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OGM, un débat mondial

Les OGM sont maintenant interdits au Kenya

Écrit par Zachary Stieber, Epoch Times
08.08.2013
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  • Naozua Chigamba cueille des feuilles de manioc à Mwanda, un village à l'est du Kenya, en 2009, après une période de sécheresse qui a frappé de nombreuses régions du pays un an auparavant. Les aliments génétiquement modifiés ont été autorisés au Kenya pendant les périodes de sécheresse, ensuite fin 2012, le conseil des ministres du pays a interdit unilatéralement toutes les importations des produits alimentaires OGM. (AP Photo/Khalil Senosi)

Lorsque le Kenya a interdit les importations des organismes génétiquement modifiés, il fut, en dehors de l'Europe, l'un des pays les plus résolus dans sa position. Le Kenya n'a jamais autorisé la culture commerciale de ces organismes. De nombreux pays africains, dont le Kenya, s'alignent sur une Europe précautionneuse plutôt que sur les États-Unis, sur cette question controversée au niveau mondial, de cultures génétiquement modifiées de même pour les aliments (GM).

Le conseil des ministres du Kenya, lors d'une réunion présidée par l'ancien président Mwai Kibaki en novembre 2012, a ordonné l'interdiction jusqu'à ce que le pays soit en mesure de certifier que les organismes génétiquement modifiés (OGM) soient bien sans effet négatif sur la santé.

«L'interdiction restera en vigueur jusqu'à ce qu'il y ait une information suffisante, des données et des connaissances qui démontrent que les aliments génétiquement modifiés ne sont pas un danger pour la santé publique», indique une déclaration du conseil des ministres, selon SciDev.Net. Le dernier déplacement au Kenya par rapport aux OGM a eu lieu en 2009, lorsqu’il est devenu le quatrième pays africain à signer un acte de biosécurité, l'établissement d'un organisme chargé de contrôler les OGM dans le pays et la légalisation de la culture commerciale des OGM. Cet acte a aussi ouvert la voie à un plus grand développement de la recherche sur les cultures OGM.

Mais alors que la culture commerciale a été légalisée, l'autorité de biosécurité n'a jamais réellement approuvé les demandes d'expansion commerciale; l'interdiction de novembre a de nouveau rendu illégale la culture commerciale.

Pendant ce temps, Romano Kiome, secrétaire permanent au ministère de l'Agriculture, a déclaré à SciDev.Net que l'interdiction de l'an dernier est illégitime, car l'autorité de biosécurité doit approuver une telle interdiction, le conseil des ministres n'a pas l'autorité sans cette approbation pour mettre en œuvre l'interdiction. Pourtant celle-ci semble être toujours en vigueur.

Des essais sur le terrain de certaines cultures – de patates douces, de maïs, de coton et un vaccin – ont eu lieu au Kenya depuis 1998. En outre, les chercheurs sont prêts à commencer les essais d'une variété de bananes GM en 2014, ils étudient actuellement le manioc, un nouveau type de maïs ainsi que différentes variétés de sorghos génétiquement modifiés.

Est-ce que la nourriture génétiquement modifiée est nécessaire au Kenya?

En dehors de l'Afrique du Sud, les pays africains sont restés méfiants sur l'utilisation des OGM. L'interdiction du Kenya est venue après la publication de l’étude controversée de Gilles-Éric Séralini, scientifique français, prouvant le lien entre le cancer et la consommation d'aliments GM chez les rats. L'étude recommande que les OGM et les pesticides apparentés soient évalués sur le long terme afin d’en mesurer les effets toxiques.

On constate un «manque d'informations suffisantes de l'impact des aliments [GM] sur la santé publique», a déclaré le conseil des ministres du Kenya dans un communiqué. Toutefois, le président du conseil de l'époque et certains membres ont été remplacés, et l'interdiction pourrait être levée. «Nous espérons que le nouveau gouvernement va lever l'interdiction», a déclaré le Dr Willy Kiprotich Tonui, directeur général de l'Autorité Nationale de Biosécurité (NBA).

L'autorité a déjà répondu à toutes les inquiétudes soulevées en matière de sécurité et a affirmé que les aliments contenant des OGM sont sans danger, a déclaré Tonui au Star, un média kényan. «Nous tenons à informer la nation que tout aliment génétiquement modifié qui a été approuvé pour une utilisation ou un transit au Kenya est sûr, que le public soit rassuré que [la NBA] existe pour les protéger et pour prendre soin des intérêts des consommateurs.»

