères Bouroullec et par là-même, de rappeler que la France compte encore des designers de talents.

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