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Sérénité et harmonie dans son jardin bio

Écrit par Sandra Kunzli, Epoch Times
09.06.2013
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  • L’hôtel à insectes, bien conçu et bien orienté, peut se voir vite habité et avoir pleinement son utilité au sein du potager. (Fotolia © dutourdumonde.jpg)

Le jardin biologique est un hobby pour certains, un mystère, une ineptie ou encore une évidence incontournable pour d’autres. Beaucoup aimeraient s’y adonner et préfèreraient cette culture. Mais suite aux conceptions erronées qui entravent leur assurance, ils optent pour ce qui leur semble plus simple, malgré le coût, la qualité médiocre, les problèmes phytosanitaires et écologiques que leur choix implique.

En réalité, le potager, le jardin ou le champ bio n’est guère plus compliqué que la culture conventionnelle – qui a ses propres exigences. Le bio demande au final moins de travail, mais nécessite évidemment d’aller dans le sens de la nature. En l’observant, en respectant ses principes et en apprenant quelques bases, le succès est assuré et le plaisir aussi!

Pourquoi opter pour le jardin biologique?

Concrètement et objectivement, c'est par l’agriculture biologique que le savoir ancestral se perpétue. Elle se pratique dans les règles de l’art, respecte toute forme de vie – végétale, animale et humaine –, et permet une certaine autonomie de par les différentes variétés de semences paysannes, les unes aussi intéressantes que les autres. Elle est rentable et enfin offre les qualités nutritives, savoureuses et immunitaires que l’on attend d’un légume ou d’un fruit. Finalement,  elle est celle qui a du sens…

Face aux dommages sanitaires et environnementaux de l’agro-industrie et des pesticides, c’est un choix citoyen qui s’offre à nous et non une mode. Aussi loin que remonte l’histoire agricole, la terre a toujours nourri les hommes dans tous les pays du monde, quel que soit le climat. Certes, remettre nos terres en état requiert un engagement à long terme dont l'aboutissement est fructueux.

Une richesse du vivant

L’agriculture bio, c’est avant tout la biodiversité. Elle désigne la variété et la richesse du vivant: diversité des espèces et diversité génétique. Une richesse qui impose un devoir de vigilance. La nature est le fruit d’un équilibre fragile qui s’est établi au fil des siècles entre l’homme et son environnement.

Aujourd’hui, elle est assujettie à de nombreux changements imposés par les activités des hommes. L’urbanisation et l’intensification des pratiques agricoles – fertilisation, monoculture, destruction des haies, affleurements rocheux –, modifient grandement le paysage. Ces phénomènes sont responsables de la disparition, au cours des vingt dernières années, de 20% des prairies naturelles et des espèces animales et végétales qui en dépendent.

L’agroécologie comme pratique agricole

L’agroécologie est une agriculture paysanne fondée sur des pratiques agronomes de bon sens tendant à l’autonomie. Elle inscrit la ferme au sein de l’écosystème. En France, Pierre Rabhi est le représentant de ce mouvement qui prône le respect des écosystèmes, la reconnaissance des savoirs et du savoir-faire paysan. Il intègre les dimensions économiques, sociales et politiques de la vie humaine.

L’agroécologie inscrit chaque élément au cœur de la ferme comme étant indispensable. Tous travaillent ensemble pour le bon déroulement des activités et la symbiose qui s’y crée. Par exemple, les canards «coureurs indiens» mangent les limaces sans abimer le potager, produisent des œufs et procurent de l’engrais.

L’approche du sol

Le sol étant un milieu vivant et dynamique, il est aussi fragile et en danger s’il n’est pas travaillé délicatement. Depuis la révolution verte, le lourd et profond travail réalisé par les tracteurs n’a d’autre effet que celui de déstructurer le sol, d’occulter les règles agricoles nécessitant de collaborer avec la nature et d’ignorer la symbiose existante avec la faune et la flore.

