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France: une rentrée à hauts risques

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
28.08.2013
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  • Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault se tient sur le pas de la porte de l’Elysée à Paris, le 19 août 2013, après le séminaire gouvernemental sur les prospectives du pays pour 2025. (Bertrand Guay/AFP)

L’été fut de courte durée pour le gouvernement et la rentrée s’annonce difficile. Les sujets de discorde au sein du Gouvernement ne manquent pas et la timide sortie de récession, pourtant annoncée avec fracas en juillet, ne rend pas les Français plus optimistes sur leur sort ni plus confiants dans le Gouvernement. Les dossiers importants sont nombreux, mais plusieurs d’entre eux nécessitent un traitement urgent: les régimes de retraite, le bouclage du budget 2014, et la relance de la création d’entreprises.

Retraites: vers une réforme de fonds ou un replâtrage?

Dès lundi 21 août, Jean-Marc Ayrault entame les discussions avec les partenaires sociaux pour une énième réforme des régimes de retraites, dans laquelle il espère résoudre le sujet de la pénibilité. Les syndicats, qui voient mal les décisions tourner en leur faveur sur ce sujet, ont déjà annoncé une journée nationale de protestation le 10 septembre prochain. Cependant le déficit, qui atteint déjà  15 milliards d’euros en 2013 et qui est évalué à 21 milliards d’euros par an d’ici à 2020, est structurel: en effet, en 1960 on comptait 4 actifs pour un retraité et ce dernier n’avait qu’une très faible espérance de vie au-delà de 65 ans. Le ratio actifs/retraité est actuellement tombé à 1,7 et sera de 1,4 en 2040, avec une espérance de vie allant jusqu’à 82 ans.

Le Gouvernement songe à un allongement de la durée de cotisations ainsi qu’à une augmentation de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) et une hausse de la taxe sur les dividendes. Ne serait-il pas préférable d’écouter Pierre Gattaz, le nouveau président du Medef, qui suggérait le jeudi 22 août dans Le Monde de coupler l’âge légal de départ à la retraite avec la durée de cotisations et d’introduire par ailleurs une dose de retraite par capitalisation, comme l’ont fait tous les autres pays européens? Ceci sans parler des régimes spéciaux qu’il faudra bien aborder un jour. Le Gouvernement aura-t-il le courage de faire enfin une réforme de fond sur ce sujet?

Créations d’entreprises: bichonner les entrepreneurs

Le régime d’auto-entrepreneur a été instauré en 2009 et permet à chacun, qu’il soit salarié ou chômeur, de créer une entreprise personnelle sans difficulté administrative et de bénéficier d’un régime fiscal allégé en s’acquittant d’une taxe forfaitaire de 20% sur la facturation trimestrielle émise, dès lors que le chiffre d’affaires ne dépassait pas 32.600 euros annuels (ou 81.500 euros pour les activités commerciales). Il aide surtout les personnes qui veulent s’essayer au monde de l’entreprise de le faire sans tracas administratif, et donne aux chômeurs la possibilité de reprendre espoir en tentant de s’en sortir par eux-mêmes.

Grâce à lui, près de 900.000 auto-entreprises ont été créées en 4 ans et cet indéniable succès doit être mis à l’actif de l’ancien président Nicolas Sarkozy. Il n’est bien entendu pas parfait et méritait quelques aménagements. Mais la fronde orchestrée depuis le début par les artisans du bâtiment et leurs puissants représentants (FFB et CGPME), qui se plaignent d’une concurrence inéquitable des auto-entrepreneurs à cause de leur régime fiscal «trop» avantageux, a poussé le gouvernement à  baisser les seuils de chiffres d’affaires (19.000 euros pendant 2 ans de suite) afin de faire entrer plus rapidement les auto-entreprises sous le régime des artisans.

Après plusieurs mois de louvoiement, le projet de loi présenté par Sylvia Pinel lors du Conseil des ministres de la rentrée a malheureusement maintenu le flou quant au seuil du passage de statut d’auto-entrepreneur vers celui d’artisan ou de profession libérale, en le faisant ultérieurement fixer par décret. N’était-il pas préférable d’adapter le régime des artisans en prenant pour modèle celui des auto-entrepreneurs? Faut-il rappeler que les créations d’entreprises reculent en France depuis le début de l’année, ce malgré la progression constante des auto-entreprises?