L'interdiction a envoyé des signaux contradictoires à la communauté scientifique et à d'autres agences gouvernementales impliquées dans la régulation de l'utilisation des OGM, a déclaré le Dr Willy Kiprotich Tonui, professeur à l'université du département de santé publique de Nairobi, dans un courriel. Il se consacre aux OGM depuis 2003, comme contrôleur durant plusieurs années au Kenya, également en tant que chercheur au Japon pendant sept ans, il est actuellement de retour au Kenya.

M. Aboge, comme une foule d'autres scientifiques dans le pays, affirme que cette interdiction s'érige sur des données insuffisantes.

«Je pense que cette interdiction devrait être gardée, les données scientifiques locales montrant que les OGM ne sont pas sans danger», a-t-il déclaré. Une crainte générale des OGM des Kényans, en matière de risques pour la santé, est née de positions contradictoires de la part des politiciens, des scientifiques, des organismes de réglementation et des militants, a déclaré Aboge, également par le manque de connaissances et de données scientifiques sur les risques sanitaires et environnementaux associés à l’utilisation des OGM.

Les OGM sont certainement nécessaires, il a déclaré : «Je pense que le Kenya et d'autres pays africains qui n'ont pas adopté la technologie OGM auront pleinement besoin de cette technologie», rajoutant que la technologie pourrait renforcer la sécurité alimentaire et aider à développer des vaccins et des médicaments.

Peter Hobbs, professeur adjoint au Département des sciences de la culture et du sol de l'Université de Cornell, a travaillé au Kenya et en Zambie sur l'agriculture de conservation, et donne des cours sur l'agriculture traditionnelle et internationale ainsi que sur les OGM. Il a déclaré dans un courriel que les interdictions dans les deux pays sont purement politiques.

«Vous n'avez jamais écouté ce que les agriculteurs veulent. Au contraire, les personnes se disputant contre [la culture d'OGM] ont la vie facile; beaucoup n'ont pas de problèmes alimentaires et vivent dans les villes, ils n'ont aucune idée de comme il est fastidieux de produire de la nourriture à la main, de désherber et des risques d'infestations d'insectes», écrit-il. Mais aucune interdiction ne durera trop longtemps, dit-il, car il a confiance que le peuple réalisera que les OGM sont sans danger; les gens y deviendront plus favorables et «toute cette question ne se posera plus». En même temps, ajoute-t-il, la nécessité d’une réglementation s’imposera.

L'interdiction a été difficile à faire respecter. Certains OGM se trouvent encore au Kenya, dans des produits tels que la chair de poulet, commune dans les restaurants fast-food à Nairobi. Selon l'Université de Nairobi, cela mettant en évidence l'une des craintes de certains Kényans au cas où les OGM seraient approuvés pour la production commerciale d'une quelconque manière, il sera difficile pour le pays de les réglementer et de les contrôler.

«Si des pays comme les États-Unis, avec la dernière biotechnologie et un personnel bien formé, ont encore des challenges en matière d’aliments génétiquement modifiés, que dire du Kenya? Il nous manque la technologie et, même si nous l'avions, elle est susceptible d'être obsolète», a déclaré en 2011 Christopher Wanga, vice-président de l'Association vétérinaire africaine, au Standard Digital basée au Kenya.

En outre, certains partisans de l'interdiction affirment que les multinationales, telles que Monsanto, vont rapidement s'approprier une grosse part de l'industrie de l'agriculture si les cultures génétiquement modifiées sont autorisées à être cultivées, repoussant de nombreux petits agriculteurs autochtones.

«Les aliments GM ont un impact à long terme sur la sécurité alimentaire, sur l'équilibre de la biodiversité et sur le paysage politique, car le pays serait dépendant de la biotechnologie venant de l'Ouest», a déclaré Kavaka Mukonyi, responsable de la bioprospection au Kenya Wildlife Service, au Standard Digital.

Par exemple, l'introduction du maïs GM «crée automatiquement un marché de graines pour les aliments génétiquement modifiés», a-t-il dit. «Qu'est-ce qui arrêterait les firmes agroalimentaires de chercher à introduire leurs graines dans l'agro-industrie locale? Faut-il éteindre le génome humain pour l'amour des OGM?»

Les responsables kényans ont la capacité d'imposer des limites appropriées et la surveillance sur tous les produits GM une fois que l'interdiction sera levée, a déclaré M. Touri. Un rapport publié par le Département américain de l'agriculture (USDA), se moquant principalement de l'interdiction (le service est pro-OGM), est en désaccord.