Nous cultivons à l’heure actuelle 1,5 milliard d’hectares pour nourrir 6,5 milliards d’hommes, soit environ 2.400 m2/habitant. Or, les occidentaux utilisent 6.000m2/habitant, soit trois fois la surface disponible pour chacun. Ces chiffres révèlent un déséquilibre qui engendre des famines dans certaines régions du monde.

En réponse à cet engouement, l’agriculture intensive détruit de façon empirique 10 millions d’hectares chaque année, compensés par la destruction massive de 15 millions d’hectares de forêts tropicales. Nous éprouvons la terre et sa faune, épuisons ses ressources et détruisons ce dont nous dépendons tous.

Les labours, l’irrigation, l’excès d’azote et les pesticides détruisent la matière organique dont la fonction est primordiale pour la vie de la faune et de la flore. Lorsque l’acidification du sol est excessive, le complexe argilo-humique n’est plus possible et la mort des sols précède l’érosion. Sauvegarder et développer l’activité biologique est la seule solution pour permettre aux sols d'avoir un avenir.

La terre est protégée contre les pluies et le soleil en étant couverte soit de sa végétation, soit de mulch, de paillage ou de bâches en attendant les semis. Mais avant de commencer tout travail, il est impératif d’approcher la terre convenablement. Une étude doit être effectuée, afin de s’organiser et de connaître les futurs travaux qui auront lieu à travers son pH, sa structure et sa texture.

Il faudra définitivement abolir les  conceptions d’une terre totalement désherbée et retournée. Une terre propre est une terre peu travaillée qui n’a pas subi la battance, l’érosion et qui n’est pas brûlée par le soleil.

Les plantes bio-indicatrices

Le premier travail consistera tout d’abord à reconnaître les plantes vivant sur ce type de sol. Elles sont appellées plantes «bio-indicatrices»: elles ont toutes une raison d’être à l’endroit précis où elles se trouvent.

Le sol sera ainsi plus aisé à diagnostiquer et le travail pourra commencer. C’est un vrai plaisir que de connaître notre hôte dont nous dépendrons en toute confiance, et de savoir travailler avec, en toute sérénité.

Le travail du sol

Nos supports étant différents, le démarrage d’une plantation doit être pris en considération.

Dans le cas d’une prairie, il est recommandé d’éviter le labour afin de ne pas enfouir en profondeur la matière organique qui serait minéralisée et perdue, et de prévenir la semelle de labour qui empêcherait les échanges atmosphériques, ainsi que l’infiltration de l’eau. Casser la prairie en automne à l’actisol – à 5 cm puis à 10-15 cm quelques semaines plus tard et encore 20-25 cm –, décompacte le sol sans le retourner et sans nuire à la faune et à la flore.

Semer un engrais vert tel que l’avoine d’hiver et la «casser» un mois avant les plantations permet à la prairie de ne pas perdre son potentiel nutritif et de ne pas être affaiblie par les futures plantations.

Dans le cas d’un jardin où il y a eu toutes sortes de plantations, l’idée d’élever un porc ou un cochon nain est une excellente façon de se débarrasser de l’herbe. Certains maraîchers les utilisent également dans les champs.

Si cette solution est difficilement envisageable, pour la première année, il est conseillé de nettoyer sa terre avec l’avoine. Cet engrais vert pourra être remplacé les années suivantes par du trèfle, de la luzerne, du seigle, de la féverole, etc. Il est  bienvenu d'effectuer un travail à la grelinette ou à l’aérabêche pour éviter de retourner.

Cet engrais vert devra être complété par du fumier de vache ou de cheval (qui doit être composté à l’abri pour éviter le lessivage, et bien monté en température afin d’éliminer les champignons). L’excrément de poule est idéal pour relancer les terres après l’hiver.

Les composts ne doivent pas être enterrés, cela altérerait leur dégradation et les minéraliserait. Leur activité est aérobie et c’est à cette condition uniquement qu’ils pourront fournir leurs éléments nutritifs à la terre.

