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Charles Taylor perd son appel et est condamné à 50 ans de prison

Écrit par Chris Jasurek, Epoch Times
01.10.2013
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  • L'ex-président du Libéria, Charles Taylor, a perdu son appel et a été condamné à 50 ans de prison le 26 septembre 2013. (Koen van Weel/AFP/Getty Images)

LEIDSCHENDAM, Pays-Bas – Plus d'une décennie après que Charles Taylor a aidé des rebelles à saccager et massacrer en Sierra Leone, il a été définitivement condamné à 50 ans d'emprisonnement le 26 septembre. Cette décision a offert aux victimes une forme de rédemption et a souligné à quel point il est difficile pour les tribunaux internationaux de traduire en justice les dirigeants du monde.

La chambre des appels du Tribunal spécial pour la Sierra Leone a maintenu la condamnation de l'ex-président du Libéria sur 11 chefs de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, y compris terrorisme, meurtre, viol et utilisation d'enfants-soldats.

Taylor est le premier ex-chef d'État à être condamné par un tribunal international sur des crimes de guerre depuis la Seconde Guerre mondiale. La confirmation du verdict le 26 septembre a été accueillie comme le début d'une nouvelle ère d'obligation de rendre des comptes pour les chefs d'État.

«La condamnation de Taylor envoie le message puissant que les dirigeants peuvent être tenus pour responsables pour les crimes les plus graves», a déclaré Elise Keppler de Human Rights Watch.

Stephen Rapp, le responsable du dossier des crimes de guerre au département d'État américain et l'ex-procureur du Tribunal pour la Sierra Leone, a déclaré que la décision «envoie un message clair au monde entier : quand vous commettez des crimes de la sorte, le jour du jugement viendra, même si ce n'est pas du jour au lendemain».

Toutefois, la décision semble avoir généré une jurisprudence contradictoire à deux tribunaux internationaux ailleurs à La Haye sur la question de l'appui de hauts dirigeants à une faction dans une guerre civile dans un autre pays. Cette question est d'actualité alors que la guerre civile fait rage en Syrie et que les factions sont appuyées par des pays étrangers.

La chambre des appels pour la Sierra Leone a rejeté une décision controversée de février dernier du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, qui indiquait que pour prouver qu'un dirigeant a aidé ou encouragé un crime, l'aide doit être spécifiquement apportée pour commettre le crime. Dans ce cas, l'ex-chef d'état-major de l'armée yougoslave a été acquitté d'avoir aidé et encouragé les atrocités commises par les forces des Serbes de Bosnie bien qu'il leur avait envoyé des armes et autres provisions.

L'affaire Taylor semble avoir créé un retour du balancier en faveur d'un fardeau de la preuve moins important pour les procureurs.

Ses avocats se sont plaints que les deux jugements ont créé une «jurisprudence complètement chaotique» aux tribunaux internationaux.

Si Taylor avait été poursuivi par le tribunal sur l'ex-Yougoslavie, «J'ose dire que le résultat aurait été différent, et cet autre palais de justice est à moins de 10 km de celui-ci», a déclaré Morris Anyah, avocat de Taylor.

Toutefois, l'expert en droit international Michael Scharf, de l'Université Case Western Reserve à Cleveland, Ohio, a déclaré que la décision du 26 septembre avait «donné un coup de barre dans la bonne direction» après que le tribunal sur l'ex-Yougoslavie avait rendu beaucoup plus difficile la poursuite de dirigeants qui viennent en aide à des groupes rebelles.

M. Anyah s'est également plaint que son client avait été poursuivi parce qu'il n'avait pas le soutien d'amis puissants, en référence à la Syrie.

«Si ce n'était de deux puissants pays, deux membres du Conseil de sécurité – la Russie et la Chine – Bachar Al-Assad aurait été accusé et condamné par la Cour pénale internationale. Ça ne s'explique pas seulement par des raisons politiques», a-t-il ajouté. «Si Charles Taylor avait des amis au sein des cinq membres permanents du Conseil de sécurité […] j'ose dire que ce cas n'aurait pas été autant propulsé.»

Étant donné que la Syrie n'est pas membre de la Cour pénale internationale (CPI), seule une demande du Conseil de sécurité de l'ONU à la CPI d'enquêter pourrait lui accorder la juridiction.

Vêtu d'un complet noir et d'une cravate dorée, Taylor a démontré peu d'émotion lorsque le juge président, George Gelaga King, a annoncé le verdict unanime du panel de six juges.

M. Anyah a dit que son client était amèrement déçu par la décision qui le verra probablement passer le restant de sa vie derrière les barreaux, mais il est «demeuré stoïque et calme».

Il n'est pas encore clair où il purgera sa peine. La Grande-Bretagne a offert de l'accueillir, mais le tribunal a également des ententes avec la Finlande, la Suède et le Rwanda pour accueillir des prisonniers.

Le tribunal a déterminé que Charles Taylor avait fourni une aide essentielle aux rebelles en Sierra Leone durant la guerre civile de 11 ans dans ce pays, causant la mort d'environ 50 000 personnes avant sa fin en 2002.

Des milliers d'autres sont restés mutilés par un conflit reconnu pour son extrême cruauté, alors que les groupes rebelles rivaux tranchaient les membres de leurs victimes et gravaient leurs initiales dans leurs adversaires. Les rebelles ont inventé des termes sordides pour les mutilations, offrant à leurs victimes le choix de «manches courtes» ou «manches longues», soit avoir leurs mains tranchées ou leurs bras en haut du coude.

En Sierra Leone, Edward Conteh, qui a perdu une partie de son bras gauche lorsque des rebelles l'ont tranché avec une hache, s'est dit réjoui de la condamnation de Charles Taylor.

«L'impunité doit cesser en Afrique, alors la décision me rend très heureux», a-t-il mentionné à l'Associated Press. «À 65 ans, je ne sais pas s'il sera en mesure à nouveau de respirer l'air libre que je respire.»

M. Conteh, qui aujourd'hui est à la tête d'une organisation venant en aide aux amputés de guerre, a dit que la peine de Taylor ferme un chapitre, mais qu'il y a encore environ 2000 personnes qui vivent avec des amputations ou d'autres blessures graves encourues durant la guerre. Beaucoup vivent dans l'extrême pauvreté avec presque rien pour soutenir leurs familles.

Toutefois, les partisans de Taylor au Libéria demeurent toujours fidèles à l'ex-seigneur de guerre ayant été par la suite élu démocratiquement à la présidence du pays.

«Nous sommes ici. Nous serons toujours ici et nous serons toujours loyaux à M. Taylor, peu importe ce que pense la communauté internationale», affirme Henry Brown, chargé du palais de Taylor dans la municipalité de Congotown de la capitale Monrovia.

Le beau-frère de Taylor, Arthur Saye, a dit ne pas être surpris du verdict.

«Depuis le tout premier jour, ma position est que le procès de M. Taylor a été orchestré par les puissances occidentales», a-t-il déclaré à l'Associated Press. «C'est un complot international.»

Version originale : 50-Year Sentence of War Criminal Charles Taylor Upheld

 

 

 

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