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Le rendement énergétique dans la gestion des déchets

L’Uranium mauvais élève

Écrit par Ivo Paulovic, Epoch Times
25.06.2013
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L’optimisation énergétique est une évidence. Partout la chasse au gaspillage énergétique est annoncée sérieusement. La plupart des appareils ménagers et autres produits de consommation courante comportent des étiquettes indiquant leur classe énergétique, phénomène déjà généralisé dans le bâtiment. La consommation en CO2 est sur toutes les lèvres et la chasse aux émissions intempestives dans l’atmosphère anime les débats de société. Les consommateurs sont coincés entre un mode de vie établi et une responsabilité environnementale. Le mode de vie axé sur la surconsommation est pointé du doigt, le consommateur est malgré lui en faute permanente, alors que l’usage installé des produits générant de grandes quantités de déchets bat son plein. Cependant malgré cela, les procédés industriels établis et les puissants lobbys industriels sont très lents à bouger. L’exemple de l’énergie nucléaire en est l’exemple le plus frappant.

La France forte de ses 58 réacteurs nucléaires se targue depuis plusieurs décennies de posséder une gamme énergétique propre et sûre. L’indépendance énergétique vis à vis de ses voisins en matière d’électricité est chose acquise. Cependant le coût réel des centrales n’est que difficilement mesurable. Les déchets s’amoncellent à ciel ouvert, elles demandent un entretien exorbitant et aucune solution n’existe dans le monde à l’heure actuelle pour la gestion des rejets radioactifs inutilisables pour les millénaires à venir. Les centrales nucléaires impliquent une centralisation accrue de la production énergétique, qui s’inscrit dans la logique de produire beaucoup pour réduire les coûts. Cette logique semble atteindre ses limites et un changement semble vouloir progressivement voir le jour.

L’Uranium mauvais élève

Aujourd’hui plus de 79% d’électricité est produite en France par l’industrie nucléaire. Les centrales nucléaires sont réputées pour leur haut rendement énergétique. Quelques kilos d’Uranium peuvent produire des quantités incomparables d’énergie par rapport aux autres sources d’énergie fossile. On dit qu’un gramme d’uranium peut produire autant d’énergie qu’une à deux tonnes et demie de charbon. L’uranium naturel est enrichi puis compacté en « crayons » d’uranium qui alimentent les réactions en chaîne dans le cœur du réacteur. Un autre combustible utilisé est le MOX qui est un assemblage de l’Uranium et des déchets radioactifs.

C’est un principe simple qui fait tourner une centrale, l’eau chauffée, maintenue en pression fait tourner des turbines qui font tourner des alternateurs producteurs d’énergie. En France le refroidissement des circuits secondaires de vapeur d’eau dans les centrales nucléaires consomme 57% de la totalité d’eau douce utilisée. Pour cette raison les centrales se trouvent la plupart du temps au bord de grands fleuves. La majorité de l’eau est restituée dans l’environnement et en principe n’a pas été en contact avec la radioactivité.

Un impact environnemental injustifiable

L’industrie nucléaire produit une quantité impressionnante de déchets. Contrairement à d’autres domaines où les déchets sont facilement identifiables, les déchets nucléaires se révèlent très nocifs à long terme. Les maladies dues à des doses de radiations élevées ou radio-induites se déclarent 15 ou 20 ans après l’exposition. D’après Dominique Huez, ancien médecin de la centrale de Chinon, les risques de cancers professionnels dans l’industrie nucléaire sont sous-estimés, « il faudrait multiplier par 10 le nombre de cancers qui devraient être reconnus mais qui ne le sont pas. Pourquoi ? Car il existe un lobby nucléaire dans ce pays, qui a largement moyen de payer les traitements de cancers professionnels, mais qui ne veut pas le voir reconnu. S’il y a des cancers professionnels reconnus, ça voudrait dire pour lui que ce risque serait humainement inacceptable. »    

La radioactivité est maîtrisée au sein d’une centrale en fonctionnement, celle-ci devient encombrante dès l’arrêt du réacteur. En effet les réacteurs nucléaires ont une durée de vie d’environ 40 ans, après quoi un démantèlement est nécessaire. En France, 9 réacteurs nucléaires sont en démantèlement sur 6 sites, dont certains depuis 20 ans déjà.

C’est le cas de la centrale de Brennilis, qui est en démantèlement depuis plus de 20 ans par la société d’exploitation EDF. Au fil des années et des problèmes techniques  le prix du démantèlement aurait été multiplié par 20 par rapport à l’estimation de départ à savoir 480 millions d’euros. 

