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Élevage biologique, biotope et biodiversité en 2013

Écrit par Gérard Camelin, Epoch Times
21.08.2013
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  • Le terroir se démarque par son climat, son sol, son humus et ses myriades d’éléments associés, le tout nourrissant chaque végétal adapté à ces circonstances. (Wikipédia)

En agriculture biologique, la «liaison avec le sol» doit constituer un principe de base appliqué dans le respect des productions locales et des saisons. Ce principe est entretenu par des achats en circuits de distribution et d’information courts qui favorisent le foncier et le commerce de proximité.

C’est le principe agro-écologique de base appelé aussi le «locavore», un mouvement prônant la consommation de nourriture produite dans un rayon de 100 à 250 kilomètres maximum de son domicile, que le consommateur bio doit comprendre.

Une «liaison spécifique»

L’élevage biologique des animaux est l’exemple le plus évident. Une économie, surtout celle primordiale de l’agriculture nourricière, doit être «circulaire» pour être la seule viable à moyen terme au sein des enjeux économiques et environnementaux en cours de développement.

La terre d’une région

Aussi appelée «le terroir», la terre d’une région se démarque par son climat, son sol, son humus et ses myriades d’éléments associés, mais aussi par sa pluviométrie annuelle: le tout nourrissant chaque végétal adapté à ces circonstances. En parallèle, elle alimente certaines espèces animales dont le volume et les caractéristiques offrent leur qualité aux fumiers et lisiers, plus ou moins «mûrs», qui de ce fait «brûlent» ou nourrissent l’humus. Ces éléments sont un engrais d’importance vitale pour les cultures vivrières.

Par ailleurs, il est à noter que tous les éléments nutritifs partis avec la récolte précédente, s’ils sont réintroduits, peuvent éviter les carences à venir et leur cortège de déséquilibres, maladies, parasitoses, etc.

La rotation des cultures

Elle est indispensable en biologie car les animaux d’élevage, de trait, laitier ou de boucherie, pâturent les jachères mises en herbage. Ainsi selon leur sélection traditionnelle, les animaux herbivores, pour être en bonne condition, devraient être nourris selon la tradition «d’herbe, rien que de l’herbe», ainsi que le résume la «méthode Pochon» en biologie ou en production conventionnelle, mais qualitative, de viande non biologique. Tel a été le cas jusque dans les années 1950 à 1970, où selon les régions, une vache pouvait avoir 10 à 12 années de production laitière.

Aujourd’hui, selon les labels même en biologie, cette méthode n’est pas obligatoire. On peut rajouter des céréales et des légumineuses biologiques pour stimuler la production quantitative.

Cependant, cela se fait au détriment de la durée de production, car la bête s’épuise plus vite. Ceci est un problème économique aux conséquences sanitaires vite ignorées pour l’animal, donc pour le consommateur.

En production conventionnelle non biologique, les vaches, sélectionnées spécialement dans cet objectif, produisent seulement 2 à 3 ans. Elles sont en production «hors sol» nourries à l’ensilage, à l’aide de procédés pour activer et produire un maximum de lait. Passé ce laps de temps, si l’on veut les maintenir à ce niveau de productivité, le coût de revient en vétérinaire et médicaments se révèle trop élevé.

L’adaptation des espèces animales

Depuis au moins cinq millénaires, notamment dans le croissant fertile mésopotamien, la vache symbolise traditionnellement la production nourricière : par son lait et sa fertilité, mais aussi par son travail de traction, etc. En fin de vie, elle apportait sa viande, son cuir, ses cornes, ses tendons. Tout était utilisé. Cet aspect, connu depuis le Néolithique, se retrouve encore actuellement dans certaines régions du monde et se décline en une infinie diversification des besoins selon les circonstances: ustensiles, sacs, outres, harnais multiples.

Une biodiversité historique stupéfiante

En France, en 1848, à la création de la science des productions animales, la zootechnie, on comptabilisait un inventaire de 138 dénominations différentes de races bovines. Il en reste aujourd’hui 42, mais 6 espèces seulement représentent 93% du cheptel.

Chacune était bien adaptée aux conditions des divers terroirs, donnant un lait bien différent en quantité et en qualité, ce qui explique que les fromages aux appellations d’origine, contrôlés bio ou pas, exigent une espèce exclusive de vache typique et adaptée historiquement à sa région de production.

  • Les brebis donnent un lait de très bonne qualité et des fromages exceptionnels qui se conservent bien, valorisés en bio et plus digestes pour les intolérants aux produits laitiers. (Wikipédia)

Prenons l’exemple de l’espèce bretonne noire et blanche, la pie noire, la plus petite vache de France: en 1960, alors qu’elle était en voie de disparition, elle a été sauvée pour la qualité gustative de son lait et surtout pour son fameux beurre à la texture et au goût incomparable.

