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La maison du pêcheur

Remonter aux origines à bord d’une œuvre d’envergure

Écrit par Mathieu Côté-Desjardins, Epoch Times
18.09.2013
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  • La maison du pêcheur à Percé a attiré son lot de journalistes.(Films Séville)

Les origines de la Crise d’Octobre semblent intéresser plus d’un producteur et réalisateur québécois pendant les temps qui courent. De son côté, le réalisateur de Laurentie, Mathieu Denis, a tout juste commencé le tournage de Corbo, une fiction chevauchant les évènements impliquant le Front de libération du Québec, qui mettra en vedette l’acteur Anthony Therrien, vu récemment dans Le Torrent. Cette fin de semaine, nous avons droit à la sortie en salle du remarquable film, La maison du pêcheur d’Alain Chartrand (Un homme de parole, Chartrand et Simone).

Fils d’un pêcheur gaspésien, Bernard (Mikhail Ahooja) se retrouve à Percé pour trouver du travail et pour se rapprocher de son amoureuse (Geneviève Boivin-Roussy). Entre-temps, il fait la connaissance d’un trio montréalais se trouvant à la maison du pêcheur qui l’amènera à revoir sa vision du monde. Le groupe qu’intégrera Bernard, deviendra l’un des principaux acteurs de la Crise d’Octobre de 1970.

La Gaspésie est à l’honneur dans La maison du pêcheur, autant par sa beauté que par la transparence de ses carences, carences encore bien présentes aujourd’hui, mais sous différents visages. Le noir et blanc (bleu) donne un filtre intéressant au film. Évidemment, les messages contenus dans le film peuvent difficilement être considérés comme objectifs (il est à noter qu’Alain Chartrand est le fils du célèbre syndicaliste Michel Chartrand. Le film est aussi dédié de toute évidence à son père). On sent donc une fibre dénonciatrice, mais en même temps, on y retrouve une certaine retenue, ce qui empêche le tout de basculer. Chartrand a pris le soin d’inclure dans son long métrage, le certain brouillard et les paradoxes présents dans l’esprit des jeunes concernant la justice sociale, le communisme, le pacifisme, etc.

Vincent-Guillaume Otis (Babine, Gabrielle, Le déserteur) a été un choix de premier ordre pour le rôle de Paul Rose. Particulièrement posé et terre-à-terre, il livre une performance très solide, sans déroger du long fleuve tranquille qu’il fait couler en lui.

Mikhaïl Ahooja (Tacktik, Trauma IV) incarne Bernard Lortie à merveille. Alain Chartrand lui a confié un gros morceau de l’intensité dramatique. Il a véritablement relevé et honoré le défi, tout en pavant sa carrière au cinéma québécois d’une performance à souligner. On l’attend sous peu, entre autres, dans Les Jeunes Loups des réalisateurs Jean-Claude Lord et Éric Canuel.

Geneviève Boivin-Roussy (Sarah préfère la course, La Run) montre une nouvelle fois qu’elle est aussi une grande pointure, autant à la télévision (Toute la vérité, O') qu’au grand écran. On la retrouvera prochainement dans le prochain film de Denis Côté, 2 Nuits.

On ne peut s’empêcher de sourire en voyant Luc Picard, non pas pour sa courte moustache (peut-être un peu), mais du fait qu’il joue un propriétaire de camping désespéré, une sorte d’ennemi des jeunes «crottés» de la maison du pêcheur, alors que tout le monde le connaît comme un invétéré indépendantiste. Tout comme Raymond Bouchard qui fait le maire Roland Bujold, les deux acteurs vétérans donnent une belle performance de personnages basiques.

  • Le chanteur et acteur Kevin Parent joue Gabriel Boudreau, un sage pêcheur d’une rare gentillesse.(Films Séville)

C’est apprécié de retrouver Benoît Langlais (Souvenirs intimes, Deux frères), qui donne un jeu crédible et sans surprise, lui qu’on voit davantage dans l’univers théâtral et télévisuel que dans celui du 7e art. Le réalisateur et scénariste Alain Chartrand (Jacques Bérubé et Mario Bolduc ont aussi travaillé au scénario) a proposé un beau rôle tempéré et sage de pêcheur à Kevin Parent (Café de Flore), rôle qu’il habite vraiment bien.

Le réalisateur a pu utiliser l’occasion de son film pour faire sortir davantage certains acteurs que l’on voit peu ou rarement, au plus grand plaisir de certains qui apprécieront la variété et la distribution de la richesse du talent québécois, tout en faisant accroître la crédibilité de la fiction tirée d’une histoire vraie.

La contribution de la musique de Michel Cusson (Omertà, Omertà II, Aurore, Odysso, Cavalia, Bunker le cirque, Maurice Richard, entre autres) est majeure et inextricable de la puissance de l’œuvre d’Alain Chartrand. Aussitôt que le drame se pointe, Cusson dégaine sa créativité musicale pour doubler la tension prévue au scénario. Je dirais même plus : il arrive à créer un sentiment de fébrilité, d’excitation pour l’action qui n’est pas encore sous nos yeux. Cela est décuplé chez ceux qui connaissent au minimum les grandes lignes de cette tranche d’histoire du Québec.

Chose certaine, le film est un rappel historique incontournable, une des rares productions québécoises à prendre l’affiche cette année, tout en prouvant les forces du cinéma d’ici. Il a le pouvoir de revigorer les idéalistes et fonceurs de ce monde, sans les endoctriner ou les inciter à la violence. La maison du pêcheur redonne aussi le goût de replonger dans notre histoire nationale, ne serait-ce que pour comprendre le flou qu’il y a encore autour des circonstances de la mort du ministre Pierre Laporte, qui a été enlevé et qui est décédé à l’apogée du conflit impliquant le FLQ.

 

 

 

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