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Créateurs d’applications mobiles d’ici pour les gens d’ici

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
10.07.2013
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Pour plusieurs, la technologie mobile (tablettes, téléphones intelligents) pourrait se résumer à une «télécommande pour contrôler notre vie», comme le formule Bill Gross, le PDG et fondateur de Idealab/UberMedia, basé à Pasadena, en Californie. La réalité montréalaise n’est pas si différente de celle des États-Unis. En moins de trois ans, Montréal a su non seulement rattraper son retard avec son voisin dans la création des applications mobiles (logiciels applicatifs pour technologie mobile), mais elle a poussé son expertise pour être un joueur de calibre international.

Bien que le milieu montréalais soit en pleine expansion en ce qui a trait à la création d’applications mobiles, Joseph Zibara, de la compagnie Underlabs, tient à faire part qu’il n’y a pas assez d’applications pour les Montréalais.

«Après avoir habité San Francisco pendant quelques années, quand je suis revenu ici avec toute ma famille, j’ai remarqué que Montréal, en ce qui concerne la création d’applications mobiles, était un champ vierge, un virgin market. C’est à ce moment que j’ai décidé de fonder Underlabs», raconte-t-il.

Selon Lav Crnobrnja, directeur général de Cloud Horizon, expert en développement d’applications web et mobiles, «Ça fait un bon deux ans et demi que le marché montréalais est en effervescence, mais le boom s’est fait en 2012.»

  • Président de l’agence digitale et interactive et d’experts en réalité augmentée Merchlar, Awane Jones (Gracieuseté de Merchlar)

«À ma connaissance, on est sur la pointe visible de l’iceberg. On est au début encore», déclare Awane Jones, président de l’agence digitale et interactive Merchlar.

Lav Crnobrnja tient cependant à faire remarquer que «Los Angeles, San Francisco et New York sont bien en avance sur Montréal en ce qui concerne la compréhension de l’importance de la technologie mobile, mais lorsque la demande et l’offre augmenteront un peu plus, on pourra s’attendre à beaucoup avec le potentiel qui a déjà fait ses preuves».

Pour le président du studio de développement web et mobile WE+ARE, Robert Gosselin, le Québec commence à avoir un bon nombre d’applications. «L’effort de La Presse+ est un bon exemple, le marché a atteint une certaine maturité. On commence à réaliser que c’est sur le mobile que l’avenir va se passer. Je vois ça comme l’arrivée des points Com [.com] et des portails. Il y a eu une phase où tout le monde voulait avoir son application mobile. Les gens prennent un peu plus conscience, avec un peu de recul, des raisons pour se lancer dans une telle aventure. Nous amenons le client à réfléchir véritablement à ses besoins. “Est-ce que ma compagnie et ses clients bénéficieraient d’une application mobile ou ai-je besoin seulement d’un site web qui pourrait aussi par la suite être compatible sur mobile?”», développe Robert.

  • Le président du studio de développement web et mobile WE+ARE, Robert Gosselin (Gracieuseté de WE+ARE)

Il juge que la compétition actuelle entre les entreprises montréalaises prisant la technologie mobile est très saine. «Il y a de très bons joueurs sur le marché. Il y a de plus en plus de compagnies qui se disent capables de faire du mobile, mais quand on gratte un peu plus, on se rend compte qu’elles n’en font pas. Il y a tout de même plusieurs joueurs qui émergent, tandis que plusieurs autres coulent», confie le président de WE+ARE.

Robert Gosselin souligne la grande créativité que possèdent les experts du domaine à Montréal. «Il y a beaucoup de start-ups [entreprises de démarrage] qui se font à Montréal. Un start-up, c’est une rencontre où des gens qui veulent lancer des applications se réunissent avec un regroupement d’anges investisseurs. Ce volet-là est très développé à Montréal et reconnu mondialement», affirme Robert.

Pourquoi développer mobile?