En France, une vache a besoin, en moyenne, d’un hectare de bonne prairie mais, en montagne, où l’hiver dure beaucoup plus longtemps, le foin nécessaire est beaucoup plus important et requiert donc des surfaces d’élevage bien supérieures. En montagne, les espèces adaptées doivent être moins lourdes, plus résistantes au froid et plus polyvalentes en production de lait et de viande de qualité qui est souvent traditionnellement fumée. Ainsi, il y a plus de 2000 ans, les salaisons du Jura étaient déjà réputées et s’exportaient jusqu’à Rome.

Là où le terroir ne permet pas l’élevage des bovins

Les traditions multimillénaires ont procédé à l’élevage de moutons qui, en montagne, peuvent monter plus haut en altitude. Bien équipés contre le froid grâce à leur laine, de petite taille, légers, ils se faufilent partout, même sur les terrains escarpés. De plus, leurs femelles donnent un lait de très bonne qualité et des fromages exceptionnels qui se conservent bien, valorisés en bio et plus digestes pour les intolérants aux produits laitiers.

Parmi les différentes espèces de chèvres, les caprins

Traditionnellement, elles entretenaient les nombreux chemins forestiers, les bords des routes, les haies, car elles mangent aussi bien des ronces que des feuilles d’épineux, grâce à leur faculté surprenante de monter dans les arbres. Les enfants les emmenaient partout après le passage des autres herbivores, pour nettoyer les abords des pâtures. Ces nettoyages et élagages des abords et des branches basses des arbres des sous-bois étaient la meilleure prévention contre les incendies de forêts, si dévastateurs partout en France, mais aussi dans les régions où l’élevage des chèvres a disparu.

C’est d’ailleurs dans ce but de prévention des incendies, que dans nos régions et avec le concours de certaines municipalités, on subventionne la réintroduction de ces caprins dans de grands espaces escarpés, difficiles d’accès et qui ne peuvent pas être pâturés par d’autres bétails. La viande ainsi produite en fin de saison et le lait peuvent être valorisés dans la filière biologique par des éleveurs passionnés par leurs régions et les conditions de ces élevages.

L’élevage dit de basse-cour

Ses innombrables variantes sont aussi très dépendantes du terroir. Ce type d’élevage apporte depuis toujours des moyens écologiques pour nettoyer les abords des fermes et les dessous des arbres fruitiers non loin des fermes, notamment par les poules se nourrissant des insectes parasites des fruits. En grattant leurs excréments, les poules aèrent l’humus du sol, ce qui aide à fertiliser les arbres. Les canards entretiennent les étangs et les bords des ruisseaux nécessaires pour abreuver le bétail. Ils ingèrent les insectes et parfois même les limaces si destructrices des potagers, sans toucher aux légumes.

Ces espèces, protégées par les chiens des renards et autres prédateurs, apportent une très grande variété nutritionnelle alimentaire, ainsi que des revenus complémentaires substantiels en cours d’année, si l’élevage est bien organisé.

Bien sûr, même s’il est biologique, plus l’élevage de basse-cour s’intensifie en nombre de têtes par espèces, plus l’équilibre est difficile à trouver, de même sur le plan commercial, quand la vente directe est nécessaire pour une rentabilité du travail.

Le devenir de ces productions

Ces productions, si elles doivent atteindre 20% du total selon les engagements du gouvernement actuel, nécessitent une volonté et des décisions fortes. Dans le passé, les engagements du gouvernement précédent n’ont guère été suivis d’effets et ce sont les importations qui ont répondu à la demande des consommateurs.

  • Les chèvres mangent aussi bien des ronces que des feuilles d’épineux, grâce à leur faculté surprenante de monter dans les arbres. (Wikipédia)

En effet, l’élevage biologique nécessite des investissements importants et sur le long terme, ce qui n’intéresse aucunement les financiers à la recherche de spéculation rapide. Ce marché ne se valorise pas habituellement dans les rayons des supermarchés, où 80% de ce qu’il est convenu d’appeler encore «viande» est acheté sur le critère du prix «le moins cher tout de suite sans réfléchir plus loin».

Au sein de l’élevage biologique, sa filière la plus développée, le poulet, pèse environ 2% de la production française et se développe à plus de 20% l’an. Mais la demande des consommateurs est de très loin supérieure et les importations étrangères allemandes et danoises sont très majoritaires.

En toute logique, alors que nous vivons de plein fouet la crise économique et que le chômage est à son zénith, un marché porteur nécessitant une main d’œuvre importante pourrait être mis sur les rails au plus vite. Les déficits abyssaux de notre balance commerciale pourraient aussi stimuler le gouvernement vers ces enjeux fondamentaux, structurants pour notre société en quête de sens et de dynamisme.

Pour en savoir plus:

La prairie temporaire à base de trèfle blanc, André Pochon, édité par le Cedapa (1981). Vivre avec les animaux. Une utopie pour le XXIe siècle, Jocelyne Porcher, aux éditions La Découverte.

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