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Écosse, miroir du temps

Écrit par Christiane Goor, Epoch Times
13.06.2013
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  • Chaque jour, la découverte de l’Écosse est ponctuée de magnifiques arcs-en-ciel qui redessinent le paysage. (Charles Mahaux)

Une nature brute et parfois rude, des lochs d’un bleu cobalt, des châteaux embrumés, des collines verdoyantes piquetées de tapis de bruyères mauves, des lumières rares et des villes qui ont su allier patrimoine et modernisme : telle est l’Écosse, mystérieuse et attachante, à l’image de ses habitants rebelles et chaleureux.

Deux siècles déjà que les terres d’Écosse noyées de brumes fascinent les voyageurs séduits par le romantisme de ses paysages. De vieilles carcasses de pierre qui se reflètent dans les eaux sombres d’un loch ou qui se perchent au sommet d’un pic rocheux battu par les vents alimentent les passionnés de fantômes et retrouvent une seconde vie auprès des chasseurs d’images chargées de romantisme. Le cliché tient-il toujours la route?

Les deux âmes d’Édimbourg

Quand on découvre Édimbourg à l’heure où le soleil tombe derrière la haute tour de l’horloge de l’hôtel Balmoral, inondant Princes Street d’une lumière dorée qui semble danser dans les allées fleuries des jardins qui longent l’esplanade, on est ébloui par la sombre forêt de clochers de la ville qui surgissent en contre-jour. Aveuglé, le regard se déplace vers la droite et là, il est accroché par un piton rocheux coiffé par une impressionnante forteresse prolongée par la vieille ville érigée le long d’une crête. 

  • Magie romantique de ces forteresses en ruines, vieilles carcasses de pierre qui se reflètent dans les eaux sombres d’un loch. (Charles Mahaux)

La Old Town affiche autour de Royal Mile, sa longue épine dorsale pavée, un dédale de venelles étroites et de voûtes obscures qui ouvrent sur des jardinets fleuris et des courettes paisibles. Ici, l’histoire de la capitale écossaise, avec ses complots moyenâgeux et ses intrigues de palais, reste palpable, que ce soit entre les remparts de la forteresse médiévale ou derrière les murs du palais de Holyrood, la résidence de Marie Stuart, reine d’Écosse au destin tragique, mais aussi de la famille royale britannique quand elle séjourne dans la ville. Pas étonnant que ce soit à l’ombre de ces habitations hautes et étroites dont les fondations sont ancrées profondément à flanc de falaise que Robert Louis Stevenson imagina le fameux Dr Jekill, alias M. Hyde. C’est aussi entre les murs d’Édimbourg que fut écrite la saga fantastique de Harry Potter.

Au pied de la vieille ville s’étire la New Town, qui n’est plus si nouvelle que cela, puisqu’elle fut édifiée au XIXe siècle, sur une crête parallèle au Royal Mile. Son plan rigoureux en damier, ses larges avenues et son alignement d’élégantes demeures victoriennes sont à l’opposé de l’écheveau étriqué des ruelles de la vieille ville. Ici, c’est le royaume des boutiques déjantées, des galeries commerçantes aux griffes prestigieuses et des pubs pittoresques.

Glasgow, haut-lieu du design

Glasgow n’affiche sans doute pas la beauté classique de sa proche voisine Édimbourg, mais avec son architecture d’avant-garde dont les racines remontent au XIXe siècle, cette ville où se côtoient des entrepreneurs et des artistes visionnaires n’en finit pas de se transformer en cité branchée. Le grès rouge rutilant des façades victoriennes cohabite depuis près d’un siècle déjà avec les constructions Art Nouveau signées par Charles Rennie Mackintosh qui est à Glasgow ce que Gaudi est à Barcelone. Pour le comprendre, rien de tel qu’une visite au Lighthouse, la première réalisation de l’artiste. Son surnom lui vient de l’étroite tour qui s’élève au-dessus de la ville comme un phare. Aujourd’hui, l’édifice abrite le Centre Écossais d’Architecture et du Design ainsi que le Mackintosh Interpretation Centre qui permet d’aborder la vie et l’œuvre de l’artiste. L’empreinte Art Nouveau typique du grand designer se manifeste un peu partout dans la ville, et une manière à la fois goûteuse et ludique de rencontrer la patte du génie écossais est de prendre le thé au Willow Tearoom, le dernier salon qu’il a créé pour la restauratrice Kate Cranson, pour qui il n’a pas hésité à peaufiner la décoration intérieure jusque dans les moindres détails.

