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Dynamo, le mouvement à l’infini

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
13.07.2013
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  • Jesùs Rafael Soto, Pénétrable BBL Bleu, 1999. Métal, PVC. Edition AVILA 2007 - Paris, Collection AVILA/Atelier Soto. (© Adagp, Paris 2013)

Pulsation, vibration, battement, illumination. Dynamo, une exposition qui trouble nos sens et remet en question les notions de la vision, de l’espace, du temps et de l’infini.

Cent cinquante artistes, sur un siècle, ont été choisis et recueillis avec passion par le commissaire général de l’exposition Serge Lemoine. Ce projet ambitieux qui s’étale sur la totalité des galeries nationales, les 3.700 m2 du Grand Palais, nous persuade que l’art cinétique ou «Op Art» est plus vivant que jamais. Inauguré avec l’exposition Le Mouvement, à la galerie Denise René à Paris en 1955 dans ses différentes versions expérimentales, l’art cinétique paraît avoir une infinité de possibles encore à explorer. L’exposition présente les précurseurs de cet art, parmi lesquels Robert Delaunay ou Marcel Duchamp, aussi bien que la jeune génération porteuse de nouvelles technologies comme Xavier Veilhan ou Timo Nassero.

Cent cinquante artistes qui s’interrogent sur la notion de l’espace, du temps, du mouvement et l’introduction des probabilités au cœur du réel. Bref, sur la place de l’homme dans l’univers, quelque part entre les atomes et les étoiles. Situation si bien illustrée par Christian Megert avec son jeu de miroirs dans Environnent, Documenta (1968) où l’on croit tomber dans l’abyme de reflets projetés à l’infini ou expérimenter une existence multidimensionnelle. Des sensations similaires sont induites également par l’artiste anglais né à Londres en 1977, Conrad Shawcross, avec Slow Arc Inside a Cube V (2009), où l’on se perd dans les ombres transformées par la projection de la lumière.

Si le mystère de la mécanique quantique repose sur le fait que les observations effectuées sur un système vont modifier son état, cette exposition rend l’énigme tangible.

  • Anish Kapoor, Islamic Mirror, 2008. Acier inoxydable. Paris, kamel mennour. (© Adagp, Paris 2013)

Car dans l’art cinétique, il y a aussi ce côté qui nous connecte aux mondes invisibles. Les Tableaux transformables (1968-1969) de l’artiste franco-israélien Yaacov Agam invitent le spectateur à changer de points de vue pour découvrir un kaléidoscope multicolore aux possibilités combinatoires infinies et à plonger dans le symbolisme mystique de la Kabale. Victor Vasarely, pour sa part, explore les zones cosmiques impénétrables dans Métagalaxie (1951-1961), créant des profondeurs ou des reliefs troublants selon l’angle choisi. 

Si l’exposition soulève des questions métaphysiques, elle ne laisse cependant aucun répit au visiteur. À bas le rôle passif du spectateur! Celui-ci est invité à participer, à partager l’espace de l’œuvre, à transformer l’œuvre, voire à devenir lui-même créateur. Il est donc invité à se perdre dans le labyrinthe de miroirs de Jeppe Hein, à tâtonner entre les murs dans la salle nébuleuse d’Ann Veronica Janssens où il perd toute notion de distance et de profondeur, à traverser les fils bleus suspendus comme une pluie torrentielle du Pénétrable de Jésus Rafael Soto, ou à se désorienter dans le temps artificiel créé par des néons sur différentes longueurs d’ondes de Diurne/Nocturne, par l’architecte suisse Philippe Rahm.  Celui-ci définit d’ailleurs son œuvre comme un laboratoire.

Laboratoire est bien le terme adéquat pour toutes ces œuvres réunies sous le signe d’expérimentations, de calculs mathématiques, géométriques, trigonométriques – tous plus méticuleux les uns que les autres – passant comme un fil conducteur parmi les artistes, poursuivant leurs recherches individuellement ou en groupe. Parmi les plus anciens, nous trouvons Victor Vasarely, Jean Tinguely, François Morellet, Jésus Rafael Soto, Yaacov Agam, Angel Duarte, Carlos Cruz-Diez ou Bridget Riley; et parmi les plus jeunes Philippe Decrauzat, Saadan Afif, Jeppe Hein ou Conrad Shawcross. 

  • Yaacov Agam, Constellation, 1956. Relief-bois, métal peint en couleur. Paris, Galerie Denise René. (© Adagp, Paris 2013)

La notion de laboratoire implique aussi celle du cobaye: voilà le rôle réservé au visiteur dans ce grand jeu car, sans lui, le tango ne pourrait être dansé. Le contrat est simple: le visiteur s’engage à être actif et les artistes, de leur côté, s’engagent à ne pas l’ennuyer. Le labyrinthe du GRAV (Groupe de Recherche d’Art Visuel), conçu pour la biennale de Paris en 1963, en est un exemple flagrant où tout bouge et clignote. Cependant  la joie et l’agitation des années soixante semblent être remplacées chez les contemporains par un malaise troublant. La décomposition du mouvement et le recul proposé au spectateur comme le mur aux ampoules flashant de Carsten Höller dans Light Corner (2001) en est peut-être une illustration.

La scénographie de l’exposition qui met en perspective les créations d’un siècle entier (1913 - 2013) permet au visiteur de discerner les rapports entre plusieurs générations d’artistes. En effet, s’ils ont de nombreux points communs, ceux-ci produisent souvent des effets différents. Cette juxtaposition nous renvoie parfois aux avancées technologiques. Morellet et Shawcross, Sedegley et Rondinone  Nasseri et Megert, Agam et lui-même avec son œuvre de 1970 qu’il confronte en 2013 à un écran tactile produisant des sons et des couleurs; Calder et Veilhan, le mobile de Veilhan est une reprise géante de Calder, suspendue au dessus de l’escalier monumental du Grand Palais. Son placement dans un espace de transition accomplit son double sens, car elle sépare les deux parties majeures de l’exposition: «Espace» et «Vision». Malgré son poids conséquent, le mobile inspire une légèreté aérienne donnant une perspective étourdissante à l’espace.

Cette exposition, tout à la fois ludique et historique, peut même se déguster en famille. Pourquoi ne pas laisser la fraîcheur des enfants, dénudée des concepts rigides, nous guider dans ce parcours de l’Histoire de l’art, attraper la brume blanche de Fujiko Nakaya, tourner les boules dans le labyrinthe du GRAV, s’étourdir de l’ondulation des lignes de Bridget Riley ou des pois parsemés dans les carrées de Victor Vasarely.

Dynamo. 

Un siècle de lumière et de mouvement dans l’art.

1913-2013.

Au Grand Palais du 10 avril

au 22 juillet.

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