Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Jusqu’où ira l’endettement public?

La dette des pays développés à 110% du PIB en moyenne n’a jamais été aussi élevée depuis 1940

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
14.08.2013
| A-/A+
  • Le déficit budgétaire de la France s’est creusé de 2,6 milliards d’euros à 59,3 milliards fin juin 2013, selon les données du ministère du Budget. (Joël Saget/AFP/Getty Images)

Avec un fort recul de la production industrielle et un déficit budgétaire à mi-année aggravé par rapport à l’année précédente (59,3 milliards d’euros à juin 2013 contre 56,7 milliards d’euros à juin 2012), les récentes annonces de l’Insee et du ministère du Budget confirment l’état désastreux de l’industrie française et l’incapacité du pays à redresser la barre en matière de finances publiques. Elles contredisent également les affirmations optimistes du président François Hollande, qui depuis le début de l’été, s’efforce de focaliser l’opinion publique sur une hypothétique prévision de croissance et une baisse du chômage vers la fin de l’année.

La dette publique française atteint 65.876 euros par personne active

Quelle que soit la conjoncture à court terme, la dette publique française s’alourdit à nouveau, alors qu’elle atteignait déjà un niveau record de 1.870,9 milliards d’euros, soit 91,7% du PIB à fin juin. Bien qu’elle soit qualifiée de collective, elle n’est pas virtuelle. Elle concerne en effet chaque Français et s’ajoute indirectement à son niveau d’endettement personnel: ainsi, rapportée à la population totale (65,6 millions d’habitants), la dette publique française est de 28.525 euros/personne. Mais pour être plus juste, il faut la rapporter à la population active du pays qui est proche de 28,4 millions (dont 3,2 millions de chômeurs) et s’élève alors à 65.876 euros/personne active, ce qui représente au choix un sacré boulet aux pieds ou une épée de Damoclès au-dessus de la tête de chaque citoyen!

La dette publique occidentale a atteint «un niveau de temps de guerre»

La France n’est malheureusement pas le seul pays occidental à continuer de s’endetter. En effet, la dette publique moyenne de la zone euro a atteint un nouveau record à 92,2% de son PIB fin du premier trimestre 2013, tandis que celle des 27 pays de l’Union européenne s’est établie à 85,9%. Et que dire des États-Unis (100% du PIB) ou du Japon (245% du PIB), dont les dettes deviennent abyssales? La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde a déjà sonné l’alerte à Tokyo en octobre dernier, en annonçant qu’avec 110% du PIB en moyenne, la dette des pays développés n’a jamais été aussi élevée depuis 1940 et avait atteint «un niveau de temps de guerre». Or, près d’un an après cette alerte, force est de constater que, mise à part l’Allemagne, aucune des économies occidentales fortement endettées n’a réellement assaini ses finances publiques ni inversé la tendance. Pire, l’Allemagne, la seule ayant entrepris le nécessaire et commencé à réduire son endettement, est l’objet de critiques répétées de la part de ses confrères pour sa rigueur excessive.

 

Il n’est donc pas inutile de se demander jusqu’où l’incapacité collective à rembourser une dette publique devenue trop élevée peut mener. À cet égard, les analyses historiques apportent un éclairage intéressant.

Face à l’endettement excessif, il n’existe que trois solutions  

Les États ont toujours eu besoin d’argent, ne serait-ce que pour financer leurs guerres. Comme le rappelle Gérard Béaur, directeur de recherche au CNRS, les créances d’États négociables ont été créées en Italie au Moyen-Age. À cette époque, les riches familles et banquiers de Florence et Venise prêtaient à l’Europe entière pour financer les guerres incessantes entre les cités, dans l’espoir de profits mirobolants. Mais ces créanciers prenaient de gros risques, car lorsque les dettes s’avéraient trop élevées, les États se déclaraient tout simplement en faillite en refusant de les rembourser. Ce fut par exemple le cas avec le roi d’Angleterre Edouard III qui, au début de la guerre de Cent Ans, provoqua la faillite de plusieurs banques italiennes en refusant de payer ses dettes.

Les rois de France ont quasiment tous endetté lourdement l’État tout en faisant pression sur les juifs et les Templiers, mais ils ont ensuite utilisé d’autres leviers pour diminuer le montant de leur dette, comme changer de monnaie ou jouer sur les dévaluations et réévaluations successives. À la fin du règne de Louis XIV, l’État accusait une dette comparable à la dette actuelle (3 milliards de livres, soit près de 80% du PIB!). Des efforts budgétaires furent entrepris, et on créa en parallèle une banque et une compagnie par actions chargées d’émettre du papier monnaie pour rembourser les créanciers, mais le système tomba en faillite. Les déposants y perdirent beaucoup mais la dette de l’État diminua de moitié… La Révolution connut également une dette énorme, qui fut résolue par la confiscation des biens du clergé, l’unification du prélèvement fiscal, puis une déclaration de banqueroute pour les deux tiers de la dette. Et que dire des emprunts russes du début du XXe siècle, dont les créanciers ne pouvaient finalement se servir que pour tapisser leurs murs ?  

Comme le résume très justement Gérard Béaur, l’histoire nous enseigne qu’il n’existait guère que trois solutions à l’endettement excessif: «ne pas rembourser la dette ou la phagocyter, faire des économies, trouver des ressources supplémentaires», et leur mise en œuvre dépendait essentiellement du rapport de force entre l’État et ses créanciers. 

Privilégier le rééquilibrage budgétaire et les réformes durables

Plus proche de nous, le FMI dispose d’une base de données remontant à 1875, dans laquelle il a relevé 26 épisodes d’endettement supérieurs à 100%. De l’étude qu’il a réalisée sur 6 cas représentatifs (Royaume-Uni en 1918, États-Unis en 1946, Belgique en 1983, Canada en 1985 et Japon en 1997), il en ressort trois leçons applicables au cas actuel: tout d’abord, il faut que l’assainissement budgétaire aille de pair avec des politiques d’appui à la croissance, en particulier au niveau monétaire: la baisse des taux d’intérêt et de change a eu par exemple un effet positif en Italie, au Canada et en Belgique, tandis que les États-Unis d’après-guerre ont maintenu une croissance forte et baissé leur ratio d’endettement grâce à une politique répressive sur l’inflation et les taux d’intérêt. La seconde leçon est que les mesures budgétaires doivent avoir un caractère permanent, c’est-à-dire privilégier les «réformes durables» sur les mesures temporaires. Quant à la troisième, elle rappelle que le rééquilibrage budgétaire et la réduction des déficits sont des processus de longue haleine.

Le temps où les rois pouvaient se permettre de déclarer un État en faillite est révolu. Les risques, qui étaient à l’époque limités à quelques créanciers, sont devenus systémiques par le jeu de la globalisation de l’économie et des marchés financiers. Il appartient aux États, en commençant par ceux des pays occidentaux, de montrer sans délai l’exemple en procédant aux efforts budgétaires nécessaires. Sans cela, que ce soit de manière indirecte via les banques ou directe via la fiscalité, le citoyen sera un jour ou l’autre contraint de payer les dettes publiques, au risque d’une crise économique sans précédent, voire d’une guerre.

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

 

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.