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Hisser Pékin vers les valeurs universelles

Écrit par David Kilgour, J.D.
09.08.2013
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  • À Hong Kong, le 20 Juillet 2013, l’honorable David Kilgour s’adresse à la presse suite à la conférence tenue au Théâtre de la Fédération des Sociétés médicales. Le 19 juillet, M. Kilgour, l’auteur (avec David Matas) de Prélèvements meurtriers: assassinats de pratiquants de Falun Gong pour leurs organes, avait assisté à un événement à la Fédération des Sociétés médicales appelée Stop Organ Harvesting in China Day. (Epoch Times)

Cet article est basé sur une analyse présentée le 20 juillet 2013 lors d’un forum public au Théâtre de la Fédération des Sociétés médicales à Hong Kong.

Il est bon d’être de retour dans l’une des plus grandes villes du monde. La plupart d’entre nous, y compris les investisseurs conscients, suivons attentivement Hong Kong pour de multiples raisons, mais peut-être s’agit-il plus particulièrement de décider si votre adhésion bien connue aux valeurs universelles peut être maintenue sous ce modèle d’«un pays, deux systèmes différents».

Par exemple, ceci est la raison pour laquelle de nombreux habitants, de votre ville et d’ailleurs, exhortent les membres de votre Conseil législatif à se joindre au consensus mondial, en croissance, qui considère qu’une pression maximale doit être désormais appliquée sur le nouveau gouvernement de Pékin dont le but est d’alimenter un trafic à des fins commerciales et aussi de mettre fin au pillage des organes vitaux sur les pratiquants de Falun Gong.

J’ai parlé de ce nouveau crime contre l’humanité dans ces mêmes bureaux, hier, en expliquant par exemple, comment David Matas et moi-même, en sommes arrivés à la conclusion que 41.500 organes de prisonniers d’opinion du Falun Gong avaient fait l’objet du trafic, dans les seules années allant de 2001à 2005. Ce commerce effroyable se poursuit encore aujourd’hui.

Matas et moi avons visité une douzaine de pays pour interviewer les pratiquants de Falun Gong qui ont réussi à quitter, à la fois, les camps et le pays. Ils nous ont affirmé avoir travaillé dans des conditions épouvantables, jusqu’à seize heures par jour sans salaire et peu de nourriture, avoir dormi dans des endroits surpeuplés et avoir été torturés.

Les détenus ont réalisé un ensemble de produits d’exportation en tant que sous-traitants d’entreprises multinationales. Ce qui représente, à la fois, l’irresponsabilité des entreprises et une violation des règles de l’OMC et appelle à une réponse concrète de la part de tous les partenaires commerciaux de la Chine. Nos gouvernements devraient interdire les exportations de produits issus du travail forcé en adoptant une législation qui imposerait une obligation pour les importateurs dans chaque pays de prouver que leurs biens ne sont pas, dans les faits, produits par des esclaves.

Dans son livre intitulé Organes de l’État publié en 2012, Ethan Gutmann, auteur/enquêteur, estime que 65.000 pratiquants de Falun Gong auraient été tués pour leurs organes au cours des années allant de 2000 à 2008, ayant été sélectionnés parmi environ 1,2 million d’entre eux, internés dans le système des travaux forcés en Chine.

Comme pour les camps créés dans l’Allemagne d’Hitler et dans la Russie de Staline sur lesquels ont été modelés ceux à travers la Chine par Mao dans les années 1950, la signature d’un policier est suffisante pour détenir qui que ce soit dans l’un de ces camps et ce jusqu’à trois ans. Mark Mackinnon du Canada’s Globe and Mail l’a très bien exprimé: «Pas de charges, pas d’avocats, pas d’appels».

En 2007, un rapport du gouvernement américain a estimé qu’au moins la moitié des détenus dans 340 de ces camps étaient des pratiquants de Falun Gong. La gouvernance de type léniniste favorise la prospérité du trafic d’organes à travers la Chine.

Je tiens à souligner, ici, que mon respect et mon affection pour le peuple chinois, en général, durent depuis longtemps. Ceux-ci se sont accrus au cours des quelques visites dans le pays et des réunions avec les gens du pays ainsi que des membres de la grande diaspora chinoise. Ce n’est pas un hasard si plus d’un million de Canadiens, originaires de l’Empire du Milieu, représente notre communauté culturelle la plus instruite. Cela a été un honneur de représenter certains d’entre eux dans notre Parlement durant près de vingt-sept années.

