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Les dénégations des officiels chinois sur les prélèvements d’organes indiquent leur culpabilité

Écrit par Matthew Robertson, Epoch Times
13.06.2013
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  • Huang Jiefu, le chef du Comité de transplantation d’organes en Chine, photographié le 28 Juillet 2006. Selon l’organisation DAFOH (Médecins contre le prélèvement forcé d’organes), les tentatives de Huang pour répondre à la controverse concernant un titre honorifique décerné par l’Université de Sydney, a révélé sa conduite passée fondée sur la violation du code éthique de l’université. (Raveendran/AFP/Getty Images)

Récemment, l’homme en charge de la réforme du système abusif de transplantations d’organes en Chine a pris part à deux tentatives assez médiatisées pour défendre son bilan et ses efforts de réforme, mais apparemment ces deux essais n’ont  fait qu’empirer les choses.

Huang Jiefu a été le vice-ministre de la Santé  en Chine. Il est à présent à la tête du Comité de transplantation d’organes (OTC), un organisme créé pour superviser ce qui est qualifié de nouveau système de transplantation, destiné à s’écarter de la dépendance à l’égard des détenus exécutés (qu’il s’agisse de condamnés à mort ou de prisonniers de conscience c’est une autre question).

Dans une tentative pour rétablir sa réputation suite à une récente controverse liée au titre de professeur honoraire qui lui a été décerné par l’Université de Sydney à la mi-mai, Huang a tenu une conférence de presse à Pékin. Il faut noter qu’un fonctionnaire chinois possédant une adresse privée pour accueillir les médias étrangers est un phénomène assez rare.

Huang est une figure importante ayant été saluée par les médecins occidentaux et les institutions médicales pour ce qu’ils ont considéré comme des efforts visant à éloigner la Chine du recours aux prisonniers exécutés comme source d’organes à transplanter.

Mais au cours de la conférence de presse, il a admis, alors qu’il était enregistré, avoir lui-même prélevé et transplanté des organes provenant de prisonniers exécutés, un acte qui violerait un bon nombre de codes de l’éthique médicale internationale, et sans aucun doute l’éthique de l’Université de Sydney, qui lui a attribué le titre de professeur honoraire. En outre, il aurait également défendu l’exploitation de ces prisonniers pour leurs organes, bien que cette violation éthique a précisément été celle qui a conduit à lancer le nouveau système pour lequel il a reçu toutes les félicitations.

On soupçonnait déjà, sur la base de rapports de la presse officielle chinoise, que Huang avait réalisé des transplantations à partir de prisonniers exécutés. Mais, selon DAFOH, Doctors Against Forced Organ Harvesting (Médecins Contre le Prélèvement Forcé d’Organes), un groupe de défense de la médecine à Washington ayant plaidé contre le fait que Huang ait été primé, qu’il l’ait admis directement s’est avéré surprenant et dangereux.

«La manière dont Huang a pratiqué la transplantation d’organe est en contradiction avec le code de conduite de l’université», a déclaré DAFOH, dans un communiqué publié sur son site web faisant référence à la controverse concernant l’Université de Sydney. «On nous décrit sur ABC News un Huang déclarant que le monde a besoin de faire preuve de compréhension et de donner une chance à la Chine. Cet appel tordu pour ‘une chance’ est comme une claque au visage des dizaines de milliers de vies innocentes qui n’ont pas eu la moindre chance et ont été tuées pour leurs organes», affirme le site DAFOH.

Plus récemment, un site de propagande chinois a couvert le débat accueillant de nombreuses remarques destinées à apaiser les critiques, n’invitant que très subtilement à poursuivre un examen plus approfondi.

Dans l’interview, Huang a déclaré: «Notre pays dispose d’une loi très stricte: les dons d’organes provenant de détenus condamnés à mort ne peuvent se dérouler qu’avec la signature du détenu et de la famille. Je dis cela de manière très responsable: chaque cas est traité avec ces signatures, et nous n’agissons pas contre la volonté des personnes concernées. C’est dans ces circonstances que cela est réalisé.»

A priori, il semblerait que cette position soit bien pratique pour un fonctionnaire chinois de la santé: cela indique que toutes les opérations de transplantations ont été réalisées avec le consentement des donneurs, ce qui est conforme aux normes internationales.

Mais selon David Matas, qui enquête sur le prélèvement d’organes sur les pratiquants de Falun Gong en Chine, cette déclaration, si elle est vraie, est problématique pour le régime, impliquant qu’il soit obligé de fournir bien plus d’explications.

