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Les «camps de torture» peu connus, soumettent les esprits au profit du régime chinois

Un vaste réseau de «classes d’éducation juridique» cible les pratiquants de Falun Gong et les pétitionnaires

Écrit par Michelle Yu, Epoch Times
27.06.2013
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  • Le 13 mai, Jiang Tianyong, un avocat des droits de l’homme en Chine, est devant un u00abétablissement d’éducation juridique» d’Erehu, également connu pour être un centre de lavage de cerveau. Il faisait partie du groupe qui a visité les bâtiments. (Avec l’aimable autorisation de Jiang Tianyong)

Alors que le régime chinois sonne le clairon à propos de l’abolition de son célèbre système de camps de travaux forcés, un autre appareil parallèle, plus vaste, moins réglementé, et tout aussi violent, a presque totalement échappé à l’attention.

Dans un article récent, la Fondation Dui Hua, une association de défense des droits de l’homme, décrit les «classes d’éducation juridiques» (CEJ) du Parti communiste comme un moyen de détenir et d’abuser illégalement des pratiquants du Falun Gong. Mais à la différence du système de travail forcé qui, bien que brutal, fonctionne selon un ensemble de règles et de règlements, ces établissements «semblent être fondés sur un pot-pourri de mesures locales adoptées pour répondre aux directives politiques», explique Dui Hua.

En collectant les nombreux témoignages de victimes, les directives du Parti, les avis officiels, et les remarques spontanées faites par les autorités chinoises à la presse, l’image qui se dégage de ce dossier important des CEJ ressemble de manière troublante au système des camps de travail, avec son accoutumance à la violence physique et mentale, mais sans cadre juridique.

«C’est un crime, d’emprisonner des gens de manière complètement illégale», a déclaré Teng Biao, un avocat chinois des droits de l’homme bien connu, sur son compte Twitter. Il a récemment été attaqué par des malfrats embauchés par le régime après avoir tenté d’enquêter sur l’un des établissements dans le Sichuan.

Liu Weiguo, un autre avocat des droits de l’homme, a déclaré au Deutsche Welle qu’«aucune loi chinoise existante ne peut rendre ces établissements légaux».

Dans une affaire largement médiatisée, Zheng Linxin, la fille âgée de sept ans d’une pétitionnaire de longue date, a été maintenue dans une CEJ avec sa mère pendant 65 jours en 2006. Plus tard, elle partagera son histoire sur Radio Taiwan International, ainsi que sur d’autres médias. Elle aura vu sa mère sauvagement battue et traînée au sol, nourrie uniquement avec les restes des gardes, et s’est vue enfermée avec un assassin, un forçat enchaîné. L’enfant a également vu des gardes battre une femme handicapée et une vieille dame.

  • L’avocat des droits de l’homme Teng Biao à Berlin, en décembre 2007. Teng a récemment fait partie d’un groupe d’avocats qui a visité le 13 mai un u00abétablissement d’éducation juridique», également connu comme centre de lavage de cerveau, dans la province du Sichuan. Il a été détenu et battu. (Sean Gallup/Getty Images)

Les pétitionnaires ont rendu compte des CEJ à travers toute la Chine, mais le système semble avoir été initié pour être utilisé contre les pratiquants de Falun Gong en Chine, qui étaient au nombre d’environ 70 millions à la fin des années 1990, selon les rapports officiels. Il n’y a aucune documentation disponible mentionnant l’existence des CEJ avant fin 1999, lorsque le chef du Parti communiste Jiang Zemin, qui a eu recours à un ensemble de techniques de persécution extralégales, a lancé sa persécution radicale contre la pratique populaire de cette méditation.

Les «Classes d’étude» maoïstes

Bien qu’aucun document officiel connu n’explique l’origine des établissements, certains croient que les classes d’études fonctionnent comme la renaissance des sessions d’étude de style maoïste utilisées dans les années 1950 et 1960 à travers la Chine, où le peuple était amené à lire la «Bible rouge» de Mao en groupes, et dirigé afin que tous se critiquent férocement les uns les autres. Ce rituel du lavage de cerveau s’est endormi lorsqu’a pris fin la Révolution culturelle dans les années 1970, mais a été ramené à la vie, avec quelques modifications et ne ciblait qu’une toute petite partie de la population, lorsque Jiang Zemin a initié une campagne contre le Falun Gong en juillet 1999.

La persécution à l’échelle nationale qui a suivi a amené des dizaines de milliers de gens à pétitionner à Pékin, et une grande partie a été envoyée dans des prisons, des camps de travail, et autres centres de détention. Selon la documentation existante, la première CEJ connue a été initiée dans un centre de détention de la police de la ville du Wuhan le 13 septembre 1999, pour détenir les adhérents ayant essayé de pétitionner.

Le reste du pays a rapidement suivi le rythme, avec 23 provinces initiant leurs propres classes: elles auront été établies au niveau provincial, du district, du canton et même au niveau du comité de quartier, le corps de la plus faible envergure du PCC.