Permettez-moi, également, de souligner ici un fait que les diplomates, les sinologues, les journalistes et les patrons d’entreprise oublient parfois: la Chine c’est ses peuples, ses cultures et son histoire bien plus que son gouvernement non élu. Les reproches que nombre d’entre nous ont, au sein et au-delà de la Chine, concernent les pratiques de gouvernance mais nous reconnaissons, aussi, que les politiques économiques du chef suprême Deng ont sorti des centaines de millions de familles chinoises de la pauvreté extrême.

Les démocrates du monde entier, notamment nos gouvernements nationaux, nos institutions civiles et nos entreprises, doivent, bien sûr, rester engagés avec les nouveaux dirigeants à Pékin ainsi que l’éventail le plus large possible des citoyens en Chine, malgré les difficultés créées par la gouvernance autocratique. La démocratie, avec des caractéristiques très chinoises, est probablement plus proche que ne le pensent beaucoup. Combien d’«experts» ont anticipé la chute du totalitarisme européen en 1989 ou le Printemps arabe, plus récemment?

Personne du côté démocratique ne doit oublier, dans ses engagements, que les valeurs que nous représentons sont les valeurs universelles, notamment la dignité humaine, la primauté du droit, la démocratie multipartite, la responsabilité sociale des entreprises et la nécessité pour les gens, partout dans le monde, d’avoir accès à de bons emplois.

L’influence de Mao aujourd’hui

Toute discussion sur la gouvernance à Pékin, aujourd’hui, doit commencer par Mao Zedong parce que le fondateur de la RPC demeure l’icône qui représente son État-parti de manière globale. Jung Chang et Jon Holliday terminent leur biographie complète intitulée Mao, l’histoire inconnue en déclarant: «Aujourd’hui (2005), au cœur de la capitale chinoise le portrait et la dépouille de Mao dominent toujours la place Tiananmen. Le régime communiste actuel se déclare l’héritier de Mao et perpétue férocement le mythe de Mao».

Presque tous les historiens indépendants l’assimilent, aujourd’hui, avec Staline et Hitler dans la liste des trois pires meurtriers de masse du 20e siècle. Chang et Holliday noteront: «En tout, plus de 70 millions de Chinois ont péri sous le régime de Mao, en temps de paix».

Suppression de la dissidence

L’un des éléments les plus alarmants du l’État-parti, c’est qu’il utilise une force dévastatrice pour réprimer les voix qui défendent la dignité pour tous et la primauté du droit en Chine. L’une d’entre elles: Gao Zhisheng, avocat ayant été deux fois nominé pour le prix Nobel de la Paix, dans la lignée de Nelson Mandela et Mahatma Gandhi.

Il y a dix ans, il a été nommé l’un des dix meilleurs avocats de Chine par son ministère de la Justice. Cependant, les agents du Parti ont exprimé leur colère totale, lorsque Gao, un chrétien, a décidé de défendre les pratiquants de Falun Gong. La répression a commencé par le retrait de son permis de pratiquer le droit, poursuivi d’une tentative d’atteinte à sa vie, d’une attaque de la police sur sa femme et ses deux enfants et d’une interdiction pour sa famille de toucher des revenus.

Elle s’est intensifiée lorsque Gao a riposté, dans la tradition de non-violence de Gandhi, en lançant des grèves de la faim à l’échelle du pays pour revendiquer l’égale dignité de tous les ressortissants chinois. Dans un de ses articles, il décrira plus de 50 jours de torture en prison. En janvier 2009, son épouse, Geng He, leur fille âgée de 16 ans et son fils de six ans ont fui la Chine pour atteindre les États-Unis, demandant l’asile. Quant à lui, il est encore en prison.

L’inexistence de la primauté du droit

Il est difficile pour beaucoup, en dehors de la Chine, de comprendre qu’ici les procès ne sont qu’un simulacre. Les «juges» qui décident n’ont généralement même pas entendu de preuves présentées aux «tribunaux».

L’avocat canadien, Clive Ansley, a pratiqué le droit à Shanghai durant 13 ans, traitant environ 300 cas dans sa juridiction avant de retourner en Colombie-Britannique. Il explique la réalité de ce qui est arrivé à un si grand nombre en déclarant: «Il y a un dicton courant parmi les juristes chinois et les juges qui croient vraiment en la primauté du droit et ce dicton, qui est familier dans tous les milieux juridiques en Chine, illustre vraiment la futilité du fait de vouloir essayer d’’aider la Chine à améliorer son système juridique’ en formant des juges». Le dicton est: «Ceux qui entendent le cas ne font pas le jugement, ceux qui font le jugement n’ont pas entendu l’affaire»... Rien de ce qui a transpiré dans la «salle d’audience» n’a d’incidence sur le «jugement».


