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Strasbourg: première tour mondiale à énergie positive

Écrit par Héloïse Roc, Epoch Times
24.08.2013
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  • Au bord de l’ancien bassin portuaire de Strasbourg, la tour à énergie positive, dessinée par l’agence X-TU. (Agence X-Tu)

L’éco-quartier strasbourgeois, à l’entrée de la ZAC Danube, accueillera le plus grand projet du monde au niveau énergétique. La première tour mondiale à énergie positive s’élancera sur 50 mètres de haut et 16 étages, avec une superficie habitable de 4.500 m². Elle constituera 66 appartements (de deux, trois ou quatre pièces) et recevra, au rez-de-chaussée, 600 m² de superficie commerciale. Il s’agit d’un nouveau défi lancé par le groupe d’ingénierie Elithis et l’agence d’architecture parisienne X-TU. Cette tour d’habitation associe l’efficacité énergétique, le confort habitable et des coûts de construction maîtrisés. Thierry Bièvre, président d’Elithis, déclare à la revue Batiactu: «Nous sommes spécialisés dans l’ingénierie énergétique et nous explorons toutes les solutions pour amener de la compétitivité dans le secteur du bâtiment». L’agence parisienne X-TU, choisie pour la réalisation de cette œuvre, a remporté la compétition après deux délibérations avec des architectes concurrents: le studio catalan Roldan & Berengué et le cabinet irlandais Grafton Architects, qui sont restés en course jusqu’à la décision finale, rendue publique le 12 juillet dernier. X-TU, sous la direction d’Anouk Legendre et de Nicolas Desmazières, est connue pour sa créativité autour de constructions toutes à la fois originales, remarquables et d’un grand intérêt énergétique.

Créée en 2000, l’agence X-TU est constituée de 25 personnes rassemblant des compétences en architecture, en urbanisme, en paramétrisme et en recherche. Sa position architecturale se fonde sur le contexte et les enjeux du projet. Ses diverses expériences, dans des contextes climatiques et culturels très différents, ont réorienté son travail vers un engagement radical dans le domaine environnemental. De ces expériences, elle en tire un autre regard sur le monde européen et la certitude qu’il faut changer les modes de vie: l’architecture doit anticiper sur le futur!

Une facture énergétique égale ou proche de zéro

L’objectif essentiel du projet est d’atteindre une facture énergétique égale ou proche de zéro pour l’ensemble de la tour Elithis Danube. Il s’agit de construire, avec l’aide de tous les partenaires, un bâtiment d’une grande sobriété, réduisant au maximum les consommations énergétiques, et de faire produire au bâtiment des énergies d’origine renouvelable pour compenser les consommations incompressibles.

La tour produira l’équivalent de 100 kWh/m2 et par an grâce à des panneaux photovoltaïques. La consommation normale sera légèrement inférieure, approximativement autour de 97 kWh/m2, a exposé Thierry Bièvre, PDG d’Elithis, au cours d’un communiqué de presse. Uniquement d’origine renouvelable et principalement photovoltaïque, les consommations énergétiques seront constituées par les usages conventionnels tels que le chauffage, la ventilation, l’éclairage et par les consommations des équipements collectifs de l’immeuble: l’ascenseur, l’éclairage des parties communes ainsi que des équipements domestiques, comme le lave-linge, le lave-vaisselle, le réfrigérateur, les appareils de cuisson, la TV…

Le Sénateur-maire de Strasbourg, Roland Ries, a résumé le ton de la présentation du projet en ces termes: «Le pari repose sur l’articulation entre le bâti et l’humain». L’accent sera porté, en premier lieu, sur la conception bioclimatique du bâti dans son environnement et son climat. Cela limitera le recours exclusif aux technologies pour répondre aux besoins de confort des habitants: chauffage en hiver, confort d’été et de mi-saison, ventilation pour un air sain, etc. Selon M. Bièvre, les projets d’habitat en énergie positive ont été réalisés, jusque-là, sur de très petites constructions de 15 à 20 logements tout au plus. M. Bièvre souhaite que l’écart entre production et consommation puisse s’accroître, si les habitants se montrent économes en énergie.

La ZAC Danube et les docks strasbourgeois Le projet est situé à l’entrée de la ZAC Danube, il sera une figure avancée d’un quartier emblématique du nouveau Strasbourg à la reconquête de ses docks. Il est situé à l’entrée du pont, à la confluence des flux, à la charnière entre port et ville ancienne. Ces nouveaux quartiers sont aussi l’articulation entre le passé et le futur de la ville.

