Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Visite de hauts lieux avec Flavie Serrière Vincent-Petit, conservatrice restauratrice créatrice

Écrit par Michal Bleibtreu Neeman, Epoch Times
18.08.2013
| A-/A+
  • Le rondel de Nicolas de Lyre, 1479-1480, trésor de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, Troyes (Aube). (© Jean-Marie Protte)

L’une des rares conservateurs restaurateurs des biens culturels en France diplômées d’État, Flavie Vincent-Petit, nous a présenté les vitraux remarquables dans les églises de Troyes.

Sur le chemin, elle nous fournit quelques informations de base à retenir. «Une fenêtre de vitrail, c’est toujours un réseau de pierres, une armature métallique dans laquelle on vient poser les panneaux».

Flavie Vincent-Petit nous fait visiter d’abord la Sainte Madeleine, l’une des rares églises de France à avoir conservé son jubé Renaissance, dentelle de pierre qui fermait le chœur de l’église. Nous observons les magnifiques vitraux aux couleurs chatoyantes tels que l’Arbre de Jessé ou la Genèse. Puis nous nous rendons à l’église Saint Pantaléon. Il s’agit d’une des églises les plus impressionnantes de Troyes avec son voûtement en bois et ses magnifiques vitraux inspirés de la Renaissance, caractérisés par les couleurs translucides du jaune d’argent et la précision de la grisaille.

Les différentes techniques de la teinture du verre

«On ne connaît que trois peintures dans l’art du vitrail. Du VIe au XIIe siècles, on ne connaît que la grisaille. La grisaille est tout ce qui est brun, mate et opaque. Au XIIIe siècle, on découvre le jaune d’argent. Le jaune d’argent n’est pas une peinture mais une teinture. Le verre est teinté par une réaction chimique qui se fait à partir de 580°C. Ce sont les ions d’argent qui vont s’échanger avec les ions de verre comme le calcium et vont teinter le verre en jaune. Cette technique permet de mettre du jaune sur une pièce sans mettre de plomb.

À partir de 1540, on découvre les émaux et là, on a toutes les couleurs. Il s’agit du verre vitrifié. Les émaux, contrairement à la grisaille, sont transparents et brillants alors que la grisaille est opaque.»

Comment les différentes techniques influencent-elles la composition de la peinture?

«Saint Jacques, à la bataille de Clavijo (1539-1540), est un exemple d’une composition étalée sur la totalité des panneaux. Les panneaux (vides) en losanges sont des panneaux qui manquent et qui n’ont pas été refaits. On est donc dans la pleine page. Jusqu’alors le vitrail a été contraint par l’architecture… alors que là on est sur pleine page. Le peintre sur verre ne tient pas compte du tout de l’architecture mais il fait sa scène sur la totalité de la baie. Nous pouvons voir là-haut les tentes, puis plus bas les chevaux et encore d’autres chevaux qui tombent… Là on est plutôt sur des verres clairs avec un travail de peinture à la grisaille et au jaune d’argent. Le jaune d’argent existe depuis deux siècles et là, c’est une belle peinture bien aboutie avec des détails très fins».

Témoignages de l’époque

De l’autre côté de l’église nous sommes témoins de la trace des mécènes de la haute bourgeoisie du XVIIe siècle.

«Chaque famille bourgeoise de l’époque offrait son vitrail avec son armoirie pour un peu briller et montrer sa puissance.

On distingue aussi la vie quotidienne de l’époque dans les vitraux: un vaisselier avec la porcelaine blanche, des plats en or… il y a beaucoup d’objets du quotidien.»

Les chapelets, les bourses et les chausses en sont un autre exemple.

«Les chaussetiers, les fabricants de chausses, offrent le vitrail de la vie de sainte Madeleine à l’église de la Sainte Madeleine de Troyes».

Le travail des chausses dans le vitrail est donc très élaboré. Flavie Vincent-Petit nous montre les collants rouges bien dessinés avec des rayures au niveau des cuisses, une petite bordure bleue montée sur laquelle l’artiste a gravé en blanc et repeint en jaune au milieu.

Nous passons d’un chef d’œuvre à l’autre: ici, un habit en rayure en verre vénitien authentique et là, le même habit créé sur du verre ordinaire en imitant le fameux verre si précieux. Mais les rayures du pastiche sont droites et délivrent ainsi leur secret à l’œil de l’expert.

Un peu plus haut, une petite marguerite blanche à côté de Saint Pierre, endormi dans le jardin des oliviers, est montée en chef d’œuvre, c’est une petite prouesse technique qui mérite toute notre admiration. Les détails charmants, surprenants dans leur délicatesse et leur raffinement mais modestes – car souvent impossibles à distinguer de la distance où ils se situaient – nous rappellent le dévouement des maîtres verriers à leur métier bien sûr, mais aussi et avant tout à la glorification du Créateur.

Epoch Times est publié en 21 langues et dans 35 pays.

Plus de 204 718 434 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.