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Les difficultés d'établir une zone d'exclusion aérienne en Syrie

Écrit par Gary Feuerberg, Epoch Times
12.06.2013
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WASHINGTON – La souffrance causée par la guerre civile en Syrie ne cesse d'augmenter. Antonio Guterres, haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a déclaré en avril dernier devant le Conseil de sécurité que chaque nouveau rapport qu'il produit est beaucoup plus sombre que le précédent. En décembre 2012, environ 3000 réfugiés quittaient la Syrie quotidiennement. Depuis février dernier, ce sont 8000 personnes en moyenne qui ont traversé la frontière chaque jour. La Syrie est devenue le théâtre d'une crise humanitaire monumentale et rien ne laisse présager une amélioration.

«Alors que le nombre de déplacés, le nombre de réfugiés, le nombre de civils morts et blessés ont augmenté de manière exponentielle, l'option d'une zone d'exclusion aérienne est de plus en plus considérée et des membres importants du Congrès y font appel», a déclaré Steven Heydemann le 29 mai au United States Institute of Peace (USIP). M. Heydemann était le modérateur lors d'un forum au sujet des implications militaires et politiques de l'imposition d'une zone d'exclusion aérienne (no-fly zone – NFZ) en Syrie.

Une NFZ pourrait protéger la vie des civils et peut-être imposer un règlement politique. L'opposition syrienne appelle depuis longtemps à l'imposition d'une NFZ. Cette option a été appliquée avec succès en Irak (1991-2003), en Bosnie (1993) et plus récemment en Libye (mars à octobre 2011).

Dans le cas de la Bosnie et de la Libye, des résolutions du Conseil de sécurité autorisaient les NFZ, une chose qui ne se produira très probablement pas dans le cas de la Syrie étant donné l'appui de la Russie et de la Chine au régime de Bachar al-Assad.

La situation en Syrie s'est aggravée lorsque le régime a commencé à utiliser ses avions pour bombarder des civils en juillet, en août et en septembre 2012, selon Joseph Holliday, un chercheur à l'Institute for the Study of War. L'armée syrienne a frappé des zones où les rebelles avaient pris contrôle afin de les empêcher de gouverner. Des boulangeries et des civils faisant la file ont été bombardés pour démontrer que l'opposition n'était pas en mesure de fournir les services essentiels aux populations dans les zones sous leur emprise, affirme M. Holliday.

Quel type de NFZ?

Il y a peu de gens qui peuvent discuter des NFZ sur le plan autant stratégique que personnel. Le lieutenant-général à la retraite David Deptula de la force aérienne américaine a été l'un des cerveaux de la campagne aérienne de l'opération Desert Storm en 1991 en Irak. En 1998 et 1999, durant l'opération Northern Watch, M. Deptula a effectué 82 missions aériennes de combat et a été confronté aux missiles et canons antiaériens irakiens.

Selon lui, l'établissement d'une NFZ n’est «ni une stratégie ni une solution magique». Si elle est établie, l'objectif – l'état final à atteindre – doit être clairement défini. «C'est dispendieux et risqué. Cela demande beaucoup de préparation et une exécution intelligente», affirme-t-il.

M. Deptula a énuméré une multitude de choses à prendre en compte afin d'établir une NFZ efficace. Les règles d'engagement doivent être déterminées. Est-ce que seulement les aéronefs syriens dans les airs seraient abattus, ou est-ce que ceux au sol seraient détruits pour les empêcher de décoller? Si oui, alors les pistes seraient ciblées. Est-ce que seuls les engins militaires seraient ciblés? Qu'en est-il des avions-cargos des autres pays?

Il a demandé comment une coalition dirigée par les États-Unis pourrait organiser la NFZ pour permettre le trafic aérien, et pas seulement à Damas – où tout trafic pourrait être interdit – mais pour la région en général.

Quelle zone serait couverte, toute la Syrie ou seulement une partie? Et encore, durant quelle période serait-elle imposée : durant le jour et les jours de semaine ou 24 h sur 24, sept jours sur sept?

Northern Watch, la NFZ en Irak, avait besoin de 50 avions et fonctionnait cinq heures par jour, cinq à six jours par semaine et non en permanence, explique M. Deptula.

Une option limitée pour la NFZ serait d'utiliser des missiles Patriots dans le nord de la Syrie pour abattre les avions pénétrant dans l'espace aérien, ce qui créerait une zone sécuritaire pour les Syriens qui fuient la violence, affirme M. Holliday.

Contrairement à l'Irak, la Syrie possède un système de défense antiaérienne robuste qui se renforcera si les S-300s achetés à la Russie sont un jour livrés. Les missiles antiaériens S-300s peuvent abattre avions et missiles balistiques et ont une portée de 200 km.

Le chef de l'Armée syrienne libre, Salim Idris, a indiqué à PBS le 31 mai que lorsque ces nouvelles armes seront en place, il sera «beaucoup plus difficile» pour l'Occident d'imposer une NFZ.

Il pourrait aussi être problématique de bombarder les sites de S-300 si des conseillers techniques russes sont sur place.

Jon Alterman, directeur du programme Moyen-Orient au Center for Strategic and International Studies, affirme que la Syrie ne s'opposerait pas à un NFZ avec des moyens militaires conventionnels, puisque ses forces sont de loin inférieures à celles de l'Occident. Elle pourrait plutôt chercher à déstabiliser ses voisins et à compromettre le soutien international à la NFZ.

L'objectif

Actuellement, le régime syrien est coupable de «bombardements arbitraires» qui génèrent des milliers de réfugiés, des millions de personnes déplacées à l'interne et des dizaines de milliers de civils morts ou blessés, affirme l'ambassadeur Frederick C. Hof, chercheur au Rafik Hariri Center for the Middle East et au Atlantic Council.

M. Hof, qui s'est vu conférer le titre d'ambassadeur en raison de son poste de conseiller spécial pour la Transition en Syrie au département d'État américain, estime que le conflit syrien est entièrement militarisé et qu'il y a peu de soutien pour un règlement politique tel que favorisé par l'administration Obama.

La majorité de la population serait en accord avec ce que recherche Obama, soit un gouvernement d'unité nationale engagé à mener des réformes, mais «malheureusement ce n'est pas tellement pertinent actuellement», déplore M. Hof.

En imposant une NFZ sur la Syrie, les États-Unis et ses alliés devraient d'abord savoir ce qu'ils cherchent à accomplir, ajoute-t-il.

«Nous souhaitons éliminer ou réduire sévèrement la capacité du régime Assad de mener des attaques par missiles, aériennes et militaires contre les zones peuplées», indique M. Hof. En d'autres mots, l'objectif d'une NFZ ou de détruire les équipements du régime au sol est d'éliminer la terreur. Le but est de changer ce que M. Hof appelle le «calcul d'Assad», selon lequel le président syrien suppose qu'il peut remporter le conflit par les armes sans avoir besoin de négocier.

«L'administration n'est pas attachée à une victoire militaire des rebelles. L'Iran, le Hezbollah et, possiblement, la Russie sont attachés à une victoire du régime», a mentionné M. Hof.

Bien entendu, le régime ne consentirait jamais à l'imposition d'une NFZ dans son espace aérien et elle serait perçue comme une déclaration de guerre, explique M. Hof. Faute d'une résolution du Conseil de sécurité comme en Bosnie et en Libye, «une décision américaine d'aller en guerre devrait être prise dans un contexte où l'autorisation internationale serait quelque part entre la non-existence et ce qui est extrêmement litigieux», remarque-t-il.

Version originale : No Fly Zone Over Syria Difficult to Establish

 

 

 

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