D’après le physicien Jean-Louis Basdevant, « il faut savoir que démanteler, ce n’est ni démonter, ni déconstruire. C’est beaucoup plus que ça, parce qu’il y a ces matières nucléaires et que le fonctionnement d’une centrale a fait que des choses sont devenues radioactives dans les  bâtiments. Quand on démantèle il faut se préoccuper de ça. »

Il faut d’abord retirer le combustible et le refroidir dans une piscine pendant 2 ans et vider les circuits, puis démonter les locaux qui n’ont pas été en contact avec la radioactivité et décontaminer tous les éléments proches du réacteur. Enfin il faut détruire le bloc réacteur, le plus radioactif. Certains éléments du réacteur doivent être entreposés pendant plusieurs décennies avant de pouvoir être démantelés. «L’estimation, c’est qu’un démantèlement peut prendre entre 30, 50 ou 60 ans. » ajoute le physicien.

En France les producteurs EDF et Areva estiment que les 58 réacteurs peuvent être démantelés pour 18 milliards d’euros. Selon Corine Lepage, députée européenne, le coût pour le démantèlement s’élèverait à 150 milliards d’euros sans compter la Hague et le nucléaire militaire. Les composants provenant des centrales démantelés rejoignent les milliers de tonnes de déchets nucléaires stockés à ciel ouvert en attente d’une solution.

Aucun avenir envisageable pour les déchets nucléaires

Les rayonnements ionisants ou radioactifs produits par la fission d’Uranium sont absorbés par la matière. La solution envisagée pour stopper ces radiations consiste en un enfouissement dans les couches géologiques profondes, dans des sarcophages en béton ou dans un premier temps, le coulage au fond des océans.

En 1965 Jean-Pierre Queneudec dans son article Le rejet à la mer des déchets radioactifs avait déjà établi un constat alarmant, 10.000 tonnes de résidus radioactifs étaient produits dans le monde en 1958. En 1966, l’usine de Pierrelatte de traitement des combustibles irradiés de la Pointe de la Hague produisait chaque jour 50 mètres cubes de déchets radioactifs rejetés directement dans la mer à travers un tuyau de 2 kilomètres. Ce sujet avait été débattu même à l’Assemblée nationale le 23 avril 1964. D’après Greenpeace, depuis 1966 ce tuyau n’a jamais cessé son activité.

Toujours selon les archives de Greenpeace entre 1967 et 1969 des fûts contenants des déchets radioactifs ont été enfouis dans la mer autour des côtes françaises, dans la mer du Nord  et dans la Manche. En 1979 est créée l’ANDRA, l’Agence Nationale des Déchets Radioactifs, une agence de communication qui répertorie quelques sites de décharges nucléaires sous-marines. Elle a établit des estimations s’élevant à quelques dizaine de milliers de tonnes.

Cependant dans les années 60,  seulement une dizaine de réacteurs nucléaires étaient en activité dans le monde. En 2012, on a dénombré 436 réacteurs nucléaires civils en activité de par le monde, sans parler des 245 réacteurs sur des navires de guerres et autres installations militaires. La quantité des déchets doit atteindre des sommets.

Quand on additionne les déchets produits lors de l’extraction de l’uranium, de son enrichissement et son transport, lors de sa combustion dans les centrales puis son stockage en plein air ou son enfouissement sous terre, la quantité de déchets radioactifs qui émanent des rayonnements ionisants dépasse de loin l’imaginaire le plus pessimiste. De plus, ces déchets seront radioactifs entre une dizaine d’années et 24.000 ans pour le plutonium et jusqu’à 4,5 milliards d’années pour l’Uranium 238.

En France les déchets sont stockés entre autres dans l’Aube à Soulaines et à Morvilliers. Soulaines étant le plus grand site au monde pour le stockage des déchets nucléaires en surface. Selon les écologistes les niveaux de radiation sont très hauts et des rayons gamma à des doses dangereuses sont régulièrement dénoncés par les associations locales. En plus, il existe partout en France des lieux de stockage anciens recouverts de terre qui sont reconvertis en espaces publics. C’est par exemple le cas du parking du stade à Guegnon en Saône-et-Loire qui abriterait sous le bitume 235.000 tonnes de déchets radioactifs. Dans le Cantal, le village Saint-Pierre est entièrement construit sur une décharge nucléaire.

D’après le Criirad (la Commission de Recherche et d’Information Indépendantes sur la Radioactivité) la moitié des régions françaises abrite de la même manière 300 millions de tonnes de résidus radioactifs. Le stockage des déchets les plus radioactifs est effectué à 500 m de profondeur, pour garantir le confinement en couche géologique profonde. Ce sera le cas de Bure, le futur site de stockage dans une argilite datant de 165 millions d’années, roche quasiment imperméable ; un critère de stabilité pour un site de stockage. Des risques existent, comme les risques d’explosions des engins de maintenance souterrains. Les travaux sont entamés depuis longtemps et l’investissement est déjà d’un milliard d’euros.

La fiabilité de ce genre de stockage est remise en question avec les expériences désastreuses d’enfouissement dans les mines de sel en Allemagne. D’autres projets sont à l’étude, en attendant aucune solution fiable à long terme n’est valable à ce jour.

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