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Le château d’eau de l’Asie en danger

L’histoire cachée de l’exploitation par la Chine des terres et des eaux du Tibet

Écrit par Maura Moynihan
20.09.2013
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  • (Diana Hubert-Benedetti/Epoch Times)

Lorsque Hu Jintao a atterri à New Delhi en Inde le 28 mars 2012 pour le Sommet des BRICS, il ne savait pas qu’il s’était avancé sur un terrain bien peu familier. Une démocratie, une presse libre et un événement qui avait marqué l’opinion publique. Un réfugié tibétain de 27 ans, Jamphel Yeshi, s’était rendit à pied à une protestation publique devant le sommet et avait arrosé son corps de kérosène pour s’immoler tout en criant d’arrêter les atrocités chinoises au Tibet. Les fulgurantes images en provenance d’Inde du corps de Jamphel Yeshi se consumant dévoilèrent au monde le coût du règne de terreur de la Chine au Tibet, lequel tente bien d’être dissimulé depuis plusieurs années.

Depuis le 16 mars 2011, 121 personnes à l’intérieur du Tibet et 6 à l’extérieur se sont immolées en public pour défier la politique communiste chinoise contre leur foi bouddhiste. Mais il n’y a ni journalistes ni diplomates pour être témoins de la répression, seulement quelques vidéos qui arrivent sur l’Internet. Il y a une autre source importante pour expliquer l’explosion de l’indignation tibétaine ne recevant qu’une couverture négligeable sur le plan international: l’histoire cachée du vol et du pillage par la Chine des terres et des eaux ancestrales du Tibet.

L’importance géographique du Tibet en Asie

Dans le folklore asiatique, le Tibet est connu sous le nom de «La Maison aux Trésors de l’Ouest». Son peuple s’est montré un gardien attentif de ce terrain d’abondance depuis des millénaires. La bénédiction particulière du Tibet, son plateau isolé, est maintenant sa malédiction: la Chine contrôle le «Troisième Pôle» (nom donné pour désigner le plateau Tibétain) d’une poigne de fer, et il n’y a personne pour la stopper.

  • Le 29 Mars 2012, des exilés tibétains portent le cercueil contenant le corps de Jamphel Yeshi, qui s’immola le 26 Mars pour protester contre l’occupation chinoise du Tibet. L’exploitation par le régime chinois de l’environnement du Tibet, que les Tibétains se sentent un devoir particulier de protéger, fait partie des doléances des Tibétains (STRDEL/AFP/Getty Images)

Les faits de base concernant le Tibet ne sont pas bien connus globalement, et pourtant n’importe quelle carte du plateau Tibétain révèle l’énorme avantage en ressources et l’avantage stratégique gagné par son annexe. Le Tibet est une entité géomorphologique unique; ses 46.000 glaciers comprennent la troisième masse glaciaire de la Terre par la taille. Ce «Troisième Pôle», rempli de richesses intouchées en vie animale sauvage, minéraux, bois d’exploitation, et par-dessus tout, eau, est un composant vital de l’écosystème de la planète. Le Tibet abrite les sources du Yangtze, du Fleuve Jaune, de l’Indus, du Brahmapoutre, des rivières Chenab, Sutlej, Salouen, et Mékong, lequel traverse onze nations, nourrissant 3 milliards de gens de Peshawar au nord du Pakistan jusqu’à Pékin. Aujourd’hui, toutes les grandes rivières d’Asie sauf une – le Gange, qui se forme à partir du plateau tibétain mais à l’extérieur de la frontière chinoise – sont contrôlées aux sources tibétaines par le Parti Communiste Chinois.

En 2000, la Chine lançait un vaste projet de développement intitulé Xi bu dai fa, Ouverture et Développement des Régions de l’Ouest (la région du Xinjiang et le Tibet représentent ensemble la moitié de la masse terrienne de la Chine). Ceci fut promptement suivi d’un afflux massif de colons chinois, d’urbanisation, et d’une relocation forcée des nomades. La voie ferrée Xizang, qui a été inaugurée en 2006, transporte les vastes réserves du Tibet en minéraux, pierre et bois jusqu’au territoire métropolitain et amène des flots de techniciens et de travailleurs manuels qui ont construit au moins 160 hydro barrages électriques sur l’ensemble du Tibet et qui envisagent encore des centaines de plus. Les techniciens chinois font actuellement fonctionner de multiples barrages et mines dans tout le Tibet, polluant les rivières à leur source sans restriction environnementale, on peut voir tout ceci sur Google Earth. En réponse à cela le gouvernement chinois balaie les préoccupations de ses propres scientifiques et ceux des États voisins alarmés par un brusque déclin des niveaux d’eau et de pêcheries.

