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Le mécénat français en pleine mutation

Écrit par Sarita Modmesaib, Epoch Times
28.06.2013
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Selon une enquête réalisée par la Fondation de France, le nombre total de fonds et fondations de financement créées par des personnes de leur vivant est estimé à 467 en France aujourd’hui. 40% d’entre elles sont apparues après 2000, soit en 12 années seulement, 50% sont apparues entre 1975 et 1999, soit au cours de 25 années. Il y a donc une très nette augmentation du mécénat de particuliers ces dernières années. Le profil du philanthrope a aussi nettement changé. Il n’est plus du tout attribuable à une personne âgée, digne héritier d’une famille riche et connue, mais à des hommes (77%) ayant constitué leur capital de leur vivant (66%) et ayant entre 50 et 65 ans (39%). D’autre part, contrairement à l’idée reçue de personnes créant leur fondation faute d’héritiers directs, on constate que 64% de ces philanthropes disposent pourtant d’une descendance. C’est donc l’image même du mécène physique qui change, au bénéfice de tous.

Concernant le mécénat d’entreprise, là encore, la surprise est aussi au rendez-vous. L’enquête sur le «mécénat d’entreprise» réalisée en 2010 par Admical, une association chargée de promouvoir le mécénat d’entreprise en France depuis 1979, a révélé dans un premier temps qu’environ 35.000 entreprises pratiquent le mécénat en France, soit 27% d’entre elles, un pourcentage en nette augmentation puisqu’il n’était que de 23% en 2008.

Parmi ces entreprises, 85% d’entre elles sont des PME, constituées de 20 à 200 salariés, bottant en touche l’idée reçue de mécénat pratiqué surtout par les grandes entreprises. Mais celles-ci ne sont pas en reste puisqu’on enregistre un net essor de l’engagement de ces grandes entreprises: en effet, 43% d’entre elles pratiquaient le mécénat en 2010, contre 26% seulement en 2008.

La répartition de ces entreprises mécènes reflète celle des entreprises en France, avec 59% du mécénat d’entreprise issu du secteur des services, 15% issu à parts égales de l’industrie et du commerce, et enfin 10% de la construction et 1% de l’agriculture. On note cependant une baisse globale du budget alloué au mécénat par les entreprises: 2 milliards d’euros, contre 2,5 milliards d’euros en 2008.

Diversification des domaines d’application

Si autrefois, le domaine culturel avait la prédominance, avec un mécénat pratiqué envers les artistes, écrivains ou pour la conservation de monuments ou œuvres célèbres, aujourd’hui il s’est diversifié et intervient dans bien d’autres aspects de notre société. Mieux, de plus en plus d’entreprises pratiquent un mécénat croisé, impliquant à la fois deux ou plusieurs domaines d’intervention.

L’enquête d’Admical a ainsi révélé que 58% des entreprises intervenaient surtout dans le domaine du social, de l’éducation et de la santé. C’est ensuite le sport qui prend la deuxième place avec 48% des mécènes qui lui accordent leurs faveurs. Viennent ensuite le mécénat culturel pour 37%, la solidarité internationale pour 19%, et enfin l’environnement pour 12% et la recherche pour  7% des entreprises. Ces pourcentages révèlent les intérêts croisés des entreprises pour différents types de mécénat.

L’association Admical propose une explication de cette progression de l’engagement vers le sportif au détriment du culturel, qui fut pourtant pendant des siècles, la base du mécénat. D’abord, il n’y a qu’un pas entre le sponsoring, fortement pratiqué dans le milieu sportif, et le mécénat. D’autre part, c’est un moyen de communication auprès des jeunes et cela révèle l’implication croissante du mécénat régional, dans lequel les PME vont soutenir les clubs associatifs de leur région.

La chute du mécénat culturel peut être expliquée de plusieurs manières : on constate que ce type de mécénat est surtout pratiqué par les grandes entreprises (50% d’entre elles), les PME privilégiant le mécénat de proximité (79% des entreprises mécènes) dirigé vers le sport et le social. De plus, dans un contexte de crise, le social, la santé et la relance de l’économie semblent constituer une priorité devant la préservation de la culture.

Il était donc intéressant de mieux appréhender ce qu’évoque le mécénat pour les entreprises et ce qu’elles attendent de cet engagement. Trois catégories d’éléments ont spontanément été mis en avant lors de l’enquête d’Admical en 2010: des valeurs telles que la générosité, la confiance, la citoyenneté; des verbes d’actions comme agir, entreprendre, encourager, pérenniser; enfin des domaines tels que la solidarité, la culture, le social.

Quelque soit le type de mécène, améliorer ou développer leur image de marque à travers les actions engagées par l’organisme soutenu, c’est avant tout l’objectif affiché implicitement par nombre d’entre eux. D’où le développement du mécénat social, sportif et de proximité.

Les différents modes d’intervention

L’apport financier demeure le mode d’intervention premier des entreprises mécènes qui sont 83% à le pratiquer. Vient ensuite le mécénat en nature, qui consiste à soutenir par le don de produits ou de mises à disposition gratuites, et qui est utilisé par 36% des entreprises. Le mécénat de compétences, qui fait appel aux salariés de l’entreprise, n’implique que 21% des entreprises.

Tout organisme souhaitant demander le soutien de mécènes doit d’abord s’assurer d’être reconnue comme étant d’intérêt général. Pour cela, elle doit satisfaire aux critères suivants: ne pas profiter à un cercle restreint de personnes; avoir une gestion désintéressée; ne pas exercer d’activités lucratives; ne pas entretenir de relations privilégiées avec des entreprises qui en retirent un avantage concurrentiel.

Puis, un travail d’introspection sur l’association, son fonctionnement, ses besoins, ses manques, doit être réalisé afin de bien cibler les objectifs du projet à mettre en place. Au-delà d’une simple réalisation de dossier, un projet de mécénat est aussi l’occasion de prendre du recul sur l’organisme et souvent, d’y amener un nouveau souffle.

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