  • Malfrats qui travaillent pour le centre de lavage de cerveau, situé à Erehu dans la province du Sichuan, essayant de stopper les avocats qui prennent des photos le 13 mai. On présume que dans l’Audi noire se trouve un des responsables communistes associé à l’arrangement. (Minghui.org)

Dans les médias, ces classes sont tenues pour être mises en place par les gouvernements locaux, les camps de travail, les écoles, ou d’autres unités du gouvernement, mais le plus souvent l’organisation réelle qui supervise ces CEJ est le bureau 610, un groupement du Parti situé en haut de l’échelle qui opère en dehors du système judiciaire. Le World Organisation To Investigate the Persecution of Falun Gong (Organisation Mondiale pour Enquêter sur la Persécution du Falun Gong), un groupe d’investigation, cite plusieurs rapports des médias chinois, où des chefs du bureau 610 effectuent des inspections et des évaluations des classes. Le Bureau 610 de Pékin a établi son propre «Centre d’éducation juridique» dans la capitale en 2001. L’organisation a été fondée le 10 juin 1999, immédiatement après que Jiang ait annoncé la mise en place d’une «solution pour l’équipe des dirigeants du Falun Gong» le 7 juin lors d’une réunion du Politburo central.

Plus que des prisons

Dans la plupart des régions, la densité des CEJ dépasse de loin celles des prisons et des camps de travail combinés. Par exemple, dans le district de Weicheng, le plus petit des quatre districts administratifs de la ville de Weifang dans la province côtière du Shandong-, il y avait sept CEJ en 2004 pour cette région de 170 km2 avec une population de 415.000 personnes, alors qu’il y a seulement deux prisons pour l’ensemble de la ville de Weifang, selon les informations rassemblées par Minghui, un site Web qui fournit des rapports de première main sur la persécution du Falun Gong en Chine.

Ce réseau gigantesque a besoin d’argent pour se maintenir. Dans un rapport officiel, l’administration du quartier de Furong dans la ville de Changsha (population de 523.000 personnes) se vantait d’avoir consacré 433.000 yuans (près de 38.980 euros) pour les classes d’éducation juridique en 2001, et plus de 800.000 yuans (plus 97.818 euros) l’année suivante.

En outre, de nombreuses villes ont dépensé des sommes importantes pour la construction de nouveaux bâtiments pour ces CEJ, chacun coûtant facilement plusieurs millions de yuans. De nombreux exemples sont cités dans les médias chinois, comme un investissement de 2,6 millions de yuans (317.907 euros) pour une «base de transformation» dans le quartier de Wuchang dans la ville du Wuhan qui a reçu les compliments des chefs du bureau 610 en 2001. Le terme «transformation» se réfère au processus pour forcer, souvent par des tortures physiques ou autres, les pratiquants de Falun Gong à renoncer à leurs croyances et prêter serment d’allégeance au Parti communiste.

  • Malfrats qui travaillent pour le centre de lavage de cerveau, situé à Erehu dans la province du Sichuan, essayant de stopper les avocats qui prennent des photos le 13 mai. On présume que dans l’Audi noire se trouve un des responsables communistes associé à l’arrangement. (Minghui.org)

Les CEJ exigent également que les détenus paient des frais élevés de pension et de scolarité. Des victimes ont déclaré avoir déboursé pour plus de 5.000 yuans (611 euros) par mois en 2001, à peu près l’équivalent à l’époque du revenu d’un travailleur urbain moyen sur six mois. Les familles sont extorquées lorsque les individus manquent de fonds.

Dans les premières années de la persécution, les entreprises d’État et les ministères ont reçu l’ordre d’envoyer leurs employés qui pratiquaient le Falun Gong aux CEJ, certains ayant à payer la totalité ou une partie du coût, selon les comptes rendus de Minghui.org.

Tout l’argent est utilisé pour embaucher le personnel d’ «assistance et d’enseignement» qui «éduque» les détenus. Les membres du personnel dépassent parfois le nombre de détenus. Dans une CEJ de quartier, dans la ville de Changsha par exemple, plus de 20 personnes ont été embauchées de mai à juin 2001, pour «transformer» 9 pratiquants de Falun Gong, selon un avis officiel.

Les membres du personnel comprennent le personnel administratif ou des gardiens de prisons et de camps de travail, beaucoup d’entre eux sont expérimentés dans la persécution du Falun Gong; ils sont composés de gardes de sécurité ou de policiers armés dans certains endroits, et d’anciens pratiquants de Falun Gong qui ont été brisés par la torture et acceptent d’aider à laver le cerveau des autres pratiquants.

Bien qu’il n’y ait pas de réglementation officielle au sujet de qui devrait participer aux CEJ, la propagande du Parti se réfère généralement aux détenus comme étant des «pratiquants qui refusent de se transformer».

À en juger par les «success stories» dans les médias du Parti, les normes pour une transformation réussie comprennent des déclarations écrites de repentance et de dénonciation du Falun Gong, qui insultent le fondateur du Falun Gong, avec l’utilisation d’un langage compatible avec la propagande d’État; une garantie d’abandonner la pratique, l’expression de sa gratitude envers le Parti qui «leur a sauvé la vie», et une aide active aux autorités pour transformer d’autres pratiquants de Falun Gong.