L'USDA a déclaré que le gouvernement kényan «a une capacité limitée, du personnel aux installations d'essai, pour évaluer les produits». SciDev.Net informe que depuis fin 2012, le Kenya n'avait que trois responsables de la biosécurité, «et l'insuffisance des infrastructures et des capacités humaines peuvent rendre l'application de l'interdiction très difficile».

Les enquêtes relatant la perception des OGM par le peuple kényan sont dépassées, avec aucune disponible avant 2005. Une enquête britannique plus récente réalisée par The Future Agricultures Consortium en 2010, faite sur 140 «agronégociants» et également des intermédiaires entre les entreprises semencières et les agriculteurs, dans deux régions du Kenya a constaté qu’en général les négociants sont réticents à s'engager dans les semences génétiquement modifiées, mais restent ouverts à cette possibilité.

Les négociants ont vécu dans les régions de Machakos, région à faibles précipitations, et aussi Uasin Gishu, région à fortes précipitations : près de 80 % pensaient à cette époque que les semences génétiquement modifiées pourraient aider à atténuer les pénuries alimentaires, et environ 70 % ont dit que les semences apporteraient un rendement plus élevé. D'autre part, 46 % ont dit qu'ils sont dangereux pour la santé humaine et 61 % ont dit qu'ils sont plus chers.

Alors que la production commerciale de cultures génétiquement modifiées n'a pas commencé au Kenya, plusieurs essais de cultures différentes sont en cours depuis déjà 1998, y compris le sorgho, le maïs et le coton. M. Touri, directeur général de l'autorité de biosécurité, a déclaré que l'autorité n'a pas reçu de demande de commercialisation GM de l'une des cultures testées, mais l'Institut de recherche agricole du Kenya prévoit de soumettre une demande dans le courant de cette année pour un type de coton génétiquement modifié déjà testé.

Enfin, les cultures génétiquement modifiées ont été importées au Kenya pendant les saisons de sécheresse, y compris en octobre 2011. L'approbation de ces cultures génétiquement modifiées a été accordée après une évaluation de la sécurité alimentaire par des examinateurs experts, «concluant que les produits alimentaires sont aussi sûrs que leurs homologues conventionnels», a déclaré M. Touri. Les cultures importées sont broyées, ce qui signifie qu'elles ne peuvent pas être plantées.

L'importation a suscité la protestation de centaines de personnes à Nairobi, l'agriculteur Gacheke Gachihi a déclaré à la BBC que «l'importation de maïs GM est un stratagème pour laisser les principaux meuniers nous tuer, nous les petits agriculteurs».

John Mututho, président de la Commission de l'agriculture du Parlement kényan, a déclaré que les Kényans sont «totalement opposés à ce produit toxique».

Études menées au Kenya sur les effets sanitaires des aliments génétiquement modifiés

Bien que des essais sur le terrain aient eu lieu depuis 2003, l'expérience Séralini Gilles-Eric sur des rats, montrant le lien entre la consommation d'OGM et le cancer, a pris le pas sur tous les essais ayant eu lieu au cours des recherches effectuées dans le pays, dont aucun ne semble accessible en ligne. L'administration présidentielle actuelle du Kenya et l'autorité de biosécurité n'ont pas répondu aux courriels d’Epoch Times demandant des renseignements sur la recherche et les politiques OGM au Kenya.

M. Aboge, professeur à l'université du département de santé publique de Nairobi, a déclaré que les organismes gouvernementaux devraient travailler avec les universités et les instituts de recherche pour obtenir des données sur l'innocuité des aliments génétiquement modifiés afin qu'ils puissent prendre des décisions éclairées.

Lorsque l'interdiction a été annoncée fin 2012, Miriam Kinyua, ancienne présidente de l'autorité de biosécurité, a déclaré à SciDev.Net que la recherche en biotechnologie dans le pays se poursuivrait et que l'interdiction pourrait aider à intensifier les recherches, depuis, l'interdiction pourrait être renversée avec suffisamment d'informations sur les OGM.

Grâce à son réseau de correspondants dans le monde entier, Epoch Times décline la question des organismes génétiquement modifiés (OGM) dans une série intitulée OGM, un débat mondial. Chaque article de cette série focalise sur le rôle et la diffusion des organismes génétiquement modifiés dans plusieurs pays dans le monde.

Version originale : GMOs, A Global Debate: Kenya, Where GMOs Are Banned—For Now

 

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