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Inquiétudes parmi les intellectuels turcs

Écrit par Emel Akan, Epoch Times
11.07.2013
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Un mois après qu’aient éclaté d’intenses manifestations dans tout le pays et quelques jours après l’annulation du projet de rénovation de la place Taksim, étincelle des rassemblements, des intellectuels turcs donnent l’alerte sur les dangers d’une polarisation croissante et sur la tension régnant dans le pays. Une centaine de personnalités turques, parmi lesquels des écrivains et des artistes, ont signé une pétition qui a été publiée fin juin en pleine page de certains grands journaux locaux.

La pétition, intitulée Kaygiliyiz  signifiant «Nous sommes inquiets», constitue un plaidoyer contre ce qui est appelé de profondes divisions se formant dans la société turque. On peut lire dans une partie du texte: «Nous vivons dans une vague de rage et de haine. Les tentatives visant à sous-évaluer, repérer, discréditer, blâmer, et supprimer l’art et les artistes augmentent considérablement.»

La pétition déclare également que «des remarques inconscientes telles que "les fonctionnaires deviennent des patrons" sèment les graines de la haine parmi la société. Une rhétorique de type "tous contre eux" aiguise une polarisation de la société».

Parmi les personnages turcs renommés ayant signé la pétition, on compte le lauréat du prix Nobel Orhan Pamuk, le célèbre auteur Yasar Kemal, le musicien Zulfu Livaneli et le réalisateur Ferzan Ozpetek. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a rejeté la responsabilité de ces contestations sur l’espionnage extérieur et les taux d’intérêt des lobbies qui tentent de déstabiliser le pays. Selon M. Erdogan, les récentes manifestations au Brésil font partie de la même conspiration de déstabilisation.

Le mois dernier, Erdogan a qualifié les manifestants – qui sont jeunes pour la plupart, et issus d’une éducation et de familles de la classe moyenne – de «pillards». Il a été accusé de polarisation de la nation en appelant sa base électorale: «l’autre 50% de la société», les 50% restants étant les manifestants.

«Depuis quand, dans le monde, les serviteurs deviennent-ils des dirigeants?», avait déclaré M. Erdogan fin juin, en réponse aux manifestants du parc de Gezi qui exigeaient des chefs de police et des gouverneurs qu’ils démissionnent en raison de leur usage excessif de la force.

Les protestations ont commencé à la fin du mois de mai, dans un premier temps sous forme de protestations écologiques suite à l’ordre des autorités d’abattre des arbres dans le parc Taksim Gezi à Istanbul pour la construction d’un centre commercial. Après que la police ait fait reculer de force les manifestants à grands coups de gaz lacrymogènes, des protestations contre l’usage excessif de la force par la police et contre le gouvernement se sont rapidement propagées à travers tout le pays.

En réponse à l’annonce publiée le 29 juin, le chroniqueur Hasmet Babaoglu écrivait dans le journal pro-gouvernemental Sabah Daily: «Ils déclarent être inquiets. Je suis d’accord. Je suis aussi inquiet. Mais je connais le nom de certaines de ces personnes. Ils sont phobiques ! Ils sont islamophobes, séparatistes et nationalistes. Beaucoup d’entre eux ressentent ouvertement ou implicitement de la haine à l’encontre d’un certain segment de la société».

Des responsables gouvernementaux ont également accusé les médias internationaux de publier des informations trompeuses. Certains représentants du gouvernement ont lancé des campagnes sur Twitter. Par exemple, Melih Gokcek, maire d’Ankara et membre de l’AKP, parti au pouvoir, a lancé un hashtag sur Selin Girit, journaliste de la BBC, l’accusant d’être un espion britannique.

Gokcek a écrit: «Dirigés par l’Angleterre, ils essaient de faire effondrer notre économie grâce à des agents recrutés tant au plan national qu’international. Ils rêvent que la Turquie devienne à nouveau "l’homme malade de l’Europe". Ceci en est une preuve concrète.» Les protestations se poursuivent encore à travers le pays malgré les interventions de la police.

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