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Des réseaux d’initiatives locales visant à être moins dépendants des aléas des crises

Écrit par Alan McDonnell, Epoch Times
28.06.2013
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  • Eileen McDermott et sa nièce Iseult examinent le fruit de leur travail dans leur lot de terre. (Avec l’aimable autorisation de Eileen McDermott)

En Irlande, au sein d’une économie stagnante, de nombreuses familles irlandaises à travers le pays prennent du recul pour reconsidérer leur façon de vivre. Peut-on réellement faire quelque chose au sujet du changement climatique ou l’épuisement rapide des ressources mondiales d’hydrocarbures? Face à un système socio-économique qui semble avoir échoué, certains groupes sont à la recherche de moyens pour rendre leurs communautés plus indépendantes face aux aléas des marchés mondiaux.

Transition Maynooth est un groupe de bénévoles qui fait partie d’un vaste réseau de villes dans le monde cherchant à répondre localement et écologiquement aux grands défis rencontrés par l’humanité aujourd’hui : la fin de l’époque du pétrole bon marché, la sécurité alimentaire et l’impact du changement climatique. Transition Initiatives cherche à développer les savoir-faire au sein des communautés, afin de les rendre capables de faire face aux pénuries, à des crises, voire d’empêcher qu’elles ne se produisent.

«Quand vous commencez à en connaître d’avantage sur ces problèmes, cela peut vraiment être extraordinaire», a déclaré Eileen McDermott de Cultivate Maynooth.

«J’ai trouvé que le concept d’"être le changement" [en référence à Gandhi "Être le changement que l’on veut voir dans le monde"] est vraiment utile à retenir. À un niveau plus large, cela signifie la construction de la coopération, l’apprentissage, l’écoute, faire face aux réalités ; c’est aussi prendre la responsabilité de ce qu’on veut faire, dans sa propre vie, dans sa famille et dans son cercle d’amis, ainsi que dans l’environnement dans lequel on travaille.»

Certaines des forces motrices derrière ces initiatives irlandaises viennent du fait que la production alimentaire, les transports et les systèmes d’énergie sont fortement dépendants de ressources naturelles limitées dont l’utilisation conduit à la dégradation de l’environnement. Dans un contexte de production de pétrole bon marché quasiment en phase terminale, si les prix de l’énergie doublent ou triplent dans le futur, il deviendra difficile de pouvoir se procurer les aliments les plus simples.

Une agriculture anti-crise

Nathan Jackson est l’agriculteur en charge de la ferme communautaire de Celbridge. Selon lui, l’Irlande a des points forts et des points faibles en termes d’approvisionnement alimentaire et énergétique.

«Par rapport à de nombreux pays européens, l’Irlande est dans une position positive.»

«Nous avons une faible densité de population, beaucoup de régions sauvages idéales pour la production de biomasse pour l’énergie, et des pâturages pourvus d’une bonne pluviométrie capables de produire des protéines – bœuf, agneau, produits laitiers, etc. – avec des besoins énergétiques très faible.»

Jackson croit que l’Irlande a le potentiel de produire suffisamment de nourriture et d’énergie, si elle est prête à faire des changements.

«Si nous ne voulons pas changer notre mode de vie, alors nous allons être en difficulté, car nous sommes très dépendants des voitures et des importations ; et nous sommes au bout des conduites de gaz d’Europe. Si nous restons dépendants du pétrole et du gaz, alors nous allons mal vivre les futures crises», a-t-il ajouté.

Jackson considère le changement climatique comme une menace plus grande que les pénuries d’énergie. «Comme nous l’avons vu récemment, même de légères modifications comme un été pluvieux suivi d’un long hiver ont diminué la production de lait de 10% et ont conduit des agriculteurs à la faillite».

Selon lui, il faut prévoir un système de planification plus souple pour faire face à l’instabilité climatique et à de longues périodes de sécheresse, à la pluie et au froid. Il suggère également que des solutions innovantes, telles que les jardins forêt, pourraient être utilisés pour rendre les systèmes de production alimentaire plus résistants aux aléas climatiques.

Une des fondatrices de Cultivate Celbridge, Anne B. Ryan, a écrit plusieurs livres et articles sur ces questions, y compris une étude nommée Enough is Plenty à propos de notre culture moderne basée sur une consommation excessive. Selon Ryan, les interactions entre l’environnement, la société et l’économie sont évidentes dans les pressions accrues sur les écosystèmes, non seulement en Irlande, mais aussi au niveau international.