Le nouveau Comité permanent de sept membres, est composé d’une majorité de membres faisant partie de la faction de Jiang Zemin, mais les deux postes principaux, celui de président tenu par Xi Jinping et de Premier ministre tenu par Li Keqiang, peuvent au moins aujourd’hui offrir un peu d’espoir sur le front de la corruption. Mais en réalité, la corruption c’est le système.

Un discours récemment divulgué de Xi indique son hostilité pour la réforme politique. L’écrivain respecté de Pékin, Gao Yu, rapporte que Xi a évoqué l’effondrement de l’Union soviétique en insistant sur la nécessité de maintenir le contrôle du Parti sur l’armée en Chine.

La communauté internationale doit garder ses engagements avec Pékin, malgré les difficultés constantes créées par son modèle de gouvernance. Le peuple chinois doit savoir que les Canadiens se tiennent à leur côté et non pas à celui de leur gouvernement, comme nous l’avons fait en Europe centrale durant la guerre froide et avec les Sud-Africains, surtout, au cours de la fin des années 1980 et dans le cadre des préparatifs de l’élection de Nelson Mandela.

Dans le Vancouver Sun, le chroniqueur des Affaires internationales, Jonathan Manthorpe, a démontré qu’il y a quelques années on observait des fluctuations propres au système de Ponzi. «Un gouvernement local, sans un système qui fonctionne pour augmenter les recettes fiscales et ... rongé par la corruption ... vend des terrains à bâtir pour récolter des fonds... (en se débarrassant d’abord des agriculteurs vivant sur la terre) ... Et, ceci étant la Chine ... la municipalité a le pouvoir d’ordonner aux banques de prêter à la société de promotion immobilière l’argent de la vente. Donc, le gouvernement local reçoit son argent, la société appartenant à la municipalité arrive à construire un complexe résidentiel ou industriel spéculatif et tout paraît correct.»

Dans le Financial Times, peu de temps après que Manthorpe ait écrit cela, est apparue une histoire concernant des appartements de luxe dans une ville côtière qui devaient être construits pour pas moins de 70.000 yuans (approximativement 8.300 euros) par mètre 2, ce qui représente environ le double du revenu annuel en moyenne des habitants. Pour payer un appartement de 150 mètres2 dans l’immeuble, il faudrait investir le moindre centime de revenu d’un habitant normal durant 350 ans.

Récemment, He Qinglian, un économiste et auteur chinois, a écrit sur le site Chine d’aujourd’hui: «Plus de 100 millions d’agriculteurs n’ont pas de terre. Des dizaines de millions de citadins sont au chômage... Il y a quatre exigences fondamentales pour qu’une société se maintienne: un système écologique;...; des droits de subsistance de base; (et) un système politique qui soutient le fonctionnement normal d’une société, le système moral... Actuellement, la seule chose qui reste... c’est la dictature politique».

Les valeurs universelles et le commerce

Le secteur de la fabrication demeure la pierre angulaire de la plupart des économies prospères. Les Canadiens ont vu de nombreux emplois liés à la fabrication chez eux (notamment des milliers appartenant à l’industrie du vêtement à Montréal) disparaître après réduction des quotas, du fait d’investisseurs irresponsables ayant estimé pouvoir optimiser leurs profits en Chine.

Un rapport sur le capitalisme d’État clôturant The Economist du 21 janvier 2012, détermine deux points clés:

- le capitalisme d’État fusionne le pouvoir du gouvernement avec le capitalisme par le biais de mécanismes tels que L’État-parti chinois est le principal actionnaire des 150 plus grandes entreprises du pays et dirige des milliers d’autres. Les chefs des 50 plus grandes (ou plus influentes) entreprises ont un «téléphone rouge» sur leur bureau, leur permettant d’être reliés aux autorités suprêmes du Parti. Le Parti a aussi des cellules dans la plupart des entreprises du secteur privé.


- En 2011, Transparency International classe la Chine en 75e position sur la liste de son indice de corruption perçue. The Economist cite une estimation concernant la Banque centrale de Chine indiquant qu’entre le milieu des années 1990 à 2008, entre 16.000 à18.000 fonctionnaires et dirigeants de sociétés chinoises d’État «ont emporté un total de 91.89 milliards d’euros (environ quatre millions chacun)». Il conclut qu’«en transformant les entreprises en organes du gouvernement, le capitalisme d’État concentre le pouvoir et le corrompt».