La tour à énergie positive, située à l’orée de la ZAC, devient un projet ressemblant à ce lieu: un lieu charnière, l’articulation de deux espaces. Pour la tour, c’est un lieu d’observation. Un endroit qui gardera le souvenir du port historique et sera l’inconscient de la nouvelle culture urbaine de la ville portuaire, l’âme du lieu. Ce port, ces canaux, ces souvenirs dessinent un paysage aux bords du fleuve, un territoire minéral, rationnel, avec des architectures industrielles, des architectures à la fois singulières et identitaires des ports… Les Strasbourgeois se souviendront que les entrepôts Seegmuller s’élevaient ici dans un passé récent.

Ce territoire est aussi en lien avec les autres ports au bord du fleuve, eux aussi en rénovation. C’est un paysage européen limitrophe des fleuves, un paysage en réseau qui transcende l’identité des villes dans une urbanité des ports.

Un esprit collectif créera du lien social Un ascenseur panoramique gravitera les 16 étages sur 50 m de hauteur, des serres, des ateliers de bricolage et des espaces festifs expriment l’ambition sociale du projet: «Nous croyons beaucoup à l’esprit collectif et au goût de l’expérimentation partagés par les nouveaux urbains et par le maître d’ouvrage», s’enthousiasme l’architecte Anouk Legendre. Au pied de l’immeuble sur moins de 600 m2, des commerces et bureaux enrichiront le paysage urbain. Des logements qui sortent des sentiers battus amèneront très probablement les habitants à de nouvelles pratiques et à un usage créatif de leur habitat. En termes de bien-être, la nouvelle conception des logements laissera libre cours à l’adaptation des espaces privatifs en fonction des besoins propres des habitants et améliorera ainsi, la qualité de vie chez soi.

Le projet est conçu pour répondre aux désirs des nouveaux urbains, de la jeunesse née à l’ère d’Internet, des habitants de demain: une aspiration à un monde plus participatif, des habitants plus actifs, plus de relations avec son voisin, des synergies à provoquer, des demandes d’espaces intermédiaires pour s’investir ensemble, sortir du cadre familial et vivre dans l’échange.

Les espaces communs sont conçus pour favoriser les échanges: un hall traversant et double hauteur favorise les rencontres, un ascenseur en transparence sur la ville. Mais l’espace qui réunit les habitants est au dernier étage sous la toiture faite de capteurs solaires: un grand espace commun avec sa terrasse en belvédère sur la ville. Ici, on peut contempler tout Strasbourg, de la vieille ville jusqu’au fleuve, de la campagne à l’Allemagne, du passé vers le futur.  Les façades constituées de vitrages polarisants «Comme les performances d’une voiture écologique, celles de la tour dépendront en partie de ses usagers», déclare Thierry Bièvre, PDG d’Elithis et promoteur de l’opération, à la revue Le Moniteur. La production des énergies dépendra de plusieurs solutions, celle issue du photovoltaïque, des façades en vitrages polarisants: les teintes se modifieront avec l’intensité lumineuse extérieure, pour optimiser les apports solaires. En façade sud, les panneaux solaires occuperont environ 855 m2 pour une puissance de 170 kWh. Le promoteur et ingénieriste mobilisent 10 personnes à temps plein depuis 2009 pour affiner la conception technique du projet. Ils espèrent tenir leurs objectifs énergétiques sans sortir des prix du marché local inférieurs à 4.500 euros par m2 pour un programme comprenant 50% de quatre pièces, le reste se répartissant entre T2 et T3. Outre le soutien de l’État dans le cadre des Investissements d’Avenir, il poursuit des négociations avec une quinzaine de financeurs potentiels.

Le verre polarisant fonctionne sur le principe du store vénitien: il bloque la lumière polarisée et ne laisse passer que la lumière transportant de l’information. Ainsi, il améliore l’acuité visuelle en permettant une meilleure lecture de l’information qui atteint l’œil.

 

Le groupe Elithis

Le groupe Elithis assemble et réunit des chercheurs au niveau du conseil et de l’ingénierie du bâtiment. Il figure parmi les leaders français de l’efficacité énergétique. Avec ses 8 filiales dans le monde, le groupe développe son activité autour de métiers complémentaires: le conseil, l’audit, l’ingénierie et la construction du bâtiment. Il assure la maîtrise d’œuvre, l’assistance à la maîtrise d’ouvrage, l’économie de la construction et la formation professionnelle. Cette entreprise est en pleine croissance et le groupe poursuit sa dynamique de développement vers le leadership européen de l’efficacité énergétique et environnementale du bâtiment.

L’esprit du projet se reflétera dans le chantier: le maître d’ouvrage annonce une préfabrication nomade qui s’appliquera aux façades et aux cabines sanitaires, à la fois pour limiter les transports et pour mettre en œuvre ce que Thierry Bièvre appelle un «système de formation intégré», gage de reproductibilité de l’expérimentation. «De l’industriel à l’usager, chacun connaîtra les obligations de tous», insiste-t-il. Entre lots séparés et entreprise générale, Elithis n’a pas encore arbitré.

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