«Les prix de l’énergie sont en hausse, et malgré cela, les gens brûlent plus de tourbe et de bois. Les dérèglements climatiques ont réduit les rendements des cultures. De plus grandes quantités sont importées de l’étranger et des engrais azotés sont utilisés pour augmenter le rendement, avec le ruissellement associé qui cause des problèmes dans les cours d’eau», y écrit-elle. Selon Anne B. Ryan, la dégradation excessive et l’effondrement potentiel des écosystèmes en Irlande est maintenant probable aux vues des politiques agricoles toujours plus intensives.

«Le rapport Food Harvest 2020 publié par le ministère de l’Agriculture a été financé par le secteur agroalimentaire», a-t-elle fait remarquer. «Ils veulent intensifier l’agriculture et exporter plus de nourriture. Cela se traduira par une augmentation des émissions de carbone. La plupart des professionnels auxquels vous parlez ne sont pas intéressés par le changement climatique ou le réchauffement de la planète. Ils ne sont intéressés que par la croissance économique. Ils ne comprennent pas qu’une économie de croissance en échec n’est pas la même chose qu’un état d’équilibre avec des quantités suffisantes et une économie avec peu d’émissions de carbone».

L’avenir est entre nos mains

Nathan Jackson estime que les prix de l’énergie se sont stabilisés en raison d’une baisse de la demande mondiale liée à la crise énergétique, associée à l’apparition de sources d’hydrocarbures non conventionnelles tel l’essor de la fracturation hydraulique pratiquée aux États-Unis pour récupérer les gaz de schistes. Cependant, il ne sait pas combien de temps cela peut durer.

«Les puits de fracturation hydraulique déclinent fortement, donc la seule raison pour laquelle les prix se sont stabilisés, c’est que les Américains creusent de plus en plus de puits en augmentant les coûts environnementaux. Je pense que les prix vont continuer à augmenter au cours des prochaines décennies, que ce soit de manière brutale ou tout simplement progressive. Quoiqu’il en soit, nous ne pouvons plus nous permettre de brûler cette énergie fossile, si nous voulons un environnement propice à une civilisation dans les décennies à venir», a-t-il déclaré.

Jackson estime que l’Irlande doit étudier un éventail d’options pour sécuriser son approvisionnement énergétique.

«À mon avis, nous avons besoin d’éoliennes pour l’industrie et les transports publics; des éoliennes et des systèmes hydrauliques communautaires pour l’électricité à la maison; de la biomasse associée à une bonne isolation pour le chauffage domestique; et le biodiesel pour les véhicules ne pouvant pas être électrifiés, comme les ambulances, etc.»

Outre les modifications apportées aux infrastructures et aux modes de vie, Jackson plaide pour la réduction de la semaine de travail.

«Si nous faisions cela, les gens auraient du temps libre pour faire du vélo, cultiver leur propre nourriture et carburant (via les coopératives, les jardins collectifs, etc.). Cela signifierait également que nous aurions besoin de moins d’argent pour financer nos modes de vie, parce que les transports et la nourriture seraient beaucoup moins chers», a-t-il ajouté. Selon lui, le problème majeur est qu’en Irlande, beaucoup de gens sont enfermés dans leur longue semaine de travail afin de payer une hypothèque, des dettes ou des loyers élevés.

Jackson pense que la résistance aux éoliennes est irrationnelle bien que compréhensible, car l’image que nous avons de leur utilisation vient de la société industrielle, et non d’une société durable.

«Nous n’avons pas besoin d’énormes parcs éoliens si nous sommes heureux en vivant des vies moins énergivores... Vous avez seulement besoin des grands parcs éoliens si vous voulez changer de voiture tous les deux ans, acheter la dernière i-poubelle, et avoir tous vos aliments emballés et bien rangés dans un entrepôt frigorifique géant »

Cultiver, une voie à suivre

«Les jardiniers edwardiens ont perfectionné de nombreux aspects de l’agriculture à faible énergie juste à l’aube de l’ère du pétrole», explique Jackson, «seulement, elle a été rejetée par l’avancée de la civilisation. Ils ont compris comment faire pousser toutes sortes de choses sur le fumier et le compost, comment utiliser les serres au mieux ». Selon lui, nous pouvons très bien produire des aliments hautement nutritifs et simples en Irlande avec une bonne mise en place. «Le plus grand inconvénient avec ces sortes d’agriculture, c’est que cela signifie généralement l’abandon des choses que nous aimons, comme la viande et les féculents, en allant plus vers les légumes et les fruits. Mais, nous allons par la suite économiser sur les soins de santé, cela pourrait donc être pire!»

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