Torture à mort

Bien qu’on les appelle des centres de formation juridique, ce qui se passe à l’intérieur est loin d’être légal, et n’est pas éducatif le moins du monde. L’objectif des détentions dans ces centres est de forcer les personnes à renoncer à leurs croyances spirituelles, les méthodes artificielles pour atteindre cet objectif incluent la torture physique extrême, la privation de sommeil et l’observation forcée de supports qui calomnient le Falun Gong.

  • Malfrats qui travaillent pour un u00abétablissement d’éducation juridique», mieux connu pour être un centre de lavage de cerveau, situé à Erehu dans la province du Sichuan. Le 13 mai, ils ont tenté d’empêcher la prise de photos par les avocats. (Weibo.com)

De nombreux décès ont été répertoriés sur Minghui.org. Un cas récent est celui de, Jiang Meilan, 65 ans, décédée en 2012, après une détention de 23 jours dans une CEJ dans la ville de Changsha, province du Hunan. Lorsque son fils l’a récupérée, le comportement de Jiang était incohérent, et son corps était totalement meurtri par les coups des matraques électriques. Sa bouche était purulente, ses organes internes étaient en train de pourrir, et la moitié inférieure de son corps saignait. Elle est décédée à l’hôpital peu de temps après sa libération.

Les décès comme ceux de Jiang ne sont pas rares dans les CEJ. Les militants chinois des droits de l’homme et l’avocat Teng Biao se sont référés aux CEJ comme à des «camps de torture» dans un blog récent, et ont cité d’autres avocats affirmant que «ces lieux de détention illégaux ont tué plus de gens que les prisons et les camps de travail».

La cible s’élargit

Alors que les pratiquants de Falun Gong ont traditionnellement été la cible-clé des CEJ, autour de juin 2006 les autorités centrales ont invité les gouvernements locaux à utiliser CEJ sur les pétitionnaires réguliers, selon plusieurs rapports de presse. Le Conseil d’État du Parti a publié un document officiel en mars 2007, demandant aux gouvernements locaux d’«augmenter l’éducation» et de «résoudre les problèmes localement».

Depuis les CEJ sont devenues une alternative plus souple que les camps de travail dans le traitement des pétitionnaires. Elles peuvent être mises en place à tout moment, n’importe où et pour n’importe quel nombre de personnes, selon un fonctionnaire de la province du Jiangsu, s’exprimant pour l’agence de presse officielle Xinhua. Le fonctionnaire a déclaré que les responsables des pétitionnaires étaient tenus de payer une redevance de plus de 40 yuans (4.99 euros) par jour et par participant. La décision est prise par un groupe de responsables locaux sans passer par une procédure judiciaire, et les pétitionnaires sont pris au piège par des moyens classiques, quand ils ne sont pas enlevés de force.

  • Les malfrats qui travaillent pour un u00abétablissement d’éducation juridique», mieux connu pour être un centre de lavage de cerveau, situé à Erehu dans la province du Sichuan, ont tenté d’arrêter les avocats qui ont voulu prendre des photos le 13 mai. (Weibo.com)

L’«éducation» des pétitionnaires est aussi signalée comme généralement abusive. Radio Free Asia a rapporté la mort d’un pétitionnaire après une détention de neuf mois dans une CEJ dans la province du Shaanxi. Xu Lingjun, un vétéran de la guerre Sino-Vietnamienne dans la quarantaine, est mort de faim, selon ses codétenus. «Ils nous ont donné deux repas par jour, avec seulement 3,5 onces de riz (99.22 grammes) ou moins à chaque repas», a déclaré le témoin. Lorsque sa mort a été signalée, la famille de Xu a reçu un cadavre qu’elle pouvait difficilement reconnaître: l’homme de 80 kg autrefois pesait à peine 35 kg.

Un autre requérant a déclaré au Southern Metropolis Daily que lors de son incarcération dans une CEJ de la province de Hubei, les détenus n’avaient eu aucune sorte de classes, ni aucun matériel d’éducation, ils étaient tout simplement contraints de signer des garanties pour arrêter de pétitionner. Ils n’étaient pas autorisés à parler entre eux, et étaient suivis tous les jours, jusqu’aux toilettes, a-t-il affirmé. Le reportage a également raconté l’histoire d’une pétitionnaire de 48 ans, détenue pendant 63 jours dans une CEJ, où elle a été battue à plusieurs reprises par un jeune voyou embauché par la CEJ, et a été grièvement blessée par les coups. La CEJ l’a laissée sans surveillance, et n’a donné qu’une petite quantité de médicaments après qu’elle ait protesté par une grève de la faim de deux jours, selon ses propos au Daily.

La violence s’est étendue à ceux qui osent s’intéresser à ce qui se passe derrière les portes closes. Le 13 mai, onze avocats ont été embarqués et placés en détention après avoir tenté de photographier une CEJ dans la ville de Ziyang, province du Sichuan. Dans ce bâtiment en particulier, selon Minghui.org, ont été torturés au moins 500 adhérents de Falun Gong, dont trois sont morts.

Version en anglais: Little-Known ‘Torture Camps’ Bend Minds for Chinese Regime

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