  • Bureau de l’équipe de WE+ARE, situé à Montréal (Gracieuseté de WE+ARE)

«On promeut maintenant le mobile avant tout», avance Robert Gosselin de WE+ARE. «Avant de faire un site web, on va faire une stratégie de contenu. Je vais mettre l’accent sur les besoins initiaux du client. En me dirigeant vers le mobile, je vais pouvoir aller plus à l’essentiel. Un site web contient plus de superflus», croit-il.

De la perspective de Cloud Horizon qui travaille directement avec les entreprises, les applications, qu’elles soient sur téléphone ou sur tablette, rendent les employés plus efficaces, éliminent certaines tâches, en centralisent d’autres et elles peuvent regrouper des informations importantes. Leur utilisation peut aussi éviter certaines dépenses comme entraîner des revenus. «On ne pensait pas à ça il y a trois ans», avance Lav Crnobrnja. «Nous avons travaillé avec les Fermes Lufa, qui est la première serre commerciale sur un toit au monde à Montréal qui livre des paniers de produits frais locaux et responsables toute l'année. Leurs employés font leurs rapports désormais sur iPad, au lieu d’écrire à la main, transcrire sur ordinateur et d’ajouter le tout à la banque de données de la compagnie», explicite Lav.

Cloud Horizon a travaillé, entre autres, avec l’Université Concordia pour l’organisation d’évènements, l’Université McGill, Pfizer (pour une application de vaccins pour les vaches), Pajar Canada et Stokes.

WE+ARE a travaillé sur la version Androïd de TOU.TV de Radio-Canada, pour Tuango, pour le parc du Mont-Tremblant, pour la fondation du CHU Sainte-Justine. Ils ont notamment élaboré l’application RestoMontréal, qui permet de trouver un restaurant à Montréal selon sa géoposition et l’application Sorties Météo, en collaboration avec l’agence Cossette, pour Tourisme Québec. Elle propose des suggestions d’activités basées sur la météo extérieure.

La compagnie fondée par Robert Gosselin travaille aussi à l’extérieur du Québec. «On a eu des contrats au Mexique avec LG qui étaient de promouvoir une télévision en 3D en réalité augmentée dans une série de magasins qui est l’équivalent de Best Buy, mais au Mexique», précise Robert.

Plusieurs novices et nouvelles compagnies vont consulter WE+ARE pour solliciter leur expertise.

L’équipe de Robert Gosselin a une façon bien à elle de développer ses projets mobiles. «Les projets qu’on développe, ce sont des projets qu’on fait simplement pour amuser nos équipes. On a cette culture d’entreprise où l’on croit à nos projets. On aime mieux jouer avec notre argent qu’avec l’argent des autres. Ça nous donne une liberté, on prend un peu plus de temps pour développer nos projets, on n’a pas d’investisseurs externes et on fait la promotion des applications une fois qu’on est certain qu’on peut aller de l’avant», indique Robert Gosselin.

«Ici, on ne croit pas à la culture des prix. De gagner des prix, c’est intéressant si ça arrive, tant mieux, mais notre philosophie est de créer d’abord de bonnes relations avec de bons clients, comprendre précisément leurs besoins d’affaires. Ce qui nous amène à récompenser notre équipe différemment, c’est-à-dire de travailler sur des projets WE+ARE», mentionne-t-il.

«Par exemple, l’application Better Seat est une application née chez WE+ARE. On n’a pas eu de demande, c’est l’équipe qui a décidé d’aller de l’avant avec ce projet parce que toute l’équipe aime la musique et qu’on voyait qu’il y avait une place à prendre dans les spectacles. Tout le monde utilise leur téléphone cellulaire pendant ces évènements et on s’est dit  : “Pourquoi on ne développerait pas une application qui nous permettrait de capturer vidéos et photos, basé sur une position dans un amphithéâtre et de créer un réseau social avec ça. C’est venu de l’intérieur et non d’une demande. On va sans doute trouver des partenaires pour voir quelles vont être les prochaines actions à faire. Pour le moment, on lance tranquillement l’application [soft launch] et on la fait connaître officieusement», annonce le président de WE+ARE.