Il faut revenir quelques années en arrière pour comprendre pourquoi. Jusqu’en novembre 2006, la position officielle du Parti communiste chinois (PCC) était qu’aucun des organes transplantés ne provenait de prisonniers condamnés à mort. Le régime a modifié sa position lorsque Huang a admis aux médias d’État chinois que «la plupart des organes tirés de cadavres provenaient de prisonniers exécutés».

Cet aveu a eu lieu alors qu’émergeaient de nombreuses preuves selon lesquelles, les pratiquants de Falun Gong étaient tués pour leurs organes, et étaient devenus la principale source pour les transplantations d’organes en Chine. Beaucoup ont alors pensé qu’il s’agissait d’une manœuvre stratégique pour éloigner les projecteurs du problème du Falun Gong.

En fait personne ne sait vraiment exactement combien de prisonniers sont exécutés en Chine, et le Parti communiste tient ce nombre pour un secret d’État.

Cependant, les experts ont souligné qu’il y avait là un grand écart,  entre le nombre de prisonniers exécutés (il existe des limites minimales et maximales avec lesquels les investigateurs travaillent) et le nombre de transplantations réalisées en Chine au cours d’une période donnée. De 2000 à 2005, selon David Matas et son collègue David Kilgour, ancien parlementaire canadien et procureur de la Couronne, le nombre de transplantations aurait atteint les 41.500. La plupart de celles qui couvriraient l’écart entre les chiffres annoncés, sont soupçonnées avoir été réalisées sur les pratiquants de la discipline spirituelle du Falun Gong, qui est persécutée en Chine.

Huang, déclarant désormais que chaque transplantation d’organe provenant d’un prisonnier exécuté aurait impliqué une signature de consentement du prisonnier et de sa famille, réduit le nombre d’organes que l’on nous présente comme provenant de prisonniers exécutés: ce chiffre ne pourra jamais être couvert à 100% par les prisonniers exécutés, même 50% serait exagéré, étant donné les taux élevés de septicémies et d’infection parmi les détenus, ce qui rend leurs organes impropres à la transplantation.

Comme pour parer à toutes éventualités, au cours de la même interview, Shi Bingyi, une figure majeure du système de transplantation d’organes médico-militaire en Chine, a nié toute connaissance de prélèvements d’organes sur des pratiquants du Falun Gong.

Sans trop se prononcer sur les faits, Shi a déclaré qu’il «ne croyait absolument pas» que les pratiquants de Falun Gong aient été soumis à un prélèvement d’organes de leur vivant.

Shi est actuellement le vice-président de la section de transplantation d’organes de l’Association médicale chinoise, il a été le chef en charge de la transplantation de l’Hôpital du Peuple de l’Armée de Libération Numéro 309. Il a été photographié avec ses insignes militaires sur un fond rouge vif pour une photographie officielle.

Les propos de Shi et de Huang ont été publiés le 28 mai sur le site Kaifeng, site qui a déclaré que ces propos rapportés étaient issus d’interviews pour China Radio International. Kaifeng est le plus virulent des sites de propagande anti-Falun Gong, associé au bureau 610, l’organe officieux et extrajudiciaire du Parti, mis en place le 10 juin 1999 pour superviser la persécution du Falun Gong. Ce bureau était le principal instrument de Jiang Zemin, l’ancien dirigeant du régime, pour initier la campagne, s’appuyant sur les pouvoirs incontrôlés de la police et de la sécurité, et utilisant une variété de mesures illégales et extrajudiciaires.

Maintes recherches à partir des noms de Huang et de Shi n’auront révélé aucune trace des interviews sur le site de China Radio International (CRI). Ni la CRI, ni Kaifeng n’ont répondu aux courriels demandant pourquoi.

Ethan Gutmann, qui enquête sur les prélèvements d’organes pratiqués sur les prisonniers de conscience en Chine, pense que les remarques de Shi faisaient partie d’une tentative pour court-circuiter l’attention des médias occidentaux sur la question du prélèvement d’organes sur les pratiquants de Falun Gong.

«Ils veulent l’anticiper, et l’étrangler», a t-il déclaré dans un entretien téléphonique depuis son domicile à Londres. Gutmann a déclaré qu’un «point de non-retour» prenait lentement place dans la sphère médiatique au sujet du prélèvement d’organes sur les pratiquants de Falun Gong, et les remarques en préparation étaient formulées. «Maintenant, quand on leur demande, ils peuvent dire ‘Oh, c’est un vieux problème, nous avons déjà nié cela’.»

Selon lui, cependant, malgré tout, «le problème n’est pas en train de disparaître».

Version en anglais: Chinese Officials’ Denials on Organ Harvesting Suggest Culpability

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