Le discours de la main mise

Pour revenir en arrière dans les années 1990, la Chine refusa de signer le traité des Nations Unies sur les rivières transfrontalières et a accéléré la militarisation du Plateau Tibétain, tout en refusant aux journalistes et aux observateurs internationaux l’accès à la région. L’auteur Michael Buckley, qui captura une rare séquence de la construction d’un barrage dans son film Effondrement au Tibet, observe: « La Chine n’a pas à écouter qui que ce soit sur ce point. La Chine possède le Tibet, donc la Chine a en main toutes les cartes». (Pour les vidéos et archives de Mr Buckley visitez www.meltdownintibet.com)

Quand on a posé récemment la question de la crise au Tibet aux médias officiels chinois, ils ont déclaré à l’unisson: «Le dalaï-lama nous rappellent les nazis cruels et sans contrôle durant la Seconde Guerre Mondiale. Quelle similarité avec l’Holocauste commis par Hitler sur les Juifs!». Plus d’un diplomate et d’un journaliste sont rendus perplexes par la diabolisation obsessionnelle par la Chine du dalaï-lama, lauréat du Prix Nobel de la Paix 1989, mais la propagande stalinienne du Politburo fonctionne, en réussissant à instaurant la peur dans l’esprit des masses. Elle étouffe dans l’œuf toute discussion rationnelle de l’exploitation par la Chine des ressources du Tibet, et détourne l’attention sur la manière dont les mines et barrages chinois créent une catastrophe environnementale imminente sur le continent le plus peuplé du monde.

  • Des Tibétains exilés tenant des bougies à côté d’un petit enfant, alors qu’ils participent à une veillée aux bougies à Calcutta le 27 March 2012, en l’honneur du Tibétain Jamphel Yeshi, qui s’est immolé le 26 Mars à New Delhi, à l’occasion de la visite dans cette ville du chef du régime chinois Hu Jintao. Depuis le 16 Mars 2011, ce sont 121 Tibétains à l’intérieur du Tibet qui se sont immolés, et six à l’extérieur du Tibet ont fait de même. (Dibyangshu Sarkar/AFP/Getty Images)

Un défi planétaire de taille

La préservation et la gestion des glaciers du Tibet et des rivières qu’ils alimentent sont parmi les plus grands défis auxquels se trouve confrontée l’humanité du XXIe siècle. Dans les onze pays que traversent les eaux du Tibet, il est prévu que la croissance de la population et le développement industriel doublent dans les cinquante ans.

Les effets combinés d’un développement rapide, de la désertification et d’une raréfaction de l’eau ont déjà créé des cycles extrêmes de sécheresses et d’inondations, de disettes et de pandémies. Le territoire chinois métropolitain est dans une situation si périlleuse qu’en avril 2011, les flots de la Rivière Yangtze  étaient au niveau le plus bas jamais enregistré.

Pourtant, malgré l’évidence irréfutable des dangers que représentent le fait de surexploiter les ressources aquifères du Tibet, le gouvernement chinois refuse de modifier ou de réduire les plans de barrages, tunnels, voies ferrées et grandes routes tout au long du plateau tibétain.

  • Un homme originaire de la Province du Sichuan pêche dans le fleuve Brahmapoutre, au croisement du Pont Ferroviaire de Caihong le long de la voie ferroviaire Qinghai-Tibet, près de la Gare de Lhassa au Tibet, le 18 décembre 2008. (China Photos/Getty Images)

Depuis l’envahissement du Tibet par le Président Mao en 1951, la Chine a déployé une infrastructure militaire énorme sur l’ensemble du Plateau Tibétain, qui lui donne une frontière continue avec la Thaïlande, la Birmanie, le Bhoutan, l’Inde, le Népal, et le Pakistan. Les zones frontalières sont maintenant truffées d’aérodromes militaires et de bataillons de Armée de Libération du Peuple. Dans l’ère prochaine de «la guerre de l’eau», la Chine aura la main fermement mise sur le château d’eau de l’Asie.

La Chine insiste ainsi sur le fait que le Tibet est une affaire intérieure de l’État ». Pendant des décennies, le monde s’est détourné dans un silence inconfortable tandis que se poursuit, sans frein ni pénalité, le massacre d’une population civile sans recours. Le Parti Communiste Chinois depuis 61 ans contrôle la narration, mais ignorer le Tibet c’est méconnaître la manière dont l’occupation chinoise intensifie l’instabilité environnementale, économique et militaire en Asie et dans le monde.

Tsetan, un journaliste tibétain basé à Delhi, a déclaré: «Pendant des années, nous avons protesté contre la profanation de notre culture, la mise en joug de nos rivières, et l’exploitation minière de nos montagnes sacrées, mais la Chine ne veut rien entendre: on nous tire dessus, on nous torture, et il ne se trouve personne pour les arrêter. Maintenant les gens à l’intérieur du Tibet se voient poussés à faire un autodafé de leurs corps pour amener le monde à comprendre ce que la Chine est en train de faire au Tibet, et le monde ferait bien de se réveiller avant qu’il soit trop tard».

 

Maura Moynihan est une journaliste et enquêtrice qui a travaillé de nombreuses années avec des réfugiés tibétains en Inde et au Népal. Ses ouvrages de fiction incluent Hôtel Yoga et Kaliyuga.

Cet article a été publié en premier par Rangzen Alliance (rangzen.net).

Version en anglais: Asia’s Water Tower at Risk

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