Combien ça coûte?

«Il y a tant de variables à considérer pour la création d’une application qu’il est difficile de donner un ordre d’idée. Ce n’est pas une dépense à faire à la légère. Ça peut aller, disons de 5000  $ jusqu’à 100 000 $», fait comprendre Robert Gosselin de chez WE+ARE.

«Il y a des Québécois qui veulent faire une ou des applications ailleurs, par exemple aux Philippines ou en Inde où c’est moins cher. Je tiens à mentionner qu’aux États-Unis, c’est encore plus cher qu’ici», explique Joseph Zibara de Underlabs. Il ajoute qu’il est important de choisir un service local : «Le cycle d’un projet change tellement qu’il est mieux de travailler à proximité avec le client. On peut penser que c’est simple aujourd’hui de travailler à distance, mais c’est loin d’être toujours facile.»

La différence entre Underlabs et les autres compagnies de créations mobiles est qu’elle souhaite demeurer petite. «On ne veut pas grandir pour pouvoir garder les prix d’applications mobiles décents et prendre le temps de créer des liens avec nos clients», affirme Joseph.

Quant à Awane Jones et l’entreprise Merchlar, il a un plan financier particulier. «Notre formule a bien marché. On demande peu au Québec et on fait de belles campagnes. On va prendre cette technologie développée ici et on va avoir des tarifs plus élevés pour les Américains», déballe-t-il.

  • Les bureaux de Merchlar à Montréal (Gracieuseté de Merchlar)

Awane travaille, entre autres, avec les géants du cinéma comme Universal Pictures, Alliance Vivafilm et Liongate. Il compte aussi parmi ses clients le Cirque du Soleil, Ubisoft, Desjardins, Bell, .Tiff et bien d’autres. La compagnie Merchlar a été fondée il y a deux ans. «On est très apprécié aux États-Unis, au Canada, on est les leaders dans la réalité augmentée (reality augmented) et parmi les cinq plus gros au monde», explique Awane Jones. Petit marché québécois oblige, il trouve dommage qu’il doive se faire reconnaître ailleurs qu’ici, vivant littéralement l’expression «Nul n’est prophète dans son pays». «On continue à vendre en dehors du Québec pour inspirer petit à petit le Québec», ajoute-t-il.

Réalité augmentée

Awane Jones, président de l’agence digitale et interactive Merchlar, s’est spécialisé en applications mobiles contenant ce qu’on appelle la réalité augmentée (RA ou Augmented Reality). «La réalité augmentée, c’est de mettre du numérique dans la vraie vie, de vivre une publicité au lieu de la voir passivement. On crée une application pour un client, quand ton application voit une image cible, ce qui peut être une ville, une affiche, une peinture, une publicité, un magazine, ces derniers prennent vie. Ça peut aussi se manifester sous forme de jeux», décrit-il. Quelques références cinématographiques permettant de comprendre cette avancée seraient la vision du Terminator qui analyse tout sur son passage, ressemblant aussi à celle de Tony Stark dans sa combinaison d’Iron Man ou encore la technologie utilisée par les forces de l’ordre dans Minority Report.

«J’étais entrepreneur et j’avais une maison de disque, Monumental Records. Je me suis dit  : “Les gens arrêtent d’acheter des disques. Comment pourrais-je faire pour que des gens puissent acheter les prochains albums que je vais produire?” J’avais étudié en informatique. J’ai regardé différents concepts. Pendant ce questionnement, j’ai une amie qui est revenue du Japon. Elle m’a dit  : “Awane, il y a un nouveau concept là-bas qui s’appelle ‘Réalité augmentée’, c’est super cool et les gens adorent”. Je suis allé voir sur Internet et effectivement, c’était vraiment génial! Le synchronisme était incroyable, comme tout cela s’est déroulé juste avant la sortie du iPhone 4. Je savais que, quand il serait disponible, on pourrait faire des applications assez puissantes pour qu’on puisse y intégrer la réalité augmentée (RA)», raconte Awane.