Moins la terre sera travaillée, moins elle sera déstructurée. Nous pouvons prendre, en exemple, les notions de «permaculture». Ainsi, les lombrics, vers de terre et insectes en tout genre dont le rôle est de transformer les matières organiques en humus, assurent la fertilité des sols et les fonctions de la biosphère : désinfection, neutralisation, protection et production.

Haies, étangs et auxiliaires

La biodiversité ne pourra fonctionner qu’à condition que les auxiliaires y soient invités. Ceci commencera par la plantation des haies. Celles-ci protègent les sols et les cultures des effets néfastes du vent. Elles fixent la terre en bord de parcelle, évitent l’érosion et assurent une régulation hydrique.

Les haies se composent de frênes, d’aulnes, d’églantiers, de noisetiers, de saules, d’érables, d’aubépine, de sureaux, de troènes, de sorbiers, de chênes, d’ormes, de merisiers, etc. Ces arbres servent de brise-vent. Ils assurent aussi d’autres fonctions telles que la régulation climatique et hydrique, l’équilibre entre les espèces et la conservation des sols. Ils s’opposent aux rayonnements du soleil et, surtout, abriteront quelques dizaines de variétés différentes d’oiseaux, mangeurs d’insectes ou de ravageurs tels que les mulots.

Afin d’inviter tous ces auxiliaires qui sont indispensables et qui travaillent sans relâche pour nous, il est envisageable de fabriquer des «hôtels à insectes». Nous connaissons tous le rôle des coccinelles mangeuses de pucerons. D’où l’intérêt de ne pas traiter tout le jardin (même en bio). Une plante ou deux, particulièrement faibles et exposées aux menaces parasitaires, constitueront un garde-manger disponible. À cette condition uniquement, les auxiliaires trouveront votre potager intéressant. Les bambous, du bois troué, de la paille, du foin, des fagots, des pots en terre, etc. serviront de refuge aux abeilles solitaires et aux bourdons.

Les insectes auxiliaires à accueillir

Une grande variété d'insectes auxiliaires peut se voir offrir le gîte, voire le couvert, grâce à la nourriture qu'ils trouvent naturellement autour de leur abri. On y trouve les coccinelles, les chrysopes, les osmies, les pemphédrons, les carabes, les aphidius, les syrphes, les perce-oreilles…

L'araignée, la belette, le carabe doré, la coccinelle, la chauve-souris, la couleuvre, le crapaud, la chrysope, la guêpe parasite, la grenouille, le hérisson, le lézard, la musaraigne, le rapace, la punaise, la syrphe sont les principales espèces utiles.

L’équilibre sera total si le terrain possède également un étang. Ces aménagements permettent à l’eau d’alimenter les nappes phréatiques, d’éviter la saturation des sols en eau et l’érosion. Un étang est aussi un stockage naturel d’eau. À l’arrivée des grenouilles, vous saurez que votre résultat est positif.

Le choix des semences

Avant de commencer toute plantation, il faudra faire le choix des semences. En fonction des légumes souhaités, il est préférable de choisir des semences «authentiques». En effet, en évitant les graines OGM* ainsi que les hybrides, nous faisons un pas de plus vers l’autonomie. Nous contribuons également à sauvegarder ces semences qui ont fait vivre nos ancêtres et les ont gratifiés de saveurs parfois oubliées.

Cependant, propager et protéger l’autonomie semencière est devenu répréhensible. La loi règlemente le patrimoine semencier alimentaire. La biodiversité est en déclin et la disparition de nombreuses variétés face à l’augmentation de la population mondiale et aux dérèglements climatiques laisse perplexe.

Il est de notre devoir de lutter contre cette homogénéité semencière et de reconnaître et contribuer à la valeur agronomique et culturelle des variétés mondiales reproductibles.