  • Le président François Hollande et le Premier ministre Jean-Marc Ayrault arrivant le 19 août 2013 à l’Elysée à Paris pour assister au séminaire gouvernemental sur les prospectives du pays pour 2025. (Remy De La Mauviniere/AFP)

Perte de confiance des Français et menace de «ras le bol fiscal»

Les hausses d’impôts décidées en 2012 vont se concrétiser avec l’envoi des feuilles d’impôts courant septembre. Et ce n’est pas fini, car le Premier ministre a besoin de 10 à 12 milliards d’euros supplémentaires pour boucler son budget 2014, sans parler des décisions qui seront prises en septembre pour le financement des retraites et de la transition écologique. Avec la hausse de la TVA, qui passera à 20% au 1er janvier 2014, il y a un réel risque de saturation des Français. Le taux de prélèvements obligatoires, qui était de 42% en 2008, est en effet monté à 46,3% pour 2013 et 46,5% en 2014, ce qui est inédit depuis 1960.

Cette impression est confirmée par le sondage réalisé du 6 au 8 août par l’Ifop pour Dimanche Ouest-France, où seuls 28% des personnes pensent que «le Parti socialiste a un projet pour la France», soit un recul de 25 points en un an! Un record. Des députés socialistes ont récemment dénoncé les hausses d’impôts et le ministre de l’Économie Pierre Moscovici, alors qu’il était interrogé sur France Inter, s’est dit «sensible à ce ras-le-bol fiscal que je ressens de la part de nos concitoyens». De son côté, Philippe Martin, le ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, s’est empressé de préciser que la nouvelle Contribution Climat Énergie qui devrait financer la transition écologique se fera à fiscalité constante.

Quant à l’économie allemande, elle se porte bien et l’équilibre budgétaire est atteint. Angela Merkel est au plus haut dans les sondages et son parti, la CDU (Union Chrétienne Démocrate), est quasiment assuré de remporter à nouveau les élections législatives du 22 septembre prochain. Le président français sera donc obligé de composer à nouveau avec la chancelière allemande sur bon nombre de sujets européens. En particulier, il ne pourra faire avancer son idée de plan européen de relance qu’après avoir effectué de réelles économies sur les dépenses budgétaires en France.

Jeunes diplômés: un avenir meilleur à l’étranger

Un sondage de l’Ifop réalisé en février dernier pour le cabinet Deloitte révèle que les jeunes diplômés français n’ont jamais été si nombreux à vouloir quitter la France. Ils sont à présent 58% à penser qu’ils ont de faibles chances de trouver un emploi d’ici à 6 mois, un chiffre en augmentation de 7% par rapport à 2012. De même, 33% d’entre eux pensent que leur avenir professionnel est à l’étranger, alors qu’ils n’étaient que 22% l’année passée! Les statistiques  du ministère des Affaires étrangères reconnaissent officiellement 1.600 000 expatriés en 2012, un chiffre en forte hausse depuis 2000 (+ 60%), mais ces données sont sous-évaluées car il n’est pas obligatoire de s’inscrire à l’ambassade, et les nombreux jeunes désabusés partis chercher un avenir meilleur ont d’autres préoccupations que de s’inscrire. Combien de temps la France supportera-t-elle cette hémorragie sans réagir?

L’opinion française est lasse de voir les impôts augmenter et d’attendre les réformes de fond. Si rien n’est entrepris cet automne en France pour ressusciter confiance et espoir, les élections municipales de février 2014 risquent de se transformer en déroute pour la majorité et en un triomphe des extrêmes. En faisant à titre personnel un régime qui lui fut aussi bénéfique pour sa santé que pour son élection, François Hollande a amélioré son image et montré aux Français qu’il était capable d’un courage que bien peu consentaient à lui reconnaître. Il est temps à présent, tant pour la santé de la France que pour sa réélection, d’appliquer la même recette au pays dans son ensemble.

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