«J’avais un ami qui venait de terminer son doctorat informatique à l’Université Concordia et nous avons donc décidé de créer la première application en réalité augmentée pour la chanteuse Empire Isis. On a sorti l’album et l’application RA en même temps et ça a super bien marché! Je me disais, comme je terminais avec l’industrie de la musique, “je commence cette compagnie RA”. On était deux personnes dans la compagnie, il y a deux ans. Maintenant, on est rendu 15, avec un bureau à Montréal et un à New York. D’ici décembre, on sera entre 20 et 25. C’est vraiment en expansion», poursuit-il.

Apprendre à parler le langage mobile

Concernant les moyens d’apprendre à créer des applications mobiles, Robert Gosselin répond que beaucoup de gens ont appris par eux-mêmes. «Il y a beaucoup d’autodidactes. En informatique, on apprend à parler un langage, on en découvre d’autres. Il faut d’abord des bases en programmation. Il y a aussi iTunes qui offre des cours en ligne. Les écoles techniques commencent à intégrer la création d’applications mobiles dans leurs cours, mais ça reste difficile à trouver. Ça ne court pas les rues, les bons développeurs mobiles», signale-t-il.

Joseph Zibara d’Underlabs dit qu’il s’agit d’un domaine qui possède un langage qui évolue et change au bout de deux ou trois mois. Pour être à jour avec ce monde qui se renouvelle continuellement, il passe une partie de ses journées à suivre tous les changements, assister à des conférences souvent données aux États-Unis et en ligne. «Dans quelle direction faudra-t-il aller? Même ces gens qui nous forment et nous informent ne le savent pas non plus. C’est un monde qui va très très vite et qui est imprévisible», continue-t-il.

Underlabs a récemment lancé une application montréalaise appelée Vélo en Ville. «Nous espérons éliminer les vélos volés et avoir une communauté de cyclistes qui peut communiquer et collaborer. Vélo en Ville permet aux cyclistes de placer les informations et les photos de leurs vélos et de les signaler volés si cela survient. Si un vélo est volé, tous les membres seront avisés immédiatement, avec l'emplacement et le moment où il a été volé. Un rapport complet sera également envoyé par courriel à la victime pour ensuite être envoyé à la police», décrit Joseph.

«Plus important encore, d'autres membres qui seraient en mesure de repérer le vélo pourront communiquer directement avec la victime. D'autre part, nous avons ajouté un marché permettant aux cyclistes d'acheter et de vendre leur vélo usagé ou certaines pièces. Nous espérons que cela encouragera les cyclistes de Montréal d'avoir une application qui s'adresse à eux», souhaite le président d’Underlabs.

Underlabs a aussi travaillé sur une application appelée «Guestlist», qui s’adresse aux personnes habitant Montréal et sa périphérie. Elle donne un accès privilégié aux clients fréquentant les clubs, pubs et tout endroit qui requiert une liste d’invités. Ils ont aussi mis au point une application permettant de méditer avec quiconque dans le monde nommé TM Circle. «Je médite moi-même et il y a quelques programmeurs qu’on a encouragés à faire de même, comme ça stimule la créativité», stipule Joseph Zibara.

À venir
«Vous avez sans doute déjà pris l’autobus. En l’attendant, il devait y avoir de la publicité autour. Je pense qu’on devrait avoir une application qui fonctionnerait sur tous les arrêts de bus au Québec. Quand tu es devant la publicité, tu actives ton application et tu es transporté dans une expérience particulière. Une expérience plus directe. Les choses à vendre se vendent plus vite, on se rapproche comme jamais du produit vedette ou de vivre un spectacle par exemple. On est souvent passif devant une publicité ordinaire, tandis que là, on vivrait une expérience entière et nouvelle», propose Awane. «Un gros modèle d’affaires pour les États-Unis (le projet demeure encore secret) risque de devenir un standard qu’on connaîtra au Québec sous peu», lance-t-il.

 

 

 

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