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OPINION

Point de vue d'un poète sur les bombardements en Syrie

Écrit par Evan Mantyk
22.09.2013
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  • Gravure de l’enfant Astyanax lancé par-dessus les murs de Troie, sous le regard de sa mère Andromaque. (Image du domaine public/Wikimedia Commons)

L'incitation à la courtoisie en période de guerre est noble et louable. Dans un poème épique écrit il y a plus de 2500 ans, même Homère relate une guerre de Troie où les deux armées belligérantes cessaient les hostilités pour permettre aux deux camps de réclamer leurs morts. Laisser les morts sans sépulture aurait été une transgression de la morale.

Cela dit, une fois que les Grecs ont eu conquis Troie, jeter les bébés troyens du haut des murailles est devenu pratique courante. Nous en sommes alors réduits à supposer que la moralité en temps de guerre n'est qu'une question de point de vue.

Il en est de même au sujet de l'appel du président Obama à bombarder la Syrie pour avoir utilisé des armes chimiques, noble cause, certes, mais qui n'en reste pas moins une question de point de vue.

J'aime les valeurs traditionnelles. Donc, si le chef des armées américaines donne l'ordre de bombarder ou de partir en guerre, je ne vois alors pas beaucoup l'intérêt de faire autre chose ou de ronchonner. Cependant, le président s’est embourbé dans les territoires visqueux et capricieux de l'opinion publique, peut-être parce qu'il lui doit beaucoup. Ainsi, nous voici avec une question de point de vue : pourquoi le public ne ressent-il pas l'urgence et la noblesse de bombarder un lointain pays appelé la Syrie, qui a fait de mauvaises choses avec de mauvaises armes?

Pour cela, je vous propose un récit : imaginez que la Syrie ait un voisin. Appelons-le la Tyrie. La Tyrie a de bonnes relations avec les États-Unis. Le libre-échange et peu de restrictions sont de mise. Nous achetons leurs produits, ils achètent les nôtres. Tout est parfait.

Mais la Tyrie, s'avère-t-il, est un peu comme son voisin la Syrie. Elle n'est pas vraiment démocratique et écrase les plus vigoureux défenseurs de la démocratie. La Tyrie n’utilise pas d’armes chimiques, mais pratique fréquemment le harcèlement, la torture, ou le bon vieil assassinat. Aussi, contrairement à la Syrie, la Tyrie torture et tue souvent des gens pour leurs croyances religieuses. La Tyrie a également confessé qu’elle kidnappait les gens, volait leurs organes et les vendait au prix fort sur le marché international.

À présent, si le président Obama regarde l'Américain Lambda dans les yeux et lui annonce que bombarder la Syrie est la meilleure chose à faire, Lambda pourra être un peu perplexe. «Ai-je raté quelque chose ou est-ce que ce gars est un escroc?» pourrait-il s’interroger. «Ne pourrait-on pas s'entendre avec la Syrie comme nous le faisons avec la Tyrie?»

Comme vous l'aurez deviné, la Tyrie est une allégorie pour la Chine, et le tyrannique et sanguinaire Parti communiste qui a la main mise sur ce pays depuis 1949. Notre étroite relation économique avec la Chine sape la position morale élevée du gouvernement américain et ronge l'intégrité de nos principes fondateurs.

Cette tyrannie est beaucoup plus proche de nous que la Syrie, il suffit de regarder vos jouets, vos chemises et vos ordinateurs «Made in China». Mon conseil au président Obama : En tant que leader du monde libre, faites votre devoir avec la Syrie. Cependant, rappelez-vous des responsabilités, aussi inconfortables soient-elles, que ce titre implique. Et si l'Américain Lambda crie au scandale et vous demande : «Dites, me prenez-vous pour un gogo?», alors c'est probablement parce que votre iPod et son iPod sont fabriqués dans un État encore beaucoup plus tyrannique.

Evan Mantyk est professeur d'anglais à New York et président de la Société des poètes classiques.

Version originale : A Poet’s Perspective on Bombing Syria

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