L’ancien Premier ministre, Wen Jiabao, a déclaré il y a environ un an: «La réforme en Chine en est arrivée à un stade critique. Sans le succès d’une réforme du système politique, il est impossible pour nous de mettre en place entièrement une réforme structurelle économique. Les gains que nous avons faits ... peuvent être perdus, les nouveaux problèmes qui ont surgi dans la société chinoise ne peuvent pas être fondamentalement résolus et une telle tragédie historique comme la révolution culturelle pourrait se reproduire».

Les gouvernements, les investisseurs et les entreprises, chez nous et à l’étranger, devraient examiner pourquoi ils soutiennent la violation de tant de valeurs universelles dans le but d’accroître le commerce et les investissements avec la Chine. Pendant des années, c’est l’externalisation des emplois nationaux vers la Chine qui en a été le principal résultat et une augmentation continue de nos déficits commerciaux bilatéraux. Sommes-nous, nous autres, si obsédés par l’accès aux biens de consommation bon marché que nous ignorions les coûts humains, sociaux et environnementaux qu’il faut pour les produire et que paient de nombreux ressortissants chinois?


Mi-janvier 2013, Wal-Mart s’est engagé à embaucher plus de 100.000 vétérans américains et à renforcer son approvisionnement auprès des fournisseurs nationaux. Le détaillant a annoncé un plan en trois volets pour aider à relancer l’économie américaine, ce qui comprend des dépenses de 50 milliards de dollars ( 37.35 milliards d’euros) pour acheter davantage de biens fabriqués en Amérique au cours des dix prochaines années et aider ses travailleurs à temps partiel à se mobiliser vers des postes à temps plein. Qu’en serait-il si les entreprises du Canada et de Hong Kong reconnaissaient de nouveau que les Canadiens usant de bonnes pratiques de fabrication et d’autres emplois sont leurs meilleurs consommateurs?

Peter Navarro, professeur à l’Université de Californie détenant un doctorat en économie, montre de façon convaincante que les marchés de consommation du monde entier ont été «conquis» par la Chine, essentiellement par la tricherie. Navarro offre quelques propositions afin que le commerce devienne équitable.


Selon lui, tous les pays devraient précisément:

• définir la manipulation de la monnaie comme des subsides illégaux à l’exportation et les ajouter à d’autres subventions dans le calcul des pénalités antidumping et des droits compensateurs,

• respecter la propriété intellectuelle; adopter et appliquer la santé, la sécurité et les réglementations environnementales conformes aux normes internationales,

• interdire efficacement l’utilisation du travail forcé, non pas seulement sur le papier comme c’est le cas aujourd’hui, et offrir des salaires et des conditions de travail décents pour tous,

• appliquer les dispositions en matière de protection de l’environnement naturel dans tous les accords commerciaux bilatéraux et multilatéraux afin de renverser la «course vers le bas de l’environnement» en Chine et ailleurs.

Le prix Nobel d’Économie, Paul Krugman, a prédit que le refus persistant de Pékin de laisser flotter sa monnaie entraînera, dans un monde aux prises avec la surcapacité, des représailles. Il ajoute qu’en ayant déplacé la production et les emplois des autres nations au profit de ses propres produits fabriqués à bas salaires, la Chine est sans doute la principale coupable dans ce qui retient la reprise robuste de l’économie mondiale.

Conclusion

Le peuple chinois veut les mêmes choses que nous autres, le respect de tous, l’éducation, la protection, la sécurité, de bons emplois, l’État de droit, une gouvernance démocratique, responsable et un environnement naturel durable. Si le l’État-parti met fin à ses violations flagrantes et systématiques des droits de l’homme chez lui, particulièrement en ce qui concerne les pratiquants de Falun Gong, comme à l’étranger, commence à traiter ses partenaires commerciaux d’une manière transparente, équitable, le nouveau siècle peut apporter l’harmonie et la cohérence pour la Chine ainsi que pour l’ensemble du monde. La première étape pour une meilleure direction est de mettre fin au pillage d’organes maintenant.

Je vous remercie.

David Kilgour fut  membre du Parlement du Canada de 1979 à 2006, et a également servi en tant que secrétaire d’État (Asie-Pacifique) en 2002 et 2003. Pour plus d’informations, rendez-vous sur www.david-kilgour.com

Version en anglais: Holding Beijing to Universal Values

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