Amnesty dénonce le traitement des ressortissants étrangers en Libye
Dans un rapport publié le 20 juin, Amnesty International déplore les conditions inacceptables de prise en charge des immigrés en Libye. Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en novembre 2011, la Libye est devenue un véritable pays de transit et de destination pour les populations d’Afrique subsaharienne. L’Union européenne a récemment déployé une mission civile dans le but d’aider les autorités libyennes à sécuriser leurs frontières. Il est probable qu’à travers ce programme, l’UE souhaite avant tout empêcher l’accroissement de la migration illégale sur son territoire, et ce, aux dépens des droits de la personne.
Dans un rapport intitulé Scapegoats of fear: Rights of refugees, Asylum-seekers, and migrand abused in Libya, l’ONG dénonce les «traitements inacceptables de milliers de ressortissants étrangers […] qui font l’objet d’arrestations arbitraires et qui sont détenus pendant de longues périodes dans des conditions déplorables». Amnesty a pu recenser 5000 réfugiés et demandeurs d’asile dans 17 centres de rétention, centres mis en place par les autorités libyennes. Des milliers d’immigrés seraient détenus dans ces centres dont les conditions d’hygiène seraient extrêmement précaires. Certains immigrés feraient même l’objet de torture : «Les actes de torture et les mauvais traitements mis au jour dans ces centres de détention sont inacceptables et viennent souiller le bilan de la Libye post-Kadhafi», a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord de l’ONG.
La Libye se présente comme un espace de transit pour les populations subsahariennes qui souhaitent se rendre en Europe. Le manque d’efficacité des contrôles et de surveillance aux frontières libyennes depuis la chute du régime en 2011 a entraîné l’entrée massive d’immigrés sur le territoire. Les autorités faisant défaut dans certains lieux, de vastes régions échappent aujourd’hui à tout contrôle. L’UE a ainsi proposé son aide afin de former le personnel responsable des frontières terrestres, maritimes et aériennes.
Derrière cette initiative se cache la volonté de freiner et de contrôler étroitement «l’immigration clandestine» sur le territoire européen. Selon Amnesty, il semblerait que l’Union européenne ait participé au financement de centres de rétention libyens dans lesquels des milliers d’immigrés sont détenus de manière indéfinie, bafouant ainsi les droits des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants.
L’ONG a condamné ces actions et somme les Européens de cesser toutes négociations dans ce domaine avec la Libye tant que celle-ci continuera à transgresser les droits des immigrés. Ces condamnations interviennent alors que le pays traverse une période d’insécurité grandissante compliquant l’instauration d’institutions démocratiques stables.
Sources : Jeune Afrique, Amnesty International, Le Monde
Source : Affaires-stratégiques.info