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La répression financière: une autre alternative pour éponger les dettes publiques

Écrit par Lauren Smith, Epoch Times
15.08.2013
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  • (Eurostat/FMI/Epoch Times)

Le terme de répression financière est de retour dans le contexte d’endettement record des États occidentaux confrontés au risque de défaut. L’atonie de la croissance ne permet pas d’aboutir au désendettement. La discipline budgétaire a ses limites et l’option de flambée inflationniste pour réduire la valeur réelle de la dette n’est pas appropriée quand le taux de chômage est au plus haut. La restructuration ou défaut de la dette elle-même entraînerait d’importants effets négatifs sur le système bancaire et rendrait plus difficile le refinancement futur du pays.

L’autre alternative pour éponger la dette publique reste la répression financière qui est un moyen plus subtil pour arriver à l’objectif de diminuer l’endettement. La notion de répression financière «fait référence à une série de politiques économiques, de règlementations et de contrôle des capitaux imposés par les gouvernements et les banques centrales sur le système financier ayant pour effet de déformer les prix des actifs à la baisse», d’après la publication intitulée La répression financière-retour vers le futur d’Allianz Global Investor.

Une forme d’impôt «plus discrète»

À l’origine, le terme de la répression financière ait apparu dans les oeuvres de l’économiste Ronald McKinnon en 1973, puis il a été récemment repris par Carmen Reinhart, professeur à Peterson Institute for International Economics. «L’un des principaux objectifs de la répression financière est de maintenir les taux d’intérêt nominaux à un niveau plus bas qu’ils ne le seraient autrement», explique Carmen Reinhart dans l’étude Le retour de la répression financière parue dans la Revue de la stabilité financière de la Banque de France en avril 2012. «Toutes choses égales par ailleurs, cela réduit la charge d’intérêt de l’État pour un stock de dette donné et contribue à la réduction du déficit», poursuit-elle. Dans la situation où «la répression financière aboutit à des taux d’intérêt réels négatifs (taux d’intérêt nominaux inférieurs au taux d’inflation)» et amène à «une réduction de la dette», elle devient l’équivalent d’impôt. «Contrairement à l’impôt sur le revenu, la consommation ou le chiffre d’affaires, le taux de cette taxe "de répression" est déterminé par… des facteurs opaques par comparaison aux mesures budgétaires», dit Carmen Reinhart. Il s’agit d’«une taxe de répression financière relativement "plus discrète"».

La répression financière se manifeste quand les gouvernements orientent des flux financiers vers des obligations souveraines pour financer les déficits publics. Actuellement, les politiques monétaires « ultra-expansionnistes » des banques centrales, qui consistent à acheter des emprunts d’État en imprimant de la monnaie et à maintenir les taux artificiellement et durablement bas, réduisent les coûts de financement des pays et s’apparentent à une forme de la répression financière. Les réformes  réglementaires du monde financier en cours, dénommées Bâle 3 pour le secteur bancaire et Solvency 2 pour les compagnies d’assurance, imposent aux institutions financières de détenir une partie significative de réserves de capitaux ou d’investissements en emprunts d’État, ces derniers étant jugés la plupart du temps «sans risque» de la part des régulateurs. Les directives de placement des investisseurs institutionnels contrôlés par l’État (fonds de retraites) imposent aussi d’augmenter la part d’emprunts publics.

Les acteurs des marchés financiers sont obligés d’acheter plus de dettes souveraines et ainsi les taux de rémunération d’obligations peuvent être maintenus en dessous de l’inflation. Il s’agit bien alors d’une forme d’impôt sur l’épargne placé en emprunts souverains. Les rendements réels négatifs sur les placements conduisent inévitablement à un transfert de la richesse des créanciers vers l’emprunteur.

«La répression financière a contribué à une réduction rapide de l’endettement au lendemain de la Seconde guerre mondiale. À l’heure actuelle, la dette publique de nombreux pays avancés est à son plus haut niveau depuis lors», constate Carmen Reinhart. «Dans ces conditions, la répression financière, qui a pour double objectif de maintenir bas les taux d’intérêt et de créer ou préserver des publics intérieurs captifs, continuera d’avoir le vent en poupe…», conclut-elle.

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