Soumise aux caprices du commerce, Glasgow a toujours misé sur ses capacités à rebondir pour assurer sa survie. Le centre de la ville bat ainsi au rythme effréné du shopping. Outre les incontournables artères piétonnes de Buchanam Street avec le superbe centre commercial installé dans le bâtiment victorien de Princes Square ou encore la galerie sous verrière dédiée aux joailliers à Argyll Arcade, le quartier de Merchant City mérite le détour. Il aligne plusieurs immeubles en grès rouge construits au XIXe siècle par les riches négociants de coton, de sucre et de tabac et par les entrepreneurs en construction navale. Aujourd’hui entièrement remodelés derrière leurs façades d’origine, ils abritent des boutiques de luxe, des galeries d’art et des restaurants à la mode.

Ville de défis, Glasgow a entrepris la métamorphose de ses anciens docks délabrés en troquant ses installations industrielles désaffectées pour des bâtiments d’inspiration avant-gardiste qui se dressent fièrement sur les quais. L’attraction la plus spectaculaire reste le Riverside Museum dessiné par l’architecte anglo-irakienne Zaha Hadid et installé au confluent des rivières Clyde et Kelvin. Au cœur d’un extraordinaire bâtiment, merveille de design et de technologie, on y trouve une exceptionnelle collection d’objets et d’engins liés au transport, un étonnant voyage à rebours dans le temps.

Les Highlands, une nature inviolée

Que l’on quitte la capitale écossaise ou encore Glasgow en se dirigeant vers le nord, vers les Hautes-Terres, on est tout de suite subjugué par la beauté des paysages que la lumière changeante ne cesse de redessiner. Les Highlands, comme leur nom l’indique, sont des montagnes burinées appelées ici des bens et entrecoupées de glens, des vallées creusées par des lochs argentés dont on ne devine pas toujours s’ils sont des lacs ou des fjords.

À une heure de route à peine des deux villes, le parc du loch Lomond et des Trossachs offre un havre de verdure et de tranquillité entre collines boisées, eaux cristallines et petites bourgades attrayantes. On se laisse prendre à l’attrait romantique d’un parcours sinueux au cœur de reliefs ondulés piqués d’épaisses forêts qui se reflètent dans des lacs miroitants. L’escalade du Ben Lomond permet de déboucher sur une corniche rocheuse qui ouvre un panorama inédit sur le lac en contrebas, vaste tapis d’un bleu profond, fendu par des petits bateaux de croisière. Sur la rive occidentale du loch, le pittoresque hameau de Luss rassemble le long d’une courte plage ses cottages en pierre dont les abords sont abondamment fleuris.

  • Au nord de l’île de Skye, la massive silhouette du château de Dunvegan, fief du clan MacLeod, se dresse sur une plateforme qui domine le loch du même nom. (Charles Mahaux)

De lochs en rivières, on arrive à Glencoe, modeste village dominé par des falaises escarpées et des éperons rocheux, véritables pyramides minérales. Ici, tout semble se graver dans un silence de pierre égayé fort heureusement par une joyeuse soirée dans un pub où alternent conversations autour de randonnées et chansons populaires encouragées par un couple de vieux musiciens. Le regard est aviné, la guitare gratte un peu, la voix est rocailleuse mais une douce ivresse saisit la salle, tout le monde chante, danse et éclate de rire aux plaisanteries des animateurs d’un soir. 

La route qui mène à Fort William se fraie un chemin au cœur de gorges encaissées, aux pentes verdoyantes ou rocheuses. Des virages en épingle à cheveux découpent à chaque détour de nouveaux pans de décor, rudes et spectaculaires. À l’ombre du Ben Nevis, la petite ville de Fort William attire ceux qui rêvent d’escalader le sommet le plus haut de la Grande-Bretagne avec ses 1344 mètres  Toutefois, les abords du Ben Nevis sont aussi l’occasion de randonnées bucoliques au cœur de landes herbeuses, piquetées de champs de bruyère où paissent en toute liberté chèvres et moutons et même des vaches cornues à tête de yack, des Highland cattle aux poils longs et à la frange rebelle.

Les châteaux, carte postale de l’Écosse

Toute l’Écosse est marquée par une histoire qui a souvent été écrite par l’épée et le sang des différents clans. Qu’il s’agisse des MacLeod, des Mac Campbell ou des MacDonald, ils ont tous participé à des rébellions et à des reconquêtes autour des guerres d’indépendance contre l’Angleterre. Aujourd’hui, les derniers témoins visuels de cette culture sont les kilts dont les motifs symbolisent l’appartenance à un clan, mais aussi les châteaux, patrimoine d’une vieille aristocratie bien vivante encore.

  • Le château de Inverary, avec sa construction en forme de croix sur les rives du Loch Fyne, évoque les contes de fées. (Charles Mahaux)

Les Mac Campbell ont conservé leur château construit au XVIIIe siècle par le duc d’Argyll, chef du clan, à Inveraray sur la rive du loch Fyne. Partiellement ouvert aux touristes, il n’en reste pas moins leur résidence privée. Édifiée autour d’un donjon central dans un style néogothique, la demeure est entièrement décorée pour manifester la puissance et l’opulence de ses propriétaires. Ainsi en est-il avec cette salle d’armes au plafond armorié où sont exposées plus d’un millier de pièces.

