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Le Nord Pas-de-Calais se prépare à la «troisième révolution industrielle»

Avec le Master Plan sur la transition énergétique, le Nord Pas-de-Calais prend de l’avance sur les autres régions françaises

Écrit par Charles Callewaert, Epoch Times
20.09.2013
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  • L’économiste américain Jeremy Rifkin, auteur du livre La troisième révolution industrielle, au Forum mondial à Lille en novembre 2012. (Philippe Huguen/AFP/Getty Images)

Le Nord Pas-de-Calais, à la fois vieux poumon industriel français et région de 4 millions de personnes avec un taux de chômage très important, est à la recherche d’un nouveau souffle économique et mise sur La troisième révolution industrielle prônée par Jeremy Rifkin, économiste américain, pour le trouver.

Pour Philippe Vasseur, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, il s’agit d’une démarche de long terme. «L’objectif est de créer de la croissance et de l’emploi. Notre taux de chômage est à 13%, on peut rêver de le ramener à 8%», a-t-il déclaré au lancement du projet. Par ailleurs, la géographie de la région ne permettant pas d’édifier de barrages, le Nord Pas-de-Calais reste cantonné à 2% d’énergie renouvelable, ce qui est très loin de la moyenne française à 17,7%. Comme l’a rappelé Daniel Percheron, le président de région: «Aujourd’hui, entre la centrale nucléaire de Gravelines, qui est la plus grande de France, et la raffinerie Total à Dunkerque, notre politique énergétique nous échappe complètement».

La Région et la Chambre de Commerce et d’Industrie du Nord Pas-de-Calais ont donc confié fin 2012, au célèbre Jeremy Rifkin le soin d’élaborer sous 9 mois un «Master Plan», avec pour objectif de faire un état des lieux des atouts et handicaps de la région et de proposer les lignes directrices d’un nouveau développement économique.

L’ère du pétrole bon marché est terminée

Jeremy Rifkin n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’il a déjà élaboré les master plans des villes de San Antonio (États-Unis), Rome (Italie), Utrecht (Pays-Bas) et de la principauté de Monaco. Il conseilla également Angela Merkel dans sa prise de décision pour la transition énergétique en Allemagne. Enfin, il a aidé les membres de la Commission européenne lors de l’adoption de la directive «Climat-Énergie», qui fixe pour chaque pays européen d’ici à 2020 des objectifs de diminution de 20% des émissions de gaz à effet de serre, 20% d’économies d’énergie, et 20% d’énergies renouvelables.

Le concept de «troisième révolution énergétique» est exposé en détail dans le livre éponyme de Jeremy Rifkin (paru en français en 2012 aux éditions  Les liens qui libèrent). Selon l’auteur, les deux premières révolutions industrielles se sont produites grâce à la convergence d’une source d’énergie abondante, donc bon marché, avec de nouveaux moyens de communication, en l’occurrence le charbon avec le train pour la première, puis le pétrole associé à la voiture lors de la seconde.

Or, avec le changement climatique, l’accroissement démographique et l’épuisement des réserves d’énergie fossiles à bon marché, on assiste en ce moment au déclin de l’ère du pétrole, puis bientôt de celle du gaz, avec preuve la hausse continue du prix du baril de pétrole depuis dix ans, qui est monté de 26 dollars en 2003 à 110 dollars aujourd’hui en passant par un pic à 141,7 dollars le 1er juillet 2008. En désaccord avec les explications officielles, il affirme également que la crise financière qui a secoué Wall Street, puis le monde entier à l’automne 2008, n’a pas pour seule origine celle de l’immobilier et des crédits  subprimes, mais qu’elle est tout autant la conséquence de la crise énergétique et de la hausse du pétrole qui l’ont précédée.

Les cinq piliers de la «troisième révolution industrielle»

La vision de Jeremy Rifkin est la suivante: en faisant converger les énergies renouvelables qui n’émettent aucun gaz à effet de serre, telles que l’éolien, le solaire, la géothermie ou la biomasse, avec les technologies liées à internet, le monde peut se lancer vers une troisième révolution industrielle. Les énergies renouvelables sont en effet en abondance sur terre: par exemple, une étude publiée en 2007 dans Scientific American estime qu’il «suffit de convertir 2,5% du rayonnement solaire qui touche le sud-ouest des États-Unis pour produire l’équivalent de la consommation totale d’électricité du pays». De même, une autre étude menée à l’université de Stanford a conclu «qu’en exploitant 20% du vent disponible sur la planète, on produirait 7 fois plus d’électricité que le monde n’en a besoin aujourd’hui».

Cette énergie inépuisable et propre pose problème à cause de son absence de régularité et une répartition très diffuse, mais les solutions existent ou sont en voie de développement. Les nouvelles technologies liées à l’hydrogène, en particulier sous forme de piles à combustible, permettront non seulement de s’affranchir des problèmes de stockage d’électricité, mais également de rendre plus autonomes les véhicules électriques qui se substitueront à ceux équipés de moteur à combustion. Quant au caractère diffus des énergies renouvelables, il devient un atout si l’on équipe le parc immobilier de sorte que chaque immeuble ou zone urbaine devienne une mini-centrale électrique, capable de produire son énergie de façon autonome et d’échanger son surplus sur le réseau.

C’est là qu’interviennent internet et les smart-grids, ces nouveaux moyens de communication et de régulation indispensables à la gestion d’un réseau devenu très complexe. En effet, les flux électriques n’iront plus comme actuellement dans un seul sens, c’est-à-dire de la centrale électrique vers les consommateurs, mais dans les deux sens puisque chacun pourra produire et stocker son électricité, mais aussi en acheter ou en vendre.

Le Nord Pas-de-Calais espère peser dans le débat national sur la transition énergétique

La mise en œuvre de cette transition énergétique ne peut se faire sans une réorientation de l’économie vers un monde sans carbone. Elle touche en particulier les secteurs de l’énergie, de l’informatique, de la communication, du bâtiment, de l’automobile, sans oublier celui de la recherche. Il s’agit d’un changement de paradigme énergétique, qui suppose au préalable l’adhésion des décideurs et de la population autour d’un projet commun.

Le Master Plan du Nord Pas-de-Calais est original pour plusieurs raisons: il s’agit du premier élaboré à l’échelle d’une région, alors que les précédents ne dépassaient pas celle de la ville. Par ailleurs, en plus des cinq groupes de travail sur les 5 piliers chers à Jeremy Rifkin, deux autres ont été ajoutés : un sur l’économie circulaire qui aborde la question du recyclage des matières premières, et l’autre sur l’économie de la fonctionnalité qui traite de la location et de la vente de services en priorité sur celle des seuls produits.

Un point d’étape de la feuille de route de la région du Nord Pas-de-Calais s’est tenu le 15 mai dernier. Quant au rapport final, il sera remis le 25 octobre prochain à l’occasion de la 7e  édition du World Forum à Lille, c’est-à-dire au moment où le projet de loi sur la transition énergétique sera débattu à l’Assemblée Nationale. Avec ce Master Plan, le Nord Pas-de-Calais entend prendre de l’avance sur les autres régions françaises et peser sur le débat national en cours.

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