L’association Kokopelli est une banque mondiale de semences et de variétés authentiques. Kokopelli distribue sa richesse et son savoir afin de sauvegarder les pays de la pénurie, de la carence, de l’homogénéité et de l’aridité. Ces dernières années, l’association s’est vue confrontée aux menaces et attaques des multinationales prônant la médiocrité et la stérilité des semences. Bénéficiant d'appuis de haut niveau, les multinationales ont  bien failli obtenir la fermeture de Kokopelli.

Les associations de plantes

Dans la nature, aucune plante ne vit seule. Chacune est entourée de nombreuses voisines et ces associations ne sont pas le fruit du hasard. Nos intérêts dans l'objectif de la récolte nous font oublier que, dans l'environnement naturel des plantes, certaines ne se supportent pas, voire, au-delà de l’hostilité, sont presque mortelles pour leurs consœurs.

En faisant les bonnes associations, nous verrons les plantes s’épanouir, s’entraider, lutter activement contre les maladies et se protéger. En revanche, certaines sont dangereuses pour les plantes de la même espèce. Par exemple, les roses ne se supportent pas et dépériront si elles viennent remplacer d’autres rosiers. La nouvelle plante ne supporte pas les éléments métaboliques laissés par l’ancienne dans le sol. Les carottes présentent les mêmes symptômes.

Dans tous les cas, afin de ne pas épuiser la terre et limiter les maladies et les ravageurs, il est recommandé de procéder à la rotation des cultures.

Les rotations

Les légumes ne peuvent être plantés au même endroit d’une année sur l’autre. Cela épuise la terre et augmente les risques de maladie. Nous procédons donc à ce que nous appelons des «rotations».

Cependant, certains légumes, nécessitant beaucoup d’éléments nutritifs, ne se plantent pas à la suite de légumes gourmands, etc. Encore une fois, nous devons respecter l’ordre des plantations selon les besoins des plantes afin de ne pas abîmer le sol. Nous veillerons également à l’enrichir avec un engrais vert afin de le fertiliser et de le nettoyer.

Certaines plantes améliorent le sol en l’aérant avec leurs racines selon des profondeurs différentes. Il faut veiller à changer de familles. Par exemple, à la suite des haricots, nous planterons des pommes de terre, des betteraves et la troisième année, du maïs, des oignons et du fenouil…

Soigner les plantes par les plantes

De même que pour nous, les plantes possèdent toutes sortes de méthodes pour se protéger contre leurs agresseurs. Mais une faiblesse due à la sécheresse, à une carence, à trop d’humidité, à du stress, à une transplantation, ou à des parasites peut rapidement la détruire sans qu’elle n’ait pu se défendre.

Au même titre que les vertus de certaines plantes peuvent nous être bénéfiques, elles peuvent l’être aussi pour leurs voisines. Sous forme de purins, de macérations, certaines plantes telles que l’ortie, la consoude, l’ail, la lavande, la sauge, la capucine et d’autres ont des effets stimulants, fongiques, répulsifs, insecticides, etc.

L’autosuffisance

Il serait bien prétentieux de prétendre qu’avec tous ces conseils, vous seriez en autosuffisance. Cela ne s’improvise pas et il faut quelques années avant d’apprendre à bien travailler sa terre, collecter ses semences, économiser l’eau, s’occuper de ses plantes et les valoriser, s’occuper de ses animaux et transformer les produits que ceux-ci procurent…

Etre bio, ce n’est pas uniquement manger bio mais c’est penser bio, une réelle philosophie… C’est avant tout préserver notre terre, sauvegarder ce qu’elle nous a procuré comme la diversité de notre alimentation que nous sommes maintenant en train d’effacer, l’eau que nous dilapidons, la terre que nous souillons et l’air que nous étouffons. C’est encore une fois le respect que nous devons à toute forme vivante, végétale, animale, humaine et desquelles nous dépendons… gérer nos ressources, se faire plus humble, cesser cet impérialisme que nous exerçons sur tout ce qui nous entoure, se concentrer sur la génération que nous laissons à la planète et non à la terre que nous laissons à nos enfants.

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