La petite ville d’Inveraray, qui s’est construite aux abords du château à la même époque, est un petit bijou avec ses élégantes façades blanches aux lignes pures et harmonieuses. Elle abrite des bâtiments importants à l’image de son ancien statut de bourg royal : un palais de justice, sa prison, une église paroissiale et des auberges historiques. Pousser la porte du pub The George est une heureuse manière de poursuivre la visite en plongeant dans une ambiance surannée de larges cheminées, de poutres apparentes et d’anciennes horloges. On se laisse prendre au charme de la taverne où la bière et le whisky délient les langues et réunissent les visiteurs d’un soir. Dans une contrée où on est plongé dans de grands espaces empreints de solitude, les Écossais ont décidément le sens de l’accueil chaleureux.

Infos pratiques :

Y aller : Comme il est impossible de visiter les Highlands sans voiture, rien de tel que le ferry. Le P&O qui part chaque jour de Zeebrugge en Belgique, proche du nord de la France, jusque Hull dans le Yorkshire permet d’aborder la côte anglaise dès 8 h du matin et d’arriver dans les Highlands dans le courant de l’après-midi. Réservations via le site www.POferries.be ou encore au 070/707771.

Circuler : Le réseau routier est dans l’ensemble excellent et la plupart des routes sont pittoresques. De manière générale, on peut se fier aux panneaux marron arborant le chardon : ils indiquent une attraction touristique. On trouve des pompes un peu partout, mais elles sont moins chères près des villes. Veillez à vous approvisionner le samedi, car le dimanche est un vrai jour férié en Écosse. Quant à la conduite à gauche, on s’y habitue très vite. De plus les Écossais sont prudents et très courtois avec les étrangers.

Infos : Auprès de www.visitbritain.com.

Se loger : L’Écosse offre un réseau d’aires de camping 4 étoiles, voire 5, classées «chardons» puisque cette plante est l’emblème de l’Écosse depuis qu’elle aurait permis de repousser une invasion viking nocturne : les envahisseurs auraient poussé des hurlements en mettant leurs pieds sur des chardons qui pullulent dans les champs, ce qui alerta les Écossais. www.thistleparks.co.uk/touring. À découvrir absolument le Mortonhall Caravan&Camping Park à Édimbourg, le Invercoe Caravan Park in Glencoe, le Argyll Caravan Park à Inveraray, le Loch Lomond Holiday Park à Inveraglas et le Sunnyside Croft Touring Site à Arisaig. Ils jouissent tous d’une situation exceptionnelle avec de vastes espaces qui autorisent une certaine privacité. Par ailleurs, les espaces de sanitaires sont de tout confort. Sachez que la plupart des sites proposent également des alternatives de logement avec la location de caravanes résidentielles dont le confort surpasse certaines catégories d’hôtels. Enfin les propriétaires ou gérants sont toujours disponibles pour donner des informations sur les environs : balades, restauration, pubs, légendes, produits locaux, etc.

N’hésitez pas non plus à essayer un Bed and Breakfast entre autres à Glasgow plus intéressant pour vivre dans la ville. Le Alamo Guesthouse www.alamoguesthouse.com donne l’occasion de plonger dans le décor extraordinaire d’une belle maison victorienne juste à deux pas du Kelvingrove Park.

Se restaurer : En Écosse, on mange tôt le soir, il vaut mieux se présenter dès 19 h dans les restaurants. La cuisine écossaise est d’abord une cuisine du terroir à base d’agneau de printemps, de venaison, de saumon, de truites et de fruits de mer. Des plats simples et robustes. À goûter le haggis, panse de brebis farcie avec des abats, des rognons, des oignons et de la farine d’avoine. En dessert, le cranachan, à base de crème d’avoine et de framboises. Dans les villes, n’hésitez pas à tester la cuisine indienne comme le Mother India, un des restos préférés des Glaswegians.

Climat : Ne vous laissez pas dissuader d’aller en Écosse sous prétexte qu’il y pleut : le brouillard et la pluie donnent aux paysages une dimension supplémentaire avec des lumières fugaces extraordinaires. Chaque jour apporte son arc-en-ciel, preuve s’il en est «qu’après la pluie vient toujours le beau temps». Il suffit d’emporter avec soi ciré, bottines et bonnets, bien utiles de surcroît dans ce pays qui est le paradis de la marche où tout est balisé et expliqué avec de nombreux prospectus distribués.

Gratuité : Un détail qui n’en est pas dans un pays dont le coût de la vie est proche du nôtre. Gratuité de nombreux musées, guides mis à disposition, vulgarisation intelligente, et last but not least, les nombreuses toilettes publiques propres et gratuites.

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