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La nouvelle rhétorique de Draghi: forward guidance

La BCE donne une indication sur sa politique monétaire dans l’avenir

Écrit par Lauren Smith, Epoch Times
09.07.2013
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  • Les taux devraient rester bas pour encore longtemps. (Thierry Charlier/AFP/Getty Images)

Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), fait évoluer la stratégie de communication de façon radicale par rapport à ce qui était mis en place jusqu’à présent. À l’issue de la dernière réunion mensuelle de politique monétaire de la BCE le 4 juillet, le gouverneur de la banque centrale a délivré un message en introduisant le concept de forward guidance, soit une politique de «guider les anticipations». 

«Le Conseil des gouverneurs anticipe que les principaux taux directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels ou à des niveaux plus bas pour une période prolongée», a déclaré Mario Draghi. On comprend qu’il s’agit d’engagement explicite de la BCE sur l’évolution future des taux directeurs. Même si la notion de «période prolongée» reste vague, car Mario Draghi a indiqué qu’il ne s’agissait «ni de 6 mois, ni de 12 mois», on peut en déduire une période long terme. Malgré des imprécisions sur l’horizon, M. Draghi a expliqué que la forward guidance se poursuivra en prenant en compte les perspectives d’inflation, l’évolution de l’économie et les conditions monétaires. En résumé, comme l’inflation va rester sur une tendance baissière, que la reprise tarde à repartir et la croissance de crédit ne rebondit pas, les taux devraient rester bas pour longtemps.

Une rupture avec le passé

C’est un changement de communication majeur, il s’agit d’une rupture avec le passé, car la BCE ne prenait jamais d’engagement sur l’avenir. La communication de Mario Draghi et de son prédécesseur Jean-Claude Trichet (2003-2011) consistait jusqu’alors, à figer leur discours dans la formulation we never precommit, ce qui signifiait qu’il ne pouvait pas y avoir de «pré-engagement» pour la conduite de la future politique monétaire. Idem pour Win Duisenberg, le premier président de la BCE (1998-2003): les intentions de la banque centrale n’étaient jamais formulées de façon explicite.

Dissocier l’évolution des taux longs européens de ceux aux Etats-Unis

Les marchés ont réagi positivement aux annonces de la BCE. La déclaration de forward guidance de Mario Draghi semble destinée à modérer l’impact de l’annonce à mi-juin de Ben Bernanke, président de la banque centrale américaine Federal Reserve (FED), sur sa «stratégie de sortie» de la politique ultra-expansionniste. En explicitant la forward guidance, la BCE a voulu dissocier les taux européens de ceux des États-Unis et apaiser les craintes des investisseurs d’un durcissement monétaire généralisé. Toutefois, le format de forward guidance utilisé par Draghi est moins engageant que celui de la FED qui introduit les conditions avec de niveaux cibles précis de chômage et d’inflation, ainsi que le calendrier. La soft forme de forward guidance de la BCE combinée à d’autres facteurs comme la stabilisation d’activité économique ou la réduction des excès de liquidités en cours, «nous fait penser que probablement les marchés ne vont pas donner beaucoup de crédibilité à la nouvelle rhétorique de la BCE», disent les analystes de Nomura dans la note du 5 juillet dernier. «La forme la plus appropriée de forward guidance ne peut être que celle qui fait référence à un calendrier», ajoutent-ils.

Pour l’instant, la magie des mots suffit à générer une tendance baissière des taux souverains européens qui ont progressé depuis mi-juin de façon notable en corrélation avec des taux américains. En dépit  des craintes des investisseurs quant à la stabilité du gouvernement portugais après la démission de deux ministres du gouvernement, les taux longs du Portugal ont également reculé.

On s’aperçoit que la communication des banquiers centraux est un instrument de politique monétaire à part entière qu’il faut savoir bien doser pour infléchir la confiance des acteurs de